Mais c’est le côté linguistique de l’activité de latinisation qui nous semble fondamental.
Il ressort de cet article que le point fort de la latinisation consiste à construire un alphabet à partir de la théorie des phonèmes : exprimer par les lettres non pas toutes les nuances de la langue, mais les « sons dotés de signification », « sons indépendants » (dans la terminologie de Jakovlev). Lorsqu’alors on commence à réduire le nombre de lettres d’une langue de 51 à 38 (en abkhaze), cela ne va pas au détriment des sons indépendants de cette langue.
Il devint cependant vite évident que ce principe est irréalisable dans la pratique.
Plusieurs types de difficultés se présentent.
1) Toutes les lettres les plus simples (d’après leur forme) sont déjà employées par l’alphabet latin. Les possibilités d’en inventer d’autres semblent très limitées, et elles permettent relativement peu de transformations (ajout de traits perpendiculaires, ajout de « cédille », ajout de lettres latines « renversées »), tous ces procédés étant eux-mêmes limités dans l’emploi. 2) Les ajouts démesurés amènent en outre à augmenter le nombre de lettres de [alphabet d’imprimerie- ?].
Comment concilier les exigences théoriques avec les exigences pratiques ?
(Elena Simonato-Kokochkina)