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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

-- 20 novembre 2014
Anna ISANINA (Lausanne / Saint-Pétersbourg) : «Comment les chercheurs soviétiques des années 1930 pensaient l’objet de la traduction»

A l’époque (les années 1930) où devant les théoriciens et les praticiens soviétiques de la traduction s’est posée la question « Comment va-t-on traduire maintenant ? », plusieurs tentatives ont été entreprises pour y répondre.

La « nouvelle » traduction devait se débarrasser des défauts de la tradition précédente, surmonter toutes les difficultés de nature technique, y compris linguistique (l’équivalence lexicale, la différence des structures grammaticales). Les marges de variabilité pourraient être réservées aux questions de l’expression artistique, ainsi que de la spécificité culturelle. Logiquement, ce travail impliquait des réflexions sur l’identification des unités de traduction, ce qui impliquait de prendre en compte la nature et l’usage du signe.

Etant une activité qui utilise la langue pour matériau, la traduction dépasse néanmoins la compétence de la linguistique. Cette observation poussait certains linguistes à chercher dans deux directions différentes : les uns essayaient d’élargir l’objet de la linguistique, pour que la traduction y rentre, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il s’agît de LA science du langage en tant que «discipline intégrale»; les autres, au contraire, traitaient a priori la traduction comme un phénomène du monde socio-culturel, ce qui leur permettait de ne s’intéresser à la linguistique qu’en tant que moyen pratique pour résoudre les problèmes de traduction. Cette différence a logiquement eu son influence sur la conception sémiotique des unités de la traduction.

A l’époque qui m’intéresse, la composante sémiotique de la traduction n’était pas encore bien définie, à quelques exceptions, comme dans les travaux de R.O. Šor ou A. V. Fedorov, qui ont au moins établi une certaine grille terminologique sur laquelle l’on peut s’appuyer. Dans ma présentation, je proposerai quelques remarques sur la chaîne de réflexion «unité de traduction — conception de signe» que j’ai pu reconstituer à partir des travaux sur les problèmes de la traduction analysés.