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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

Séminaire de 3e cycle pour doctorants et mémorants, aud. 5093, 17h-19h

-- 27 mai 2008
Sébastien MORET (UNIL) :

Les langues, les nations, les frontières et la linguistique :

analyse comparée du rôle de la langue et de la linguistique dans la construction de l’URSS et de l’Europe de Versailles (1914-1953)

 

 

Le début du XXème siècle voit l’apparition, presque simultanément, de deux mondes à reconstruire : après la Première guerre mondiale et la fin, notamment, de l’Europe impériale, les frontières du continent européen sont à repenser (ce qui aboutira à la création de nouveaux Etats) ; plus à l’est, avec l’arrivée des bolcheviques au pouvoir, c’est le début, en Union soviétique, d’une société et d’un ordre nouveaux. Dans les deux cas, des discussions tournant autour du rôle de la langue et des faits de langue dans ces processus de reconstruction auront leur importance. D’une certaine manière, ces discussions peuvent être considérées comme des exercices de mise en pratique du rapport langue / nation.

            Généralement, on analyse ce rapport langue / nation de deux façons, parfaitement contradictoires : soit la langue, c’est l’essence, l’âme de la nation (Kulturnation) ; ou alors la langue, c’est ce qui va servir à faire, à fabriquer une nation (Staatnation). Ces deux façons d’appréhender le rapport langue / nation renvoient, pour la première, au Romantisme allemand et, pour la seconde, à la Révolution française. Dans le cas de l’Europe de Versailles, c’est la conception romantique du lien entre la langue et la nation qui la parle qui fut, inconsciemment peut-être, on le verra, mise en pratique. En URSS, les deux conceptions furent considérées, mais à des moments différents.

            Selon nos recherches, on n’a pas fait appel au hasard à l’une ou à l’autre de ces conceptions du rapport langue / nation. Dans les deux cas qui seront analysés, on fera ressortir que que ces deux options peuvent être mises en rapport avec le contexte, l’air du temps, voire l’idéologie, des moments de leur utilisation. Enfin, nous montrerons que ces deux options ont une conception différente de l’objet-langue et de la science linguistique ; ce qui permettra d’intégrer notre travail dans le champs de l’histoire de la linguistique.