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Séminaire hiver 2001-2002 : La linguistique des dictateurs
Prof. Patrick Sériot

Chloé Varrin :


L’Espéranto dans le discours des linguistes en URSS après la Révolution


Plan
1. Introduction
2. Zamenhof et l’Espéranto
3. Espéranto et socialisme en URSS : théorie et analyse critique
• Années 20
• Années 30
4. Dans les faits
5. Conclusion
6. Bibliographie


1. Introduction

Depuis toujours la diversité des langues a posé problème. La première histoire est celle de Babel : la diversité des langues est une punition que Dieu envoie aux hommes pour avoir voulu trop s’approcher de lui en construisant une tour qui irait jusqu’aux cieux. Jusque là, les hommes constituaient une grande famille, mais Dieu, jaloux de sa suprématie, introduit parmi eux la diversité des langues et des races. Les hommes ne se comprennent plus et leur projet échoue.

Au fil des siècles, les hommes ont tenté de panser la plaie de Babel. Dès le 17ème siècle en effet, l’idée d’une langue dans laquelle pourraient communiquer les humains du monde entier, et qui ne serait pas une langue déjà existante, apparaît sous la plume de quelques savants (Descartes, Leibniz, Bacon, et dans le monde slave Ja.A. Komenskiy). Mais c’est au 19ème siècle que des projets concrets voient le jour en Europe.

A l’aube du 20ème siècle, le développement des transports et des communications rend les échanges entre nations de plus en plus importants. L’essor des relations économiques, les avancées de la science exigent plus de coordination : les nations sont donc obligées de s’unir et de collaborer. C’est à ce moment que l’idée d’une langue internationale s’impose aux esprits comme une évidence. L’idée de l’adoption d’une langue auxiliaire parmi les langues nationales existantes paraît utopique à l’époque : elle donne trop l’avantage à une nation sur les autres. On tombe donc assez vite d’accord sur le fait qu’il faut créer une langue internationale, neutre pour tous les utilisateurs.

Des dizaines de langues universelles sont créées à cette époque par des intellectuels et des linguistes, dont la plus notable, parce qu’elle connut un certain succès en Europe occidentale, est le Volapük, inventé en 1879 par Martin Schleyer. Mais l’Espéranto, qui arrive quelques années plus tard, éclipsera plus ou moins tous les systèmes analogues.

En Union Soviétique aussi, après la révolution, l’Espéranto aura beaucoup de succès. Paré tout d’abord des couleurs de la révolution, il deviendra une langue de classe : la langue internationale censée unir le prolétariat du monde entier. Puis il changera lentement de place dans le discours, avec le changement du socialisme à l’intérieur du pays. En 1937, l’Espéranto y sera interdit de fait.

Dans les années qui suivent la révolution, l’URSS construit son identité de pays socialiste. Et cette identité évolue énormément avec le régime politique et aussi en fonction de l’extérieur. Ce que j’aimerais montrer dans ce travail, à travers l’analyse du discours sur l’Espéranto, c’est la façon dont l’identité de ce pays se construit et évolue dans les années 20 et 30. L’Espéranto, c’est une des lunettes à travers lesquelles on peut analyser l’utopie marxiste mise en œuvre. L’Espéranto, c’est un moyen de suivre la relation de l’URSS avec l’étranger. L’Espéranto, c’est un exemple qui illustre comment la linguistique peut être mise au service de l’idéologie dominante. Et l’Espéranto, c’est aussi l’histoire de quelques savants et linguistes qui ont cru en cette langue, qui l’ont défendue, qui l’ont apprise, parlée et enseignée, et qui finalement se sont retrouvés pour la plupart devant un peloton d’exécution en 1937.
Mais avant d’en venir à l’analyse du discours sur l’Espéranto, et de l’histoire des espérantistes en URSS, il me faut faire un détour par son créateur, l’idée de départ qu’il a insufflée à cette langue, et l’accueil que la langue a reçu en Occident.


2. Zamenhof et l’Espéranto

C’est en 1887 que Ludwik Zamenhof fait paraître la première version de sa Langue Internationale (Linguo Internacia) sous le pseudonyme de Doktoro Espéranto («le docteur qui espère»). Cette tentative d’une langue internationale auxiliaire créée artificiellement n’est pas la première du genre, loin s’en faut, ni la dernière. Mais c’est celle qui rencontra le plus vif succès en date.

Zamenhof naît en 1859 dans une famille juive de Bialystok, ville de Pologne (à l’époque sous domination russe), où l’on parle 5 langues : le russe, langue officielle, le biélorusse, le polonais, l’allemand et le yiddish. Chaque communauté y parle dans sa langue, et la communication intercommunautaire est très difficile, chacun refusant de parler la langue des autres. L’atmosphère politique est faite d’oppression tsariste, de poussées nationalistes et de persécutions antisémites. Cette situation conflictuelle forge en Zamenhof la conviction que la diversité des langues est une malédiction, et qu’elle est en grande partie responsable des incompréhensions culturelles et des conflits mondiaux. Il se persuade que toutes les haines envers l’étranger seront résolues le jour où les gens se comprendront, càd. le jour où ils pourront parler ensemble dans la même langue. L’idée de la création d’une langue internationale artificielle s’installe en lui et il commence à se mettre au travail. Il étudie aussi les autres projets de langues artificielles, dont le Volapük, et il en tire des conclusions pour son travail. Cette langue, selon lui, devra être facile à apprendre pour tout le monde, elle devra comporter une structure simple et logique pour en faciliter l’utilisation, et il faudra trouver un moyen d’inciter le public à la pratiquer en masse. Le projet de Zamenhof connaîtra assez rapidement le succès et une diffusion importante.

Dans sa première brochure, publiée en russe, polonais, allemand, français et anglais, il insère un feuillet que les lecteurs sont censés lui renvoyer, et qui signifie la promesse de l’apprentissage de l’Espéranto. Dès 1888, Zamenhof publie les 1000 promesses déjà reçues sous la forme d’un annuaire, qui constitue le premier d’une longue tradition, et un de piliers du fonctionnement de l’organisation espérantiste. Il fait paraître la même année le Deuxième livre de la langue internationale. En 1889 paraît le premier journal en Espéranto, La Esperantisto, et un Supplément au deuxième livre, qu’il donne comme son dernier mot d’auteur, sa dernière contribution à cette langue qui est censée se développer dorénavant grâce à ceux qui défendent son idée et qui la pratiquent. En 1894 paraît toutefois le Dictionnaire universel, avec traduction des mots en 5 langues, puis le Recueil d’exercices, en 1903 une anthologie réunissant des exercices, des articles, des poèmes et des morceaux de prose, originaux ou traduits, et en 1905 le désormais célèbre Fundamento de Esperanto, composé d’un exposé de la grammaire fondamentale en 16 règles, du recueil d’exercices et du lexique de 1894. Cet ouvrage fixe le canon de la langue, 18 ans après sa première parution. (Je ne veux pas exposer ici les structures formelles de cette langue, qui donneraient lieu à de plus amples discussions. Je dirai juste que l’Espéranto est une langue a posteriori , formée à partir de racines de langues romanes, germaniques et slaves.)

A cette époque, l’Espéranto est déjà très connu dans toute l’Europe. Les espérantistes se regroupent pour pratiquer la langue en associations locales dès 1888, et en associations nationales par la suite. Le premier Congrès universel s’ouvre le 5 août 1905 à Boulogne et regroupe environ 700 espérantistes issus de 20 pays différents. Les Congrès deviennent annuels, se déroulant chaque année dans un pays différent, et ceci jusqu’à aujourd’hui, avec des parenthèses pendant les deux guerres mondiales.

Zamenhof meurt pendant la première guerre mondiale, «le cœur brisé par les événements», dira-t-on souvent. Car son oeuvre est celle d’un idéaliste. Elle part d’une vision humanitaire égalitaire entre les être humains du monde entier, et vise la réconciliation, par l’idéal de la communication. C’est une espèce de religiosité laïque qui l’anime, et c’est pourquoi elle a donné lieu aux plus vives passions, aussi bien de la part de ceux qui la défendent que de ses détracteurs. Zamenhof, au début du 20ème siècle, fait d’ailleurs publier anonymement un pamphlet en faveur d’une doctrine inspirée de la fraternité universelle, l’homaranisme. Mais les premiers défenseurs de l’Espéranto insistent alors pour que cette langue demeure à l’écart de toute prise de position idéologique, qu’elle reste neutre sur les plans aussi bien philosophique que politique ou religieux. Et ils parviennent à imposer cette idée de neutralité qui perdurera par la suite. Mais ceci qui n’oblitère pas l’impulsion idéaliste de départ.

Si j’insiste sur ces questions, c’est parce qu’elles auront une grande importance par la suite dans les discours des linguistes communistes. Cette «idée intérieure» de l’Espéranto (l’idée que les frontières nationales sont à la base de tous les conflits, et que le jour où les frontières linguistiques disparaîtront, tout ira mieux dans le monde) sera sans cesse discutée, d’abord acceptée et encouragée dans les années 20, puis de plus en plus critiquée vers la fin de la décennie, et enfin totalement condamnée dès 1930.


3. Espéranto et socialisme en URSS : théorie et analyse critique

L’Espéranto arrive en Russie avec un peu de retard sur l’Europe, le régime tsariste ne l’accueillant qu’avec beaucoup de méfiance, et les cercles d’espérantistes naissants étant parfois même bannis. Cette méfiance fut exacerbée entre autres par le fait que l’Espéranto trouva très tôt en Tolstoï un défenseur passionné, un Tolstoï dont les idées pacifistes humanitaires gênaient, et que l’on identifiait à une idéologie révolutionnaire dangereuse. Mais c’est aussi grâce à cet appui que l’Espéranto séduisit plus tard les révolutionnaires.
Quoi qu’il en soit, quelques cercles d’espérantistes se forment déjà avant la révolution, dont les membres seront d’ailleurs tous plus ou moins favorables à celle-ci.

Il n’est pas inutile de donner quelques précisions sur l’état de l’interlinguistique (qu’on nomme ainsi dès 1911) à ce moment-là en Russie. Car l’Espéranto ne fut pas le premier projet à toucher de si près le monde slave. J’ai déjà cité Ja.A. Komensky, qui, au 17ème siècle, proposa des projets de langue internationale, qui en restèrent à un point plus ou moins théoriques. Il faut citer aussi Iou. Krizhanin, qui mit au point le premier système a posteriori à partir de plusieurs langues slaves. Mais il fut le seul à l’utiliser, et ce projet ne fut découvert qu’au 19ème siècle, quand ses œuvres, écrites dans cette langue, furent publiées. En 1908, le célèbre linguiste Baudouin de Courtenay soulève à nouveau la question en militant en faveur de la création d’une langue internationale artificielle, d’une littérature et d’une chaire dans cette langue. Puis quasiment plus rien jusqu’à l’Espéranto. J’ai déjà dit que l’Espéranto arrive en Russie avant la révolution, mais c’est surtout avec et après la révolution qu’il y rencontre le succès. Dans les années 20 en effet, on assiste en URSS à un réel enthousiasme pour l’Espéranto et à une solide propagande en sa faveur. Des linguistes, des intellectuels prennent position dans les journaux et les publications espérantistes ou ailleurs pour défendre l’Espéranto.

Quand on lit leurs articles, on peut en dégager à un schéma-type : au début, l’auteur insiste sur la nécessité d’une langue internationale auxiliaire pour le prolétariat mondial. Puis il fait l’analyse des possibilités à disposition (langues nationales existantes, langues mortes), et en arrive à la conclusion que la seule solution acceptable est la création d’une langue artificielle. Certains auteurs font un bref historique des projets de langue artificielle, puis ils en arrivent à l’Espéranto, qui tombe bien, discutent ses qualités et en arrivent à la conclusion que c’est vraiment la langue qu’il faut au prolétariat universel. Bien sûr, tous ces éléments ne figurent pas dans le même ordre ni tels quels dans chaque article, mais la plupart du temps ils y sont, si on fait le compte. Pourquoi les Soviétiques sont-ils si partisans de l’Espéranto dans les années qui suivent la révolution ?


• Années 20

L’Espéranto, au début, s’accordait bien avec le socialisme révolutionnaire. Selon P.Foster, l’idéologie socialiste et l’esprit démocratique de l’Espéranto ont plusieurs champs importants en commun : tout d’abord, l’Espéranto paraissait pouvoir réaliser les idées internationalistes de l’unité des ouvriers à travers le monde. Les articles espérantistes des années 20 commencent en effet presque tous par l’exclamation : il est absolument indispensable que les ouvriers puissent communiquer entre eux à l’aide d’une langue internationale ! Pourquoi ? Pour qu’ils puissent prendre conscience de la communauté de leurs intérêts. Le leitmotiv de tous ces textes, souvent écrit en majuscules en exergue au début d’un article, ou à la fin comme mot de conclusion, est la phrase finale du Manifeste du Parti Communiste de Karl Marx et Friedrich Engels : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !» L’idée de base du socialisme des années 20 est l’internationalisation de la révolution. Les prolétaires de tous les pays doivent s’unir contre ceux qui les exploitent, càd. les membres des classes dirigeantes (bourgeoisie et clergé) de leurs pays.

Cette idéologie se construit fréquemment, dans l’argumentation de l’époque, par l’utilisation de métaphores qui évoquent l’idée d’un lien quasiment organique entre les prolétaires de toutes les nations. On parle parfois de l’humanité comme d’un «organisme social harmonieux et entier», dans lequel les nations «joueraient le rôle des organes, des membres distincts communiquant entre eux grâce à l’unique bien commun de l’être humain, l’instrument de la langue» . Dans la même ligne d’idées, on parle du monde comme d’une «grande maison», dont les peuples seraient les «parties différentes». A l’intérieur, «les règles biologiques sont identiques pour tous les gens…indépendamment de la couleur de la peau, de la nationalité et de l’origine» . Dans cette maison, nous dit-on, «un incendie apparaissant dans une chambre peut facilement se propager dans les autres chambres. Tout le monde est concerné par l’extinction de l’incendie. Une épidémie, surgissant parmi les habitants de n’importe quelle partie du bâtiment, peut contaminer les autres parties aussi, grâce au fait que dans cette maison les parties communiquent par des corridors et des passages (terrestres, ferroviaires, maritimes et aériens). Tous les résidents sont concernés par l’éradication de l’épidémie, indépendamment de la disposition des chambres dans les diverses parties du monde. Et à l’inverse, le bonheur, la prospérité, et l’abondance dans une partie du bâtiment peuvent facilement gagner les autres parties, où se fait sentir l’insuffisance et le manque.»

Pour se réunir, les ouvriers doivent impérativement pouvoir se parler et se comprendre. Les linguistes de cette époque soulèvent souvent le fait que les classes exploitantes ont déjà le moyen de communiquer entre eux : les bourgeois apprennent presque toujours une ou plusieurs langues étrangères qui leur permettent de trouver un terrain d’entente entre eux. Mais cet apprentissage est l’apanage des riches uniquement ! Les ouvriers n’ont pas suffisamment d’argent pour prendre des cours, ils n’en ont pas le temps ni l’énergie physique, puisqu’ils travaillent toute la journée, et aucun ouvrier n’a jamais eu la chance d’être élevé par une bonne étrangère ! De plus, les langues étrangères sont complexes, difficiles à apprendre, il faut des années pour en maîtriser une. La solution est une langue facile à apprendre, que tous les ouvriers apprendraient en quelques mois pour pouvoir communiquer partout sur la terre. C’est pourquoi l’Espéranto apparaît comme le moyen-miracle pour réaliser ces idéaux d’union internationale. Il est qualifié tantôt de «ciment au lien du Prolétariat International» , tantôt comme une arme révolutionnaire contre les classes exploitantes.

Ensuite, l’Espéranto, véhicule de l’internationalisme, est évidemment, comme le socialisme, une menace pour le nationalisme, comme le note aussi Forster. L’internationalisme socialiste se fait contre le nationalisme, porteur du capitalisme et du militarisme, il lui déclare la guerre, le principe de base étant qu’un ouvrier soviétique a plus en commun (intérêts, problèmes de la vie quotidienne, révolution) avec un ouvrier allemand, par exemple, qu’avec un bourgeois de la même nationalité que lui. Le nationalisme est vécu comme le mal absolu. Exemple : «[le nationalisme cache en lui] un fanatisme tribal, un chauvinisme sauvage, la soif du sang, le conservatisme, un retour à une animalité ancestrale, et…le plus important, une affaire commercialement lucrative pour les classes dominantes bourgeoises et leurs serviteur vénaux—clergé, érudits et ennemis du peuple y compris.» Le nationalisme est tenu responsable de tous les massacres, pogroms, persécutions, guerres et autres atrocités, qui perdureront tant que le sentiment nationaliste existera. Il est à noter ici à quel point ces idées sont proches de celles de Zamenhof. Comme la division du peuple en nations, la diversité des langues sur terre est ressentie comme une malédiction, elle est un obstacle à la compréhension mutuelle. (Il est intéressant de voir que cette affirmation repose sur le présupposé que «qui parle la même langue se comprend»…ce qui est un autre problème.)

Un des autres champs communs entre l’Espéranto et le socialisme que souligne Forster est ce qu’il appelle la planification : une même idée du progrès, d’une planification possible de la société, de la possibilité de renouveler cette société, et de l’intervention scientifique (dans la culture, dans la langue,…) pour accélérer les choses vers le progrès. La révolution engendrerait un homme nouveau, conscient de lui-même et de sa classe, une société plus scientifique (on pense ici à Zamiatine, et à sa description de l’homme nouveau et de la société nouvelle, dans Nous Autres).

Tous ces champs communs ont évidemment à voir avec l’«idée intérieure» de l’Espéranto, ce souffle d’idéal que Zamenhof a conféré à sa langue, idée qui sera si décriée dès la fin des années 20.

Mais il y a aussi toute une série de qualités structurelles ou pragmatiques qu’on attribuait à l’Espéranto :

- sa neutralité : à l’époque, il est évidemment impensable d’adopter une des langues nationales existantes pour jouer ce rôle de lien entre les prolétaires des pays (car cela donnerait l’avantage à une nation sur les autres)
- sa facilité : il ne faut pas plus de quelques semaines pour apprendre à parler et à écrire
- sa souplesse et sa capacité d’évolution : il peut continuellement être enrichi de nouveaux mots par ses utilisateurs. (Cette idée de création collective séduit bien évidemment les communistes.)
- sa beauté parfois (critère assez inattendu dans une argumentation scientifique !)
- le fait qu’il soit déjà répandu : toute une propagande se fait en faveur des Congrès, des cercles espérantistes, des journaux qui paraissaient, de la littérature originale en Espéranto, des traductions littéraires existantes, …
- certains vantent même parfois le fait que cette langue ne peut pas être tout à fait considérée comme artificielle, puisqu’elle se base sur des racines communes de langues naturelles.

Voilà dans les grandes lignes le discours tenu dans les années 20.
Séparer le temps entre années 20 et années 30 peut paraître un peu schématique, et il est évident que les choses se développent plus graduellement. Mais dans cette évolution du discours—en ce qui concerne l’Espéranto, qui mène de l’enthousiasme
post-révolutionnaire à la liquidation des espérantistes en 1937—, il y a deux événements majeurs qui ont la plus grande importance : tout d’abord l’arrivée au pouvoir de Staline à la mort de Lénine, en 1924, et surtout l’année du grand tournant, en 1929, marquée par l’abandon de la NEP, et qui sera suivie en 1930 par le 16ème Congrès du Parti. Ces événements engendrent un changement de paradigme à tous les niveaux : politique, scientifique, culturel, philosophique et pragmatique.


• Années 30

Si les années 20 se caractérisent par une ouverture vers l’étranger, une volonté d’exporter la révolution et d’internationaliser le socialisme, la période qui commence en 1930 est marquée par une fermeture progressive, en quelque sorte un repliement sur lui de tout le pays. Le communisme n’a toujours pas gagné au niveau mondial, ce qui revient à dire que le pays est pour le moment entouré d’ennemis capitalistes. A l’intérieur aussi, on est toujours prêt à se trouver des ennemis, des saboteurs. Tout le monde est soupçonné, y compris les linguistes. C’est pourquoi le bel idéalisme des espérantistes des années 20 se transforme dans les années 30 en un discours étroit, circonspect, qui se complexifie et comporte des flous et des paradoxes.

La première choses qui saute aux yeux en lisant ces articles est qu’on ne parle plus seulement d’une langue auxiliaire internationale (mezhdunarodnyi vspomogatel’nyi jazyk), mais on introduit le concept de langue universelle (obshyi jazyk, ou vseobshyi jazyk). Un détour par le discours de Staline sur l’avenir de la langue du communisme lors du 16ème Congrès de 1930, nous aidera à mieux comprendre la nouvelle orientation linguistique du pays.

Le concept clé de son discours est la fusion des langues : lorsque la révolution aura eu lieu sur toute la terre, lorsque le communisme règnera partout, alors les langues nationales se fondront en une seule langue, différente des langues existantes, et qui deviendra absolument universelle. En attendant ce moment, pour la période de transition actuelle, Staline, très loin de l’internationalisme et de l’anti-nationalisme des années 20, en appelle au développement et à l’épanouissement des nations (le développement des langues nationales étant la condition à la future fusion des langues) et des cultures nationales, «nationales de par leur forme, socialistes de par leur contenu». Ce qu’il est intéressant de remarquer ici, c’est que Staline introduit dans son discours la notion de temps : c’est dans un avenir plus ou moins lointain que se produira la fusion des langues.

A partir de là, les questions que les linguistes vont se poser sont :

- Que devient la langue auxiliaire internationale (Espéranto), en a-t-on encore besoin ou pas ?
- Faut-il travailler dès maintenant à l’avènement de cette langue universelle, ou adopter une langue internationale auxiliaire pendant la période de transition qui est la présente, jusqu’à l’avènement du communisme dans le monde entier ?
- Faut-il accélérer l’apparition de la langue universelle ou au contraire attendre que la fusion se fasse à son propre rythme ?
- Est-ce que la langue universelle sera l’Espéranto ?
- Que faire des langues nationales ?

Il faut avoir à l’esprit (j’y reviendrai dans le chapitre suivant) que poser la question de l’utilité de l’Espéranto, c’est d’une manière plus large poser la question des liens avec l’extérieur, l’ennemi capitaliste. Mais tout d’abord, voyons ce que nous disent ces textes sur ces questions linguistiques.

Sur les rapports de la langue internationale avec la langue universelle, Drezen (voir chapitre suivant) fait le point en 1928 : c’est la «future langue universelle unique» qui devient indispensable, et la langue internationale n’est déjà plus qu’une «prémisse» à celle-là. Comme cette langue n’apparaîtra pas «avant que ne disparaissent les frontières et les différences entre les différents peuples et les formes matérielles et économiques et les conditions de leur existence», «il est déjà maintenant tout à fait possible de construire et d’utiliser dans la pratique une langue internationale auxiliaire. La possibilité de la création d’une telle langue auxiliaire ne signifie en aucun cas que cette nouvelle langue pourrait remplacer les langues nationales naturelles existantes». Et quel rapport la langue auxiliaire —qui demeure l’Espéranto, puisque c’est la langue autour de laquelle se sont réunis un maximum de gens (on est bien loin, avec des argument aussi pragmatique que celui-ci, de l’enthousiasme des années 20) —entretient-elle avec la future langue universelle ? Drezen répond qu’on ne peut pas encore savoir dans quelle mesure la langue internationale auxiliaire influencera, dans ses formes et son émergence, la future langue unique universelle. Toutes ces questions sont de l’ordre de l’anticipation. La seule chose dont Drezen est sûr, c’est que l’adoption d’une langue internationale doit forcément accélérer «le renforcement de l’organisation des formes connues de cette future langue universelle.»

En 1934, Loja insiste de même sur le besoin actuel d’adopter une langue auxiliaire—l’Espéranto—, sans attendre passivement la fusion des langues. Cette période de transition sera caractérisée par un bilinguisme momentané, car les langues nationales continueront bien sûr à exister en même temps que l’Espéranto. L’usage des langues nationales sera de plus en plus domestique (Loja nous dit qu’elles seront conservées comme des antiquités), car les relations entre les nations seront de plus en plus renforcées et dans ce cas ce sera l’Espéranto qui sera utilisé. Mais il faut se rendre compte que si le «programme maximum» est la fusion des langues (Loja cite Staline et les étapes de la fusion des langues : 1° épanouissement des cultures nationales, 2° rapprochement des cultures nationales, 3° fusion des cultures nationales), l’Espéranto n’est que le «programme minimum», qui ne peut convenir qu’en attendant.

En 1968, Svadost pose la question en d’autres termes : la langue internationale auxiliaire et la langue universelle sont-elles deux langues, deux problèmes distincts ? Il y répond que non, il s’agit d’un seul problème, mais à des époques différentes de l’histoire. La première est le problème de la période de transition, et la seconde celle de la victoire du communisme.

En 29, Drezen écrit un article sur Zamenhof : Zamenhof philosophe et moraliste. Il procède à une critique de l’idée intérieure de l’Espéranto. Zamenhof pensait que les raisons de la haine d’un peuple envers l’autre sont avant tout nationales, et que «le chauvinisme linguistique est la raison principale à la haine entre les gens» . Et bien il a tort ! Ce sont les classes exploitantes, par la concurrence économique, qui sèment la haine entre les classes inférieures pour les empêcher de s’allier. Diviser pour mieux régner, comme Dieu dans l’épisode de Babel. Quand il parle du chauvinisme linguistique, Zamenhof confond la cause avec la conséquence : le chauvinisme est la conséquence des relations sociales actuelles. Pour Drezen, il y a une nette exagération des problèmes nationaux et linguistiques chez Zamenhof. Il concède que c’est cette idée qui a rassemblé les premiers espérantistes, mais il affirme qu’elle n’est en réalité pas adaptée aux problèmes actuels. Ce que Zamenhof n’a pas vu, du point de vue linguistique, est que la langue est le produit des relations sociales et des formes de production. (Cette idée est en fait une idée de Marr, linguiste protégé de Staline. Il serait trop long d’exposer ici les idées de la théorie linguistique de Marr ; sachons juste que pour lui la langue est une superstructure sur les bases économiques de la société. La langue évolue donc avec le développement économique de la société, elle se présente comme le reflet de la société. Dès les années 30, la linguistique en URSS devint exclusivement marriste. Tout ceux qui s’en écartaient étaient écartés à leur tour.)

Plus loin, Drezen cite des articles sur Zamenhof qui prouvent soi-disant qu’il a pensé tout d’abord à son propre peuple (les Juifs) en créant l’Espéranto. Il rêvait d’une langue qui puisse un jour réunir tous les Juifs. Ce qui pousse Drezen à accuser Zamenhof de nationalisme et de chauvinisme. Pour preuve de cela, Drezen cite le fait que Zamenhof avait fait partie d’une association sioniste dans sa jeunesse.

Par la suite, Drezen se déchaîne contre les «idées religieuses» de Zamenhof, en prenant appui sur L’Homaranisme, ouvrage philosophico-doctrinal que ce dernier publia anonymement en 1906. Il l’accuse d’avoir en quelque sorte fondé une nouvelle religion : «Zamenhof ne voulait pas savoir, mais sans aucun doute il le sentait, que ses principes philosophiques ne correspondaient pas du tout à la réalité.» «Zamenhof voulait que les autres gens soient libérés de la nécessité de vivre la tragédie d’hésitations et de recherches illusoires qu’il avait dû vivre lui-même quand, petit garçon de 16 ans, athée, rêvant au bonheur de l’humanité et n’arrivant pas à se représenter les voies effectives de l’évolution humaine, il avait dû, pour sauver ses idéaux, revenir à Dieu et à la religion.» Il montre, à travers des citations de Zamenhof, que ce dernier croyait en son idée comme on croit en Dieu. Evidemment, pour un athée socialiste militant, les paroles idéalistes de Zamenhof sont de l’ordre du délire mystique.

Drezen écrit cela au moment où l’Espéranto n’est plus vu comme la solution, mais, comme je l’ai déjà noté, comme un «programme minimum». C’est pourquoi il procède à une critique à l’acide de l’idée intérieure de Zamenhof, qui n’est plus d’aucune utilité à ce moment-là en URSS.


4. Dans les faits

Dans cette partie de mon travail, je vais décrire brièvement ce qui s’est passé dans les faits pour les espérantistes d’URSS. On peut considérer Ernest Drezen (1892- 1937) comme le porte-parole des espérantistes en URSS. Son destin est assez représentatif du destin de tous les autres et d’une manière plus générale de l’Espéranto en Union Soviétique.

Ernest-Wilgelm Karlovic Drezen naît en 1892 à Libava, en Lettonie, dans une famille de marins. En 1908, il entre en apprentissage à Kronstadt, où sa famille a déménagé. C’est à l’âge de 16 ans qu’il découvre l’Espéranto. (En fait, il découvre l’Ido, version réformée de l’Espéranto. Mais beaucoup d’idistes se tournèrent vers l’Espéranto lorsque l’Ido commença à perdre du terrain. Ce fut le cas de Drezen également.) De 1911 à 1916, il étudie à l’institut Polytechnique de Saint Pétersbourg. Là, il crée son premier groupe espérantiste : Kosmoglot, et en devient son président. Après la reprise des activités du groupe «Espero» (qui avait été interdit avant la révolution), il en devient un de ses dirigeants, et de 1917 à 1919 il en sera son président. A partir de là, Drezen commence à être très reconnu dans le domaine de l’espérantologie et de l’interlinguistique. Après le Polytechnique, Drezen fait un apprentissage d’ingénieur militaire. Pendant la révolution, il aidera, en tant qu’officier, à garder les ministres tsaristes arrêtés au palais de Tauride. En 1918, il entre au Parti et sert dans l’Armée Rouge. Puis il travaille dans plusieurs organisations culturelles d’Etat. De 1926 à 1930, il est professeur à l’université de Moscou. Drezen fut également conseiller de la Société des liens culturels avec l’étranger pour toute l’Union Soviétique.

En 1921, il crée l’Union des Espérantistes des Pays Soviétiques (SESS) (qui deviendra plus tard l’Union des Espérantistes des Républiques Soviétiques (SESR)), et en devient le secrétaire général. Cette association a dès le départ un caractère nettement procommuniste. Le but principal de la SESR est la propagande du mode de vie soviétique, des buts révolutionnaires et des idées communistes. Dès 1922, le NKVD refuse d’enregistrer les associations espérantistes qui n’appartenaient pas à la SESR, et toute activité dans le cadre d’une association espérantiste neutre, comme l’UEA (Universala Esperanto Asocio), est interdite.

En 1921, la SAT (Sennacieca Asocio Tutmonda, ce qui signifie en Espéranto : Association Universelle sans Nationalités) est créée à Prague. Cette association, qui participera largement au destin de l’Espéranto en URSS, se distingue de l’UEA en ce sens qu’elle est issue de la tendance espérantiste socialiste (il y a toujours eu deux forces en présence dans le mouvement espérantiste : les forces neutres et les forces à caractère socialiste). Son fondateur, Eugène Lanti (pseudonyme anarchiste formé sur la base de « l’Anti… »), insiste sur l’importance de l’Espéranto en tant qu’éducation anti-nationale, socialiste, ouvrière. En 1921, la SESR devient membre de la SAT. Dès 1922, la SAT interdit la double appartenance, à la fois à elle-même et à une association neutre, c'est-à-dire considérée comme bourgeoise. On comprend bien les affinités initiales entre la SAT et l’URSS.

Lanti prône la disparition de tout ce qui est national et en particulier donc des langues nationales. Les frontières nationales n’ont plus aucune importance : seule compte la cause commune des prolétaires conscients de leur classe. C’est dire si la SAT s’accorde bien avec le socialisme marxiste du début des années 20. Pourtant, dès le début, la SAT résiste à la tentative de la SESR de la soumettre à un contrôle communiste. La SAT ne se veut pas politique au sens étroit du terme, et Lanti refuse l’adhésion à tout parti. Le but de la SAT est de transformer tous les travailleurs du monde en révolutionnaires conscients d’eux-mêmes, indépendamment du fait qu’ils appartiennent à la 3ème Internationale ou pas. Il faut ici noter la différence fondamentale entre un mouvement socialiste issu des mouvements anarchistes français, libertaires et démocratiques, et le socialisme étatique et autoritaire du Komintern. Cette différence provoquera sans arrêt des tensions entre la SAT et la SESR, et à l’intérieur de la SAT même.

C’est en 1922 que Drezen exprime publiquement le regret que la SAT ne se rallie pas à la 3ème Internationale. A ce moment-là, même si elle résiste, la SAT soutient encore l’URSS. Pour preuve de cela : en 1923 Lanti publie dans sa revue la Constitution de l’URSS dans son intégralité. Mais dès 1925, Lanti se retire de la revue, jugeant son éditeur trop bolchevique. En 1926 pourtant, le Congrès annuel de la SAT se tient à Léningrad. Des timbres y sont même imprimés en cette occasion. Mais en 1928, Drezen, s’adaptant aux changements qui ont lieu dans son pays, menace de se retirer de la SAT si les non communistes ne le font pas. La SAT réaffirme alors son caractère non dogmatique. En Union soviétique, on commence à accuser la SAT d’être bourgeoise et anti-soviétique. Ses publications sont interdites. En 1930, aucun Soviétique n’est présent au Congrès annuel à Londres, malgré les inscriptions. En 1931, les Soviétiques présents au Congrès d’Amsterdam quittent la salle en chantant l’Internationale. C’est la fin des relations des espérantistes soviétiques avec l’extérieur.

A l’intérieur du pays, la SESR est incorporée à l’IPE (Internacio de Proletaraj Esperantistoj) organe contrôlé par le Komintern et soumis à un contrôle constant de l’Etat. La correspondance entre les espérantistes soviétiques et les espérantistes, communistes uniquement, du monde entier est sévèrement contrôlée. Dès 1935, les officiels commencent à désapprouver les activités espérantistes. Drezen, qui sent le vent tourner, quitte son poste de Secrétaire Général de la SESR en 1936. Mais cela ne l’aidera pas. En 1937, l’IPE est brusquement fermée et déménagée à Londres. La période des purges commence. On met la main sur des critiques du régime qui ont pénétré en URSS via la correspondance. Les espérantistes sont accusés d’être des ennemis de classe, puisqu’ils ont des contacts avec l’ennemi étranger. Des milliers d’entre eux sont arrêtés, puis emprisonnés ou fusillés. Drezen lui-même, accusé d’espionnage et d’activité contre-révolutionnaire, est exécuté en 1937.

Il sera réhabilité en 1957. Mais ce n’est qu’en 1979 qu’on assiste à la réapparition de quelques cercles espérantistes en URSS.


5. Conclusion

J’espère avoir montré d’une façon nuancée les changements qui se sont produit dans le discours soviétique espérantiste entre les années 20 et les années 30. Etre le premier pays à avoir fait la révolution, désirer l’apporter aux autres pour les libérer, ou être le seul pays socialiste sur toute la terre, entourés d’ennemis capitalistes, et devoir se protéger à tout prix, ce sont deux lectures d’une même situation, même si ces lectures ont lieu à des époques différentes, et que la situation a un peu changé. Ce sont deux lectures qui mettent en évidence la place que l’Union Soviétique s’imagine occuper dans le monde, ce sont deux lectures qui en disent aussi long sur son identité interne que sur ses rapports avec le monde extérieur.

Les changements qui affectèrent le pays ne se retrouvent pas que dans la linguistique bien sûr, et les purges qui touchèrent les saboteurs, ennemis de classe et autres dissidents ne furent pas tournées que vers les espérantistes. Mais l’exemple de l’Espéranto illustre au mieux l’émergence d’une utopie, de l’enthousiasme et de l’ouverture qui l’accompagnent, de la largesse d’esprit qui la caractérise, puis son flétrissement, et le mouvement inverse de resserrement, de fermeture, et de rejet.

Mais l’intérêt de ce phénomène ne se limite pas à la critique du marxisme ou à l’échec d’une utopie. Au niveau linguistique, même en Occident, quelques questions de ce débat interlinguistique sont encore très pertinentes, ou font encore écho.

Aujourd’hui, même si l’Espéranto existe encore et que l’on peut trouver de nombreuses associations d’espérantistes sur Internet par exemple, et des textes en Espéranto, donc même s’il n’a pas entièrement disparu, il a beaucoup moins d’impact qu’à ses débuts, et on le considère généralement comme l’affaire d’une poignée d’idéalistes marxistes ou soixante-huitards attardés. Et la possibilité d’en faire la langue de communication mondiale aujourd’hui, alors que c’est clairement l’anglais qui joue ce rôle, est qualifiée d’utopique. Mais au début du siècle, l’utopie, la solution impossible, c’était justement d’adopter une langue nationale pour la communication internationale, qui aurait donné trop d’avantages à une nation sur les autres ! A méditer...

Et si l’on analyse l’anglais utilisé dans les relations internationales, on se rend compte que les linguistes de l’époque n’avaient pas tort quand ils plaçaient au rang d’exigence primordiale pour une langue internationale la facilité. Car cet anglais n’a plus grand-chose à voir avec l’anglais littéraire, par exemple, ou l’anglais qu’on parle en Angleterre ou aux USA ! On pourrait parler d’anglais extrêmement simplifié, pour ne pas dire amputé, on parle d’ailleurs d’anglais international, pour le distinguer.

6. Bibliographie



En russe :

— ARTJUSHKIN-KORMILICYN : Mezdunarodnyj jazyk revoljucionnogo proletariata esperanto. Peterburgskaja gruppa esperantistov-propagandistov, 1919.
— E. DREZEN : «Puti oformlenija i rasprostranenija mezhdunardonogo jazyka», Isvestija C.K. SESR 1-2, 1928.
— E. DREZEN : «Zamengof kak filosof i moralist», Mezhdunarodnyj jazyk, 1,1929.
— A. DULICHENKO : «Interlingvistika : suschnost’ i problemy», in Obschaja interlingvistika i planovye jazyki, Interlinguistics tartuensis, 6, TGU., 1989.
— I. IZGUR : Mezhdunarodnyj jazyk na sluzhbe proletariatu, Izd. C.K. SESS, 1925.
— A.P.IODKO : Rabochij klass i mezhdunarodnyj jazyk, Izd. C.K. SESS, 1923.
— A.P.IODKO : «V edinenii — sila», Sovetskij esperantist, 7, 1925.
— «Kak organizovat’ mezhdunarodnuju svjaz’ proletariata», SAT, Laborista Solidareco, 1926.
— B.G. Kolker : «Lev Tolstoj i mezhdunarodnyj jazyk», Informacionnyj bjulleten’ sovetskix esperantistov, 5-6, 1981.
— Ja.loja : «Obschij jazyk», Mezdunarodnyj jazyk, 5, 1934.
— E. SVADOST : Kak vozniknet vseobschij jazyk, M. : Nauka, 1968.
— Ju.SHEVCHUK : Drezen E.K. (1892-1937) ), disponible le 06.02.2002 sur le site http://nikst.boom.ru/Ruse/drezen.htm

En français:

— R. Centassi/ H. Masson, L’Homme qui a défié Babel, Ludwik Lejzer Zamenhof, Ramsay, 1995
— U. Eco, «Les langues internationales auxiliaires», in : La Recherche de la Langue Parfaite,
— P. Janton, Histoire de l’Espéranto, disponible le 06.02.2002 sur le site http://www3.sympatico.ca/esperanto/fr-histoire2.html

En anglais :

• P.G. Forster, The Esperanto Movement, Mouton Publishers, The Hague, 1982








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