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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


-- Nouvelle rubrique : nos étudiants en stage en Russie et Europe orientale nous écrivent et nous font part de leurs aventures et de leurs états d'âme.


— 2007-2008 Stéphanie DUBOSSON
Les départs

 

La fin de l’année, c’est toujours un moment fort. Simplement, tout à coup, on retrouve toute sa famille, ses amis en peu de temps. On passe beaucoup de temps auprès d’eux tout en essayant au mieux de profiter de ces quelques instants. Bref, des émotions on en a à en revendre. Ne croyez pas que ce ne fut pas pareil pour moi. Ca a commencé avec l’arrivée de mes parents et de mon frère à l’aéroport, Pulkovo-2, de Saint-Pétersbourg (ouais !! il y a deux aéroports et celui des vols internationaux est le Pulkovo-2, j’avais envie de faire un peu de pédagogie à 2 kopecks). Bref, quand je les ai serrés dans les bras, grande émotion, telle, que les larmes ont coulé de mes yeux. Mon frère s’est alors exclamé : « ah, ça te fait pleurer qu’on arrive, bon, on repart alors ». Ce genre de gags, ben, pour une fois, ça doit valoir 2 roubles au moins !! En tous cas, une semaine qui commençait bien !! Et je sentais la pression redescendre avant le grand bal des examens. Mais, lorsqu’il a fallu leur dire au revoir, ce fut aussi dur. Les larmes de joie avaient été remplacées par celle de la tristesse, mais mêlée à la joie d’avoir passé une bonne semaine avec mes parents. Effectivement, je ne me sentais pas triste que les examens commencent.

Les départs avaient commencé par celui de mon chéri qui, après une courte semaine pétersbourgeoise, s’était envolé de Pulkovo-2 (vous savez, l’aéroport international de Saint-Pétersbourg, parce qu’il y en a deux…). Ensuite, s’étaient mes amies italiennes qui s’étaient aussi envolées de Pulkovo-2 (cet aéroport international qui se trouve au Sud de Saint-Pétersbourg…). Vraiment, c’était aussi un moment. Leur départ coïncidait avec la moitié de mon séjour en Russie et c’étaient les filles avec qui j’ai fait la plupart de mes excursions pétersbourgeoises. Je n’oublie pas non plus que ce sont les premières personnes avec qui j’ai fait vraiment connaissance. Bien sûr ! On restera en contact ! Une sincère promesse, mais nous savons parfois comme la distance est terrible, même si… Espérons !! Espérons que La Rochefoucault aura raison de l’adage populaire : « L’absence diminue les médiocres passions et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies et allume le feu ». Je préfère ça à « Loin des yeux, loin du cœur »…

Et maintenant, fin janvier, c’est la valse des départs. Alors, à la hâte, on organise des soirées de départ pour tel ou tel. C’est d’abord Robin Wood qui retourne en France, il a trouvé un job en Pologne et, un peu malheureux, il quitte la Russie plus vite que prévu. Ensuite, c’est Farès qui, après ses examens, rentre chez lui en Israël. Dernière soirée juste avant son départ, et moi qui ait un test de langue le lendemain, et quoi ?? C’est devenu un ami et là, c’est encore plus sûr, on se rendra visite. On se regarde avec Elea, de Belgique et on se dit que oui, chaque année on se rencontrera quelque part sur la planète. Ce sera en Italie, en Israël, aux States où vit la mère d’Elea, en Suisse, ou en Russie bien sûr !!

Eh voilà, c’est à mon tour de dire au revoir, à Elea, comme elle part alors que je voyage déjà. Nous sommes simplement allées voir une pièce avec un ami russe, magnifique pièce qui était pleine d’émotions : les retrouvailles d’une mère et de son fils après 17ans. Ensuite, petit repas au mexicain, où l’on se taquine, mais où la bonne humeur est au rendez-vous, car demain, Elea viendra à tout prix m’accompagner à la gare, même si je lui ai dit que c’était pas si nécessaire. Oui, on sait toutes les deux que Saint-Pétersbourg nous a rendues plus sensibles et surtout quand il s’agit de voir partir nos amis. Elle aura attendu plus d’une demi-heure au froid, après une bonne heure de marche, une marchroutka pour venir me chercher à l’obshizhitie et m’accompagner jusqu’à la gare où, je prendrai mon train de Kashin, emplie de tristesse de ne pas pouvoir l’accompagner à l’aéroport…

Mais, après notre belle soirée mi-culturelle mi-gastronomique, j’arrive dans ma chambre. Et c’est là que c’est mon amie camerounaise me fait part d’un autre départ. Il est presque une heure du matin, mais c’est pas grave, je vais aller la voir, parce que ce genre de départ ne laisse aucune place à la promesse d’un « au revoir » sincère, dans un des pays du monde. C’est un départ pour bien plus loin, cruel, un départ sans retour, le vrai départ.

25.01.08