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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


-- Nouvelle rubrique : nos étudiants en stage en Russie et Europe orientale nous écrivent et nous font part de leurs aventures et de leurs états d'âme.


— 2007-2008 Stéphanie DUBOSSON

Les services

 

Un des aspects caractéristiques de l’avancée économique d’un pays est le niveau de développement du secteur des services. On l’appelle secteur tertiaire, bien que parfois on utilise l’expression de secteur quaternaire.

Je concède, la terminologie habituelle de la géographie humaine peut être un peu rébarbative, c’est pourquoi, je vais exemplifier le tout. Et d’ailleurs, si je ne m’exprime pas avec des concepts obscurs, il n’y a plus de suspens !! Prenons donc pour premier exemple la Suisse. Ce pays montagneux est qualifié de pays industrialisé ou même post-industrialisé. Il a donc vécu plusieurs industrialisations (je vous épargne les détails), puis, le développement de son économie s’est basée sur les services : secteur tertiaire. On entend généralement par secteur des services ce qui concerne les magasins, la réalisation de biens immatériels. Le secteur secondaire est d’ailleurs celui de l’industrie généralement et le secteur primaire celui de l’agriculture. Tous les biens produits par ces secteurs font parties de l’économie et donne à l’individu ce qu’il recherche via la monnaie qui lui permet d’acquérir soit un bien du secteur primaire, etc. Bref, je me replonge dans des explications obscures. Pour revenir à la Suisse, on dit d’elle qu’elle possède aussi un secteur quaternaire très performant (services complexes : banques, assurances, notamment). C’est donc un pays qui possède une économie très avancée.

A présent la Russie. Le secteur des services est-il développé ? Et à quel point ? Rien de mieux que l’expérience !! Pour ce qui est de l’industrie, tout le monde sait qu’elle est très active (extraction minière, surtout). Pour ce qui est des services, je dirai qu’au niveau des magasins, la sympathie des employées est tout à fait exemplaire !! Ici, on ne sourit pas, on est au travail et au travail on ne sourit pas. Mais est-ce que ça empêche d’être poli ? De faire son travail le mieux possible ?? Passons.

Tout ce qui concerne les services avancés, je doute que l’efficacité soit au rendez-vous, malheureusement. Prenons tout d’abord le téléphone. Heureusement, ça fonctionne. De toutes façons, à ce niveau, la terre entière est à présent équipée de ce moyen de communication, même pour ce qui est des téléphones mobiles. Rien de bien étrange donc. Mais quand il s’agit de contacter un numéro, en Russie, cela devient autre chose !

Essayez, par exemple, de rapporter au magasin votre bouilloire électrique qui s’est cassée. Vous êtes munis de l’engin pas plus vieux d’un mois, de la garantie (durée un an dès l’achat), du ticket de caisse, vous vous dirigez, avec confiance, au lieu présumé de retour. Vous présenter le tout à l’ « administrateur » qui vous répond avec la politesse du pays qu’il faut écrire à l’entreprise. Ah, et les enveloppes, vous en vendez pas dans votre magasin ?? Bon, ça vaut même pas la peine de téléphoner à l’entreprise, le numéro indiqué n’est plus valable.

C’était pareil quand j’avais voulu me renseigner pour pouvoir me rendre sur l’île de Kiji, située au nord de St Pétersbourg, dans une région qui s’appelle la Carélie. J’ai un peu surfé pour avoir une vue globale du coût des transports, de la durée et comment m’y rendre, surtout. Un site me donnait des numéros de téléphone, je les ai tous essayé, résultat : ce numéro a changé, à chaque fois. C’est étrange, tout de même, qu’un numéro ait changé, cela peut se concevoir mais que plusieurs… Bon, ce projet sera pour plus tard, donc. Une autre fois, j’ai voulu me renseigner pour des billets d’entrée pour une manifestation. Pas de réponses. Bon, le téléphone, c’est pas vraiment cela, autant s’y rendre directement et acheter les billets sur place. Il y a peu, j’ai voulu payer internet. Pour cela, pas de versement par l’e-banking, mais il existe des bornes situées un peu partout dans la ville. On paie soit son téléphone (mobile ou non), la télé, etc. et internet. Certaines sont spécifiques à certains opérateurs. C’était ce dont j’avais besoin. Mais grande maligne que je fus, je me suis trompée entre « ton internet » et la sélection de la compagnie qui s’occupe de mon branchement. J’ai donc été à l’uni pour leur demander ce que je devais faire, ils m’ont dit d’appeler à la compagnie à qui j’avais versé le montant. En gros, je m’étais trompée de destinataire. J’ai donc tenté l’affaire : première fois, après 15 min d’attente (veuillez rester en ligne), j’ai raccroché. La deuxième fois, j’ai appelé un autre service et on m’a redirigée vers le secteur des paiements : 30 min d’attente et alors le téléphone s’est éteint tout seul. J’ai donc décidé d’aller directement à la compagnie, avec mon reçu, pour régler le problème. Et j’ai réussi à le faire !! Ouf, j’ai pu récupérer mes 25 francs, mais pour cela il a fallu que je tente deux coups de fil, que par la suite, je me décide de me rendre directement auprès d’un des bureaux de l’entreprise, pour cela, il a fallu prendre le métro, faillir me faire voler à la caisse du métro (heureusement, mon sac à dos ne contenait pas d’affaires importantes), prendre le métro, marcher jusqu’au lieu du remboursement, me présenter, remplir une « заявление » (c'est ce qu'on remplit à chaque fois pour dire qu'on est pas content ou qu'on veut se faire rembourser, on peut traduire par « déclaration, requête »), de la paperasse, donc, attendre, donner mon passeport, attendre, et enfin me faire rembourser. 45min au guichet et ensuite retour. Au retour, je me suis un peu perdue, mais j’avais avec moi ma carte magique, alors je l’étudiais avec attention, c’est alors qu’un homme âgé a voulu m’indiqué le chemin et juste après lui, une dame de sa génération a pris les choses en main en préférant m’amener jusqu’au métro. Une chose à souligner ici, c’est que les russes, pour cela, ils sont vraiment sympas. Vous êtes perdus, ils vous indiquent le chemin. Ce service-là est vraiment efficace !! C’est même mieux que le service après-vente, car, en plus, ils vous font la conversation, vous racontent des histoires, vous indiquent des monuments et vous en font l’historique. Bref, c’était un moment vraiment agréable et toutes les mauvaises pensées s’envolent alors ! Parlons tout de même du bilan chiffré : 2h30 pour se faire rembourser. Heureusement que j’avais prévu large, car j’étais invitée par mes amies chinoises à déguster leur cuisine pour le souper (à 16h de l’après-midi…).

Un autre aspect, internet. C’est un autre moyen très efficace pour nous européens. Regardez la rapidité à laquelle se vendent les billets pour le paléo… Et en plus, on les reçoit à la maison après !! Et même, pour les intimes… l’AUVAL, on peut s’inscrire pour les soupers par le web et ça marche aussi. Woaw !! C’est incroyable, la civilisation. En Russie, internet, la civilisation comme je l’ai dit et comme on me l’a dit. Je pensais que ça pouvait me rendre service pour chercher des infos, poser des questions, etc. Effectivement, des questions on peut toujours en poser sur internet. Des réponses, c’est un peu plus dur de les recevoir. Il devrait y avoir un bug sur ma ligne, je sais pas. Mais ça doit marcher une fois sur deux.

Moral : le mieux est de se rendre sur place et pour cela, prévoir une demi-journée pour chaque chose que l’on veut faire.

23.10.07