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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


-- Nouvelle rubrique : nos étudiants en stage en Russie et Europe orientale nous écrivent et nous font part de leurs aventures et de leurs états d'âme.


— 2007-2008 Stéphanie DUBOSSON


4. L’apprentissage de l’eau

 

Aujourd’hui, je dois dire que je suis très fière de moi !! Ce matin, il m’a fallu une heure pour me préparer : lever, déjeuner, faire le lit, douche et petites affaires féminines (maquillage…). Bon, je le consens, rien d’extraordinaire à première vue. Mais !! Mais… je pense que c’est la nuit, porteuse de conseils, qui m’a permis de mettre au point ma stratégie. La voici : à mon lever (ma voisine dormait encore, c’était 9h du mat), je me suis directement dirigée dans la cuisine et j’ai choisi les plus grosses casseroles à disposition, remplies d’eau et les ai fait chauffer. Puis, dans mon élan de rationalité temporelle, j’ai également mis en marche la bouilloire électrique de mes voisines (elle aussi était pleine), et enfin, la mienne pour chauffer mon café… J’ai profité du temps que mettait l’eau pour bouillir pour déjeuner et préparer mes affaires. Ensuite, à chaque fois que l’une des casseroles était prête, je renversai le contenu dans un baquet en plastique. Et voilà ! Le petit-déjeuner terminé, l’eau pour ma douche était prête !! Je crois que mes vacances d’été au chalet de ma grand-mère, sans eau chaude m’aura appris à me débrouiller autrement…

Le problème que nous avons, depuis trois jours, est le défaut d’eau chaude. Ce qui est, je vous l’assure, très pratique : tout d’abord quand vous êtes sous la douche, vous vous lavez les cheveux vient ensuite l’étape du rinçage à l’eau froide (même pas tiède, prise directement telle qu’elle du Golfe de Finlande, j’ai l’impression…). Sympathique. Ou faire la vaisselle à l’eau froide et ensuite la sécher (mais pour remédier à cela, samovar des temps modernes !). Je ne sais pas exactement quel est le problème. Je crois que c’est le chauffage, malheureusement je ne suis pas encore bilingue et parfaitement au courant du fonctionnement de l’obshizhitie pour pouvoir remédier à ce type de souci. L’expérience ne concerne, a priori, pas uniquement notre étage ou notre bâtiment. C’est une maladie qui semble affecter l’ensemble de l’obshizhitie… De quoi rassurer et se sentir moins seuls !!

Ainsi, ce que m’avait dit ma copine russe, en Russie on ne se douche pas quand on veut, mais quand il y a de l’eau chaude. Sauf que 3 jours sans eau, donc sans se laver (si on est trop habitué au confort, je l’accorde) force l’homme à l’ingéniosité. L’ingéniosité qui ennuie tout le monde, c’est vrai, mais au moins, j’aurai eu ma douche d’eau chaude !! Et je crois que ça ne déplaira pas à ceux qui me rencontreront de ne pas sentir l’odeur d’un fauve.

Ma voisine m’a aussi dit que l’été, l’eau chaude est coupée pendant un mois. Notons qu’elle vient de Surgut, en Sibérie (elle m’a d’ailleurs montré des photos et sur l’une d’elle, c’était écrit -50° sur un panneau lumineux… très accueillant comme ville, je crois que je vais y planifier mes prochaines vacances…). J’espère au moins qu’à Saint-Pétersbourg, ils n’auront pas confondu été et automne… ou mieux encore : un mois estival = 1 saison glaciale…

 

Cet apprentissage de l’eau ne passe pas que par celui de la température. Il y a aussi l’eau que l’on boit qui rentre en compte. Allez expliquer cela à une enfant d’un pays où l’eau du robinet est consommable et très souvent, celle des fontaines, des rivières. Les seuls moments où cela n’est pas le cas, cela peut être dû à une pollution fécale. Mais cela reste anecdotique, enfin presque. Toujours est-il qu’ici, mieux vaut consommer l’eau du robinet bouillie. C’est ce que je m’étais donc dit et ce que j’avais commencé à faire lors de mes débuts ici. Néanmoins, m’apercevant que la couleur de l’eau n’était pas tout à fait limpide (elle prend une teinte très légèrement brunâtre, un peu comme si l’on venait de remettre l’eau après une coupure…). Je me suis donc décidée à acheter des grosses bouteilles de 6l pour l’eau que je consommerai en boisson. Là encore, rien de très extraordinaire à acheter de l’eau pour la boire (bien que je trouve ça aberrant, si elle n’est pas gazéifiée, vu que j’ai tant l’habitude de la boire à même le robinet !!). C’est à ce moment qu’il faut être attentif. Lors de l’achat, il ne faut pas se tromper. J’ai fait la mauvaise expérience : je me suis retrouvée avec de l’eau salée dans mon thé sucré. Un goût un peu particulier.

Je faisais déjà l’effort d’acheter de l’eau, alors autant profiter de prendre la moins chère (au, à quelques centimes près, mais sur 6mois, ça me paiera peut-être un café dans un des « кофе-хауз » de la perspective Nevski…), en plus, c’était écrit « eau de table » sur l’étiquette !! La variante aquatique du nectar de Bacchus français, certainement. A présent, c’est donc le moment de mettre en garde toutes les personnes soucieuses de leur santé et en partance pour la Russie ! La « столовая вода », aussi nommée « eau minérale » (минеральная вода), est de l’eau légèrement salée. Ainsi, mieux vaut se procurer au marché du coin de l’eau buvable (питьевая вода). Un homme averti en vaut deux… Et j’espère bien plus, pour toutes personnes désirant venir dans ce pays, finalement très exotique !!!

19. 09. 07