Accueil | Cours | Recherche | Textes | Liens

Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

Séminaire de 3e cycle pour doctorants et mémorants, aud. 5093, 17h-19h

-- 19 février 2008 exposé de Margarita SCHOENENBERGER (UNIL) : La notion de norme dans la sociolinguistique russe actuelle.

 

La notion de norme linguistique a été un des centres d’intérêt de la linguistique soviétique, en tout cas pour son courant dominant, la linguistique fonctionnelle. Il a existé en Union soviétique et il existe toujours une discipline linguistique à part entière, nommée la «culture de la langue» (языковая культура) où la norme est un des concepts de base. Dans cette approche, la norme entretient des rapports étroits (et complexes) avec toutes sortes de facteurs sociaux. De très nombreux écrits ont été consacrés à élucider ces rapports surtout dès la fin des années 1960. Dans les années 1970 apparaît le terme de «sociolinguistique soviétique» désignant essentiellement l’apport des linguistiques moscovites L.P. Krysin et E.A. Zemskaja, qui entreprennent des recherches de terrain d’envergure sans précédent en Union soviétique sur le rôle de facteurs sociaux dans le fonctionnement du russe. Cependant, c’est seulement dans les années 2000 qu’apparaissent les premiers manuels russes de sociolinguistique destinés à l’enseignement supérieur. Plus précisément, à ce jour il y en a deux : Sociolingvistika [Sociolinguistique]de Belikov V.P. et Krysin L.P. et Sociolingvistika i sociologija jazyka [La sociolinguistique et la sociologie du langage] de Vakhtin N.B. et Golovko E.B.. Le premier est édité à Moscou, le second à Saint-Pétersbourg. Les différences ne se résument pourtant pas qu’au lieu de la parution des ouvrages en question. Le livre de Belikov et Krysin s’inscrit, à mon avis, dans une tradition russo-soviétique, même si les auteurs démontrent une connaissance certaine de la sociolinguistique occidentale. Vakhtin et Golovko se tournent ouvertement vers la sociolinguistique anglo-américaine pour élaborer leur ouvrage sans pour autant oublier les linguistes russes dans leur bibliographie. Il en ressort deux visions assez différentes du fonctionnement social du langage, de ses normes. Une mise en lumières croisées de ces deux approches permet de discerner des voies fort divergentes que peuvent prendre les sciences du langage en Russie d’aujourd’hui.