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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


-- Nouvelle rubrique : nos étudiants en stage en Russie et Europe orientale nous écrivent et nous font part de leurs aventures et de leurs états d'âme.


— 2007-2008 Stéphanie DUBOSSON
Le plan Poutine

 

Va-t-il entre dans l’histoire ? Y est-il déjà ?? Une chose est sûre, c’est que Poutine, LE président le plus marquant après le communisme fait actuellement sa campagne. Une campagne un peu à l’américaine. Son but : premier ministre. De toutes façons, il ne peut plus se représenter à la présidence. D’où l’alternative de devenir premier ministre.

A quelque part, j’ai de la chance d’être en ce moment en Russie, alors qu’il y a les élections. En effet, la vie politique devient un peu plus intéressante. Enfin, si on s’y intéresse vraiment. Malheureusement, c’est un peu compliqué de s’y plonger. C’est déjà dur quand on connaît vaguement le système, que notre famille est passionnée de cela. Ici, on ne se préoccupe guère de cela. Les jeunes femmes sont toujours autant intéressées par Rive Gauche (un magasin ne vendant que des cosmétiques), les fringues et l’amour !! Je ne vais pas dire que ce ne sont pas des choses importantes, mais ça vire franchement au mielleux tout ça. Ah, l’Amour !! Oh, Liubov’ !! Vous vous rendez pas compte, j’ai l’impression de voir des filles de 12 ans dans le corps d’une de 27 lorsqu’elle croit que son amour d’antan va revenir parce qu’il lui a dit que ça faisait 4 ans qu’il l’attendait. Alors qu’entre temps il s’est marié, a eu deux enfants, s’est séparé. Désolée d’être un peu franche, mais je traduis les paroles de cet homme (rapportée par la femme en question), par le fait qu’il ne veut pas être seul et qu’il a besoin que l’on s’occupe, même si au lit il est exceptionnel, qu’il travaille… 7 jours sur 7, c’est sûr, on peut ainsi construire une fantastique relation. D’autres me diront, avec raison, que c’est mieux que la moyenne. Justement, les jeunes hommes sont plus préoccupés par le petit écran et boire des bières dès 8h le dimanche matin, jusqu’au dimanche matin suivant.

C’est donc un peu ça aussi, la Russie : j’ai présenté en deux mots les fléaux de la nation : 60% de femmes, qui font tout pour se faire remarquer, et une jeunesse, ma foi alcoolique…

Mais ce ne sont pas les seuls problèmes que connaît actuellement le pays. C’est sur cela que Poutine se penche actuellement. Je ne sais pas vraiment à quoi ressemblaient les nouvelles du soir avant mon arrivée, une chose est sûre, la moitié du journal est consacrée au président. Si on ne le voit pas, on en parle. Depuis plusieurs années, l’inflation est incessante : 20% chaque année. Pour comparaison, elle est d’environ 2% en Suisse (si mes souvenirs sont bons…). Autre problème récurrent : les pensionnaires. Eh oui, il n’est pas bon d’être à la retraite ici. En bref, la retraite est misérable. C’est peut-être pour cela qu’il y a beaucoup de professeurs qui doivent avoir plus que la septantaine. Faut pas trop que je le crie sur les toits, je risquerai de donner des idées à Couchepin…

Ces personnes âgées sont alors malheureusement contraintes de compléter leur fin de mois comme elles peuvent : il n’est pas rare d’en voir qui ramassent les bouteilles en verre dans la rue pour les rapporter, ou alors, encore plus courants, elles vendent quelques fleurs, des pommes de leur jardin, des vêtements plus que démodés et qui, malheureusement, n’ont pas l’air chauds. Pour les aider, elles peuvent profiter de rabais à l’entrée de monuments. Ce sont surtout ceux qui ont vécu pendant le blocus de la ville, entre 1941 et 1944… Y en a-t-il encore beaucoup ? Les russes de ma génération disent, en guise de gag, que dans certains lieux c’est écrit ceci à la caisse : « Ici, rabais pour les gens qui ont participé à la bataille du Champ des bécasses »… Je me demande avant tout si elles peuvent se permettre de tels loisirs…

Toujours est-il que Poutine promet d’améliorer le sort des pensionnaires et de freiner l’inflation. St Péterstourg entre aussi dans son plan. Des tracts sont remis à la sortie des magasins, dans la rue, de nombreux publicitaires soulignent que le président se préoccupe de la ville de ses études : St Pétersbourg est aussi dans le plan Poutine !! Logement, travail, enfin, créneaux habituels de politiciens, doivent être améliorés selon Vlad’. Pour une fois, j’ai envie de le croire.

Même si peut-être que son désir de devenir premier ministre en cache un autre, c’est un bien pour un mal pour la Russie. Comme m’a dit un étudiant de la SPBGU, le pays a peut-être besoin d’un tel homme pour se remettre en selle, ensuite, l’avenir peut évoluer avec un président plus libéral. Mais est-ce que la Russie, après la pause de 4 ans de Poutine, voudra-t-elle encore de lui ? Ne l’aura-t-on pas oublié pour mieux ? Quel avenir pour ce pays énorme ? Des questions qui ont toujours été les siennes.

L’un de ses avenirs réside peut-être au retour aux sources. Le 4 novembre, fête nationale de la Russie en est un des exemples. L’importance que reprend l’histoire est aussi un autre élément. Si la conclusion actuelle des chercheurs, conclusion faisant de la Vieille Ladoga, petit village au nord de St Pétersbourg, la plus ancienne capitale de la Russie, c’est aussi pour montrer à nouveau l’importance du pays. C’est certes bien de retourner aux sources, de savoir qui l’on est, mais il faut également savoir avancer.

La Russie doit trouver son propre chemin, ses particularités et pas tenter de mélanger aspects culturels européens et asiatiques. Malheureusement, c’est actuellement le cas et pour les détenteurs de ces cultures, l’adaptation est bien compliquée. On ne sait pas à quoi s’en tenir.

C’est que ce qu’on peut lui souhaiter : trouver son propre chemin, et ne pas jalouser celui des autres, car elle en a la capacité !!

Finalement, le plan de Poutine, c’est certainement bien plus qu’un tract, une attente. D’après « Russkij Reporter », un hebdomaire russe, à l’arrivée de Poutine au pouvoir, il n’y avait pas d’attente quant au nouveau président. C’était un peu le contre coup de l’ère Elstine. Mais après-en, avec les réformes et l’avancée, les résultats, peut-être que l’ère Poutine permettra de s’intéresser à la politique. A mon avis, le pays en a actuellement besoin pour répondre à ses attentes et se trouver une vraie identité.

30.10.07