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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

Séminaire de 3e cycle pour doctorants et mémorants, aud. 5093, 17h-19h

-- 6 novembre 2007 exposé de
MladenUhlik (UNIL / Ljubljana) : La réception de la sociolinguistique soviétique en Yougoslavie à la fin des années 1980



A la fin des années 1980 en Yougoslavie, dans une époque qui était marquée par la nouvelle vague des nationalismes submergeant le domaine des sciences humaines, paraît un livre qui se donne pour tâche d’éclairer le rapport entre la linguistique et l’idéologie (une question épineuse après la chute de la Yougoslavie). Dans son essai Linguistique et idéologie Milorad Pupovac, sociolinguiste croate et représentant de la minorité serbe au Parlement croate, attire notre attention sur le fait suivant : bien que les recherches linguistiques du côté idéologique de la langue aient produit des résultats, le caractère idéologique de la science langagière elle-même est rarement thématisé. Ce problème provient du fait que la linguistique n’arrive pas à faire la distinction entre d’un côté son objet de recherche et ses méthodes, et la réalité de l’autre : c’est pour cela que son objet est construit comme un fait idéologique. Pour nous donner un contre-exemple, Pupovac nous propose un bilan métalinguistique du développement de la sociolinguistique soviétique des années 1920-30, un chapitre de la linguistique peu connu en Yougoslavie. En dépit de ses efforts pour analyser la sociolinguistique soviétique épistémologiquement, il est évident que son intention est de la présenter en tant que précurseur du poststructuralisme, et de critiquer le structuralisme. A titre d’exemple nous prenons son interprétation des textes suivants : Marxisme et la philosophie du langage (Bakhtine / Vološinov), Sur le marxisme et la linguistique (Staline), et Cours de linguistique générale (Ferdinand de Saussure). D’un côté, il nous propose une lecture idéalisée de Bakhtine et Vološinov dont les idées annonceraient la sémiologie contemporaine, les théories du discours et la pragmatique, tandis que de l’autre côté il cherche les points communs « idéologiques » dans les textes de Joseph Staline et Ferdinand de Saussure.