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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


-- Nouvelle rubrique : nos étudiants en stage en Russie et Europe orientale nous écrivent et nous font part de leurs aventures et de leurs états d'âme.


— 2007-2008 Stéphanie DUBOSSON
3. Savoir s'orienter

Le côté administratif semble s’être en grande partie résolu. Je souligne toujours le fait que ce ne soit pas terminé, car j’ai l’impression que les démarches sont infinies. Cependant, je crois ne plus avoir à faire avec ce fameux directeur des relations internationales. En effet, j’ai voulu me rendre à mon premier cours. Comme le temps n’a pas d’emprise ici, en tous cas, je ne me rends plus compte des heures qui passent, je me suis trompée de deux heures pour y aller. Arrivée dans la salle, qui s’avérait être à la fois une salle de cours et un bureau, on m’a redirigé vers une dame qui s’occupe des cours que j’avais choisi, qui représentent une formation complète. J’avais son numéro de téléphone et je n’ai pas attendu un instant avant de l’appeler. J’ai certainement dû tomber sur la secrétaire de la section, ou qui sais-je, mais elle m’a dit qu’elle finissait son cours à 17h dans une certaine salle. A cette heure-là j’avais malheureusement promis à un historien rencontré peu avant que je le verrai pour discuter un peu de l’histoire suisse. Le pauvre, il ne m’aura jamais revue. Je ne voulais pourtant pas le laisser ainsi, pourtant, je préférai que les choses avancent pour moi. Ca m’aura en tous cas appris qu’il ne faut jamais prévoir de rendez-vous, dans ce pays, lorsqu’on est occupé à des affaires administratives…

Ainsi, pendant les deux heures qui me restaient avant de pouvoir rencontrer la personne qu’on m’avait indiqué, j’ai décidé de profiter de ce temps pour tenter de régler d’autres affaires personnelles (pas de l’administratif, cela me prend généralement une demi-journée par bureau pour cela). Un peu avant l’heure indiquée (peut-être est-ce la ponctualité suisse ou le désire de ne pas être en retard et ne pas trouver la salle dans ces dédales de couloirs, de portes, de numéros qui ne se suivent pas vraiment et pas forcément), je me suis arrêtée devant la salle de cours. Heureusement, il semblait qu’il y avait un cours. J’ai attendu jusqu’à ce que ce soit l’heure de fin du cours, mais la professeure ne semblait pas vouloir s’arrêter, puis j’ai entendu une phrase magique à travers la porte : « nous allons faire une petite pause après cet exercice », et je me suis dit que j’allais alors attendre. Quand enfin il semblait que l’heure de cette petite pause arrive, j’ai toqué à la porte et je me suis renseignée !! C’était bien la personne que je cherchais. Quel soulagement après une semaine et demie d’allées et venues incessantes et infructueuses. Disons plutôt que de telles expériences nous montrent encore que les choses ne nous sont pas offertes, un petit concentré de ce que c’est que la vie, en somme. Durant ce premier cours, j’ai dû me présenter au reste de la classe et j’ai appris que la professeure connaissait bien l’une de mes enseignantes de l’Université de Lausanne. Ca m’a aussitôt mis du baume à mon petit cœur. Après ce cours, nous avons papoté un peu. Puis, je suis enfin arrivée à ma chambre, aux alentours des 19h30. Sur mon bureau se trouvait un billet rédigé à la hâte et en russe : une épreuve de paléographie que je n’aurai pas réussi à passer, d’autant plus que ma voisine a tenté de m’expliquer de quoi il s’agissait, sans succès non plus. Mais, coup de théâtre, aux alentours de 22h, telle une furie, Dasha frappe à la porte du petit « appartement » que nous sommes cinq à partager : elle me cherchait et elle m’a alors expliqué que cela faisait depuis le 3 septembre qu’elle ne savait pas où j’étais. Je lui ai expliqué ce qui m’était arrivé jusqu’alors et les démarches que j’avais faites jusqu’alors. Elle semblait passer de surprise en surprise, toute étonnée de mon cheminement, de me savoir là, installée et ne sachant pas que j’étais, en fin de compte « son étudiante ». C’était donc à elle que j’avais renvoyé le mail lui indiquant le jour de mon arrivée, mon numéro de vol, etc. Elle m’a dit qu’elle avait pourtant noté mon arrivée sur le planning. C’est la que le hic est donc survenu. A la fin de notre rencontre, elle m’a demandé de passer la voir le lendemain. Ce que j’ai fait et ce fut étrange de ne pas avoir à attendre plus de dix minutes, pour une fois. Les choses se sont donc gentiment réglées, même si j’ai dû revenir lui apporter quelques feuilles signées confirmant que je savais que je devais m’enregistrer, ne pas faire n’importe quoi, etc., sans oublier l’« autobiographie ». Sous cet intitulé j’ai dû écrire qui j’étais : nom, prénoms, lieu et date de naissance, écoles fréquentées, puis nom, prénoms de ma famille proche ainsi que leur profession. A mon retour en Suisse, j’aurai pas à me plaindre que la Confédération me surveille de trop près…

 

Comme un jour pétersbourgeois ne se passe sans plusieurs anecdotes, en voici une autre :

 

Leçon d’orientation… ou comment demander à un étranger son chemin

 

A la fin de mon tout premier cours, une sympathique coréenne m’a donné l’adresse d’une maison d’édition où je pouvais me procurer au prix de revient le support au cours de grammaire. Faire un petit détour et ne pas s’aventurer dans le Dom Knigi (maison du livre) de la perspective Nevski où les prix sont prohibitifs (enfin, pour un suisse, se sont des prix courants, mais si on peut faire en sorte que notre porte-monnaie paraisse toujours aussi lourd, on ne va pas s’en plaindre finalement), devient une destination intéressante. D’autant plus, ai-je envie de dire, que ça permet de visiter la ville et pas seulement ses réseaux touristiques. Cette camarade de cours, donc, m’a donné le nom de la station de métro, la direction que je devais prendre à la sortie, le nom de la rue et le numéro du bâtiment. Cela paraissait donc pas trop compliquée pour une semi-géographe que je suis, surtout que j’avais tout noté, emportant le papier en question et que j’étais munie de mon petit guide des transports de St Pétersbourg (celui-là, je l’ai acheté à Dom Knigi… bon, pour même pas deux francs, je crois que je vais supporter l’allègement). Arrivée à la station de métro, assurée que j’étais sur la bonne avenue, suivant les indications de ma camarade de classe, je me dirigeais avec confiance vers le lieu indiqué. Malheureusement, j’ai appris ce jour-là que la simplicité ne reste qu’apparence ici !! Il faut donc toujours se méfier de ce concept. J’ai donc tenté de trouver cette fameuse maison. J’étais pourtant dans la bonne rue et je me trouvais en face de la maison qui devait être celle que je cherchais. En regardant les pancartes, je ne voyais qu’un bar et une pharmacie. Je me suis donc dit que je trouverai peut-être mon bonheur à l’arrière de la maison. Après m’être aventurée dans les lieux sombres de la cour arrière du bâtiment et en ayant fait le tour, je me suis décidée à entrer dans le bar pour me renseigner. Le barman me répondit alors que c’était bien le numéro que je cherchais, mais que j’étais dans un bar, à ce moment. Cela, j’avais bien compris et je dois dire qu’il n’y a pas besoin de savoir le russe pour saisir que derrière un zinc et des tireuses à bière on ne vend pas des livres de grammaire… Bref, je suis rentrée bredouille. Arrivée dans ma chambre, j’ai vérifié sur internet l’adresse de la maison d’édition et c’était bien celle donnée par ma camarade. Le lendemain, armée d’un courage tout neuf donné par une nuit de sommeil tranquille et des tracas administratifs en moins, j’ai tenté à nouveau l’expérience. La route était toujours la même avec toujours une pharmacie et un bar comme représentant ma destination. Mais j’avais décidé de trouver coûte que coûte cette fameuse maison d’édition. J’ai à nouveau refait le tour, regarder attentivement toutes les portes d’entrée et ce qu’il y avait d’écrit dessus (s’il y avait quelque chose…), même celles qui paraissaient les moins avenantes. Finalement, dans une cour arrière, j’ai trouvé mon bonheur ! J’ai appris, à force, que l’extérieur n’indique pas ce que recèle l’intérieur. Effectivement, le squatt Rhino de Genève devrait être jaloux. Le fameux endroit, tant désiré (je vous l’accorde, je mets un peu trop l’accent sur des banalités, mais enfin, c’est pour vous tenir en haleine ;) ) avait comme aspect extérieur celui d’un squatt, dans la cour d’un autre immeuble, lieu inhospitalier de prime abord, mais qui m’aura peut-être permis d’économiser suffisamment pour m’acheter un second livre dont j’avais besoin…

Je précise encore que cet exercice d’orientation est d’autant plus périlleux que la circulation est affolante en ville. Et d’autre part, il faut également souligner que les trottoirs en dehors des circuits touristiques représentent autant de danger pour le piéton lambda ma foi un peu trop rêveur : les trous creusés pour causes de travaux (ou laissé ainsi à leur suite) sont laissés béants… comme quoi il, n’est pas bon d’être un promeneur solitaire dans la ville de Pierre.