Accueil | Cours | Recherche | Textes | Liens

Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


-- Raoul LABRY : «A la découverte des pays slaves»(1), Le Monde slave, avril 1934, p. 65-85.



[65]

III

La monarchie autrichienne et les Slaves en 1804.

Le slavisme est si étroitement lié au réveil de la conscience nationale chez les Slaves, tombes sous le joug des Germains, des Hongrois et des Turcs, qu'Alexandre Turgenev, aussi attiré par l'étude des réalités contemporaines que par celle du passé, ne pouvait pas ne pas porter son attention sur les aspects politiques de ce mouvement. Celui-ci se manifeste, dans les masses comme chez ses représentants les plus conscients, Anton à Goerlitz, Nejedly et ses amis à Prague, par une hostilité déclarée des vaincus contre les vainqueurs. Les Serbes de Lusace sont parvenus à conquérir l'égalité des droits politiques. Ils n'en portent pas moins une haine irréconciliable aux Saxons qui les ont si longtemps tenus en servage et continuent à vouloir les assimiler. Mais ils résistent obstinément, s'attachant encore davantage à leurs usages et à leur langue, prenant exemple sur les Tchèques, et rêvant à une aide de la puissante Russie dont ils accueillent les fils avec empressement. Pour la première fois Alexandre sent parmi eux la force d'attraction de la Russie sur ces Slaves lointains qui la regardent comme une protectrice
[66]
tutélaire, tirant du spectacle de sa, grandeur réconfort et foi dans l'avenir. Partout, de Goerlitz au Danube, il entendra ce fervent appel des cœurs, auquel répondra bientôt de Petersbourg et de Moscou l'idée de la mission panslave de la Russie.
Alexandre trouve dans les Tchèques les mêmes adversaires irréconciliables des Allemands, mais déjà dressés contre eux, forts de leur union et de leur masse compacte. Leur mémoire garde toujours présente la tragique défaite de la Montagne Blanche où sombra un glorieux passé, les exécutions, les exactions, la servitude qui suivirent. Joseph II chercha bien à alléger leur sort, mais cet apaisement fut passager. Aussi les paysans ne veulent-ils pas croire à sa mort. Il a été enfermé dans quelque prison, pensent-ils, par les féodaux de sa cour, ses ennemis et les leurs, mais il reviendra un jour apporter à ses loyaux sujets sa bienfaisante sympathie. La force de cette légende prouve l'obstination des espérances et des revendications populaires qu'entretient une élite ardente à affirmer sa volonté de libération. Alexandre nous rapporte le discours qu'il entendit Nejediy prononcer devant un nombreux auditoire, contre la politique de germanisation des contingents slaves de l'armée. Cette politique, dit en substance Nejedly, menace l'intégrité même de la monarchie. Le soldat tchèque peut-il avoir goût à se battre pour celui qui veut lui enlever sa langue ? Les conséquences risquent d'être désastreuses. On l'a vu au temps présent : cette allusion hardie aux dernières défaites ressenties au cours des guerres avec la France est parfaitement saisie par Alexandre, qui comprend mieux les raisons des revers militaires de l'Autriche : elle a contre elle le défaitisme de ses propres soldats. Nejedly rappelle dans sa péroraison tous les services rendus par les Slaves à la monarchie, et en réclame juste récompense(2) . Ce discours tenu par un professeur de l'Université, nous montre avec quelle audace non déguisée les Tchèques com-
[67]
mencent à réclamer leurs droits, et combien étroitement s'allie chez eux l'action politique à l'action littéraire et scientifique. Vienne ne serait pas un terrain aussi favorable que Prague à cette propagande. Les autorités y sont plus ombrageuses au voisinage de la cour et au milieu d'un clergé peu tolérant dont Alexandre, dans les bibliothèques, a éprouvé lui-même le mauvais vouloir. Les Slaves d'ailleurs y constituent une minorité adonnée surtout au commerce et vivant renfermée sur elle-même pour éviter les tracasseries policières.
A mesure qu'on s'éloigne de Vienne en descendant le Danube, les colonies slaves deviennent plus nombreuses dans les villes enrichies par le trafic du fleuve. A Presbourg, à Pest et surtout à Bude, beaucoup de Serbes orthodoxes, émigrés de Turquie ou venus des confins, ont acquis la richesse ou l'aisance et forment des centres très actifs. Ils entretiennent leurs traditions, cultivent leur langue, aident savants et érudits groupés autour de la typographie cyrillique de Bude. Les Hongrois d'ailleurs sont plus libéraux que les Allemands à l'égard des Slaves. Leur tempérament est moins soupçonneux, et Alexandre s'en aperçoit tout de suite au peu d'exigences que manifestent leurs autorités policières et douanières. Leur cause ensuite est commune avec celle des Slaves, car les Hongrois, comme eux, résistent à l'envahissement du germanisme et veulent rester eux-mêmes dans le cadre de la Monarchie. Les Slaves profitent enfin de la sympathie des Hongrois pour les Russes depuis le mariage, en 1799, de l'archiduc Joseph, leur palatin, avec la grande-duchesse Alexandra Pavlovna, fille de Paul Ier. Celle-ci avait gagné leur affection et sa mort prématurée, le 4 mars 1801, avait été ressentie par tous comme un deuil national. Ils s'unissent aux Serbes pour venir s'incliner en grand nombre sur sa tombe, dans la chapelle d'Irem, élevée par Alexandre Ier aux environs de Bude, et desservie par des. prêtres russes.
[68]
Les magnats, en outre, mécènes cultivés, ont un goût très vif pour les choses de l'esprit. Ils accueillent avec faveur les savants slaves ou hongrois. C'est grâce à leurs amis professeurs à Bude qu'Alexandre et Kajsarov sont admis à la table du comte Batthiany, et invités par le comte palatin Szapary au bal donné par l'archiduc Charles auquel on les présente. Il y admirent la richesse des costumes, la beauté des femmes et l'éclat de leurs parures, Mais ils éprouvent grande tristesse à penser que tout ce luxe est acheté au prix de la misère des paysans. « Par malheur », écrit Alexandre à son père, « le noble seul ici jouit pleinement de la vie. Seul il a tous les droits de l'homme. Le moujik au contraire n'en a aucun. Ce dernier a toute la charge des impôts ; il est sans défense contre son seigneur, qui peut même le tuer sans avoir à redouter une justice toujours au service du plus fort»(3). Aussi le sort des paysans slaves ou hongrois, mêlés sur les domaines des classes privilégiées, magnats, noblesse, clergé, est-il moins enviable que celui des colons, mi-laboureurs mi-soldats, postés par la Monarchie sur une longue ligne de défense depuis le Danube jusqu'à l'Adriatique.
Ces Confinaires, en majorité Slaves, échappés au joug turc et dotés de terres en échange d'une garde armée à la frontière, ont particulièrement intéressé Alexandre et Kajsarov, depuis qu'ils ont vu quelques-uns de leurs régiments dans une grande revue passée à Ofen par l'archiduc Charles. Ils ont profité de leur séjour à Karlovci pour aller étudier sûr place leur organisation dans un de leurs villages, Golu-binci, constitué en compagnie, près du monastère de Krusedol dans la Fruska Gora. Ils dînent chez le capitaine de la compagnie, qui cumule le pouvoir civil et militaire dans ce village de 6.000 âmes, et en obtiennent les renseignements suivants.
[69]
Le Confinaire est lié à vie au service, le fils remplaçant le père si celui-ci est trop âgé. Toutes les sept semaines il est tenu d'aller à la frontière afin, pendant une semaine entière, d'y monter une garde dont les factions sont de deux heures. Il touche pour ce service 12 gulden par an. La formation territoriale à laquelle il appartient peut être appelée à servir sur tous les théâtres d'opérations ; il part avec elle si le. sort le désigne, la levée étant d'un homme, parfois de deux, sur trois ; il reçoit alors la solde et les rations de l'armée régulière. S'il est exempt de la dîme, il est soumis cependant à un système mixte de corvées et de redevances en argent. Il doit payer 26 kreutzer par joch de terre concédée, mesure équivalant à 1.600 sagènes carrées, et cultiver avec son cheval un autre joch au compte de l'État. En échange, il reçoit un lot de terres pris sur l'ensemble de celles qui sont affectées à sa formation. L'attribution se fait par familles, chaque chef obtenant part égale. Des répartitions nouvelles de lots sont bien prévues-par la loi, mais elles sont trop rares, La dernière faite à Golubinci date de plus de vingt ans. Aussi, note Kajsarov, comme chaque lot reste indivisible et incessible, cela conduit à des inégalités désastreuses pour l'esprit de la communauté et le rendement de l'exploitation. On voit dfcs familles qui comptent 70 membres végéter sur un lot devenu insuffisant, alors qu'à côté d'elles d'autres familles plus réduites vivent très largement sans effort. Pour remédier à ces injustices, le gouvernement vient d'adopter un système nouveau. La terre ne sera plus répartie par familles, mais par âmes,-et elle sera donnée à titre héréditaire, avec droit de vente et d'achat de tout ou partie. Une famille aura ainsi la possibilité d'agrandir son domaine à la mesure de ses besoins et de ses possibilités. De plus l'impôt foncier né sera plus payé par joch indistinctement, mais d'après la qualité de chacun. Cela entraînera une classification des terres d'après leur qualité, ce qui est une opé-
[70]
ration difficile, remarque Kajsarov, mais qui réalisera une meilleure justice fiscale(4) .
Il est probable que Kajsarov se souvient de cette expérience agraire lorsqu'il écrit, après son retour à Göttingen, sa thèse de doctorat sur la libération des serfs, De manumissione servorum. Cette expérience n'aura sans doute pas été inutile aussi à la formation des idées d'Alexandre. Tous deux sont, par philanthropie et par principe, partisans de l'affranchissement des paysans. Tout homme doit jouir des droits d'homme, et les serfs doivent recevoir l'égalité civile. L'intérêt général d'ailleurs l'exige, comme le leur a prouvé l'exemple de la Hongrie, où le servage maintient les paysans dans la misère, malgré la fécondité de leur terre, stérilisant la glèbe et les esprits, et appauvrissant l'État. Mais ils n'avaient pas encore été amenés à réfléchir aux modalités d'un affranchissement, au meilleur mode d,e tenure des terres à concéder aux affranchis, par achat ou par don. te capitaine de Golubinci leur montre autour de lui les inconvénients d'une concession globale en simple usufruit, soumise à répartitions nouvelles, et les avantages de la propriété individuelle libre de toute entrave, et frappée seulement d'un impôt qualitatif. On devine que cette leçon, démontrée par des faits patents, portera ses fruits dans leur esprit. Elle ne saurait faire d'eux des partisans du nwr russe, si semblable au mode de tenure auquel le gouvernement autrichien a trouvé meilleur de renoncer pour ses Confinaires. B est curieux de voir que l'exemple du régime agraire des Confins a pu avoir quelque influence indirecte sur certains des libéraux russes qui travailleront à l'affranchissement des moujiks et à l'institution de la propriété paysanne personnelle. Nous aurons à voir pluç tard si les souvenirs de Golubinci ne viendront pas de même diriger plus ou moins
[71]
consciemment le jugement d'Alexandre sur l'essai de colonisation militaire que tentera Arakcheev.
Les autres paysans slaves des régions du Danube, qui ne sont pas enrégimentés dans les gardes-frontières, ont une vie plus indépendante sans doute, mais plus précaire. Ils sont plus heureux certes que leurs frères des plaines de Hongrie ou des Carpathes, devenus serfs des magnats. En Syrmie, les latifundia n'ont pas dévoré la petite propriété. Chaque paysan a un bout de terre et une vigne. Mais il est à la merci des fonctionnaires impériaux qui le laissent croupir dans l'ignorance, l'accablent de vexations pour sa religion, et prélèvent sur lui la dîme sans ménagements. Il n'a pas le droit de toucher à sa récolte avant que le collecteur d'impôts soit venu en faire l'estimation. Si celui-ci est malintentionné ou négligent, et il est souvent les deux à la fois, la récolte, retardée, est diminuée ou même perdue, et l'année se passe dans la misère. Les paysans respirent un peu depuis que Stratimirovic occupe le Siège archiépiscopal de Karlovci et les a pris sous sa vigoureuse tutelle. Ils se sentent défendus, mieux conseillés et guidés par des prêtres instruits sortant des séminaires réorganisés par le métropolite. Mais leur situation reste encore souvent peu enviable. Il faut que les Turcs soient plus redoutables que les fonctionnaires impériaux pour qu'ils ne soient pas tentés de revenir aux Balkans.
Alexandre et Kajsarov ont voulu voir ces Turcs de près et sont allés passer une journée à Belgrade, assiégée la veille encore par les insurgés de Karageorges. Alexandre ne parle pas de cette fugue à son père, mais Kajsarov dans ses notes nous la raconte. Le commandant de la forteresse de Semlin et le directeur de la douane leur interdirent d'abord de passer la Save. «Mais que ne peut-on obtenir des Allemands avec de l'argent ? » demande ironiquement Kajsarov. Le directeur des douanes finit par leur donner un canot, des rameurs et même un caporal pour les protéger. Ils trouvent Belgrade
[72]
à demi ruinée et d'un aspect repoussant. Les rues sont affreusement sales, emplies de cadavres de chevaux en putréfaction, sur lesquels s'acharnent des hordes de chiens errants. Parmi ces turpitudes, les janissaires en révolte contre le Sultan et ses pachas, se pavanent en maîtres, se livrant à tous les excès contre la population. Aussi conseille-t-on à nos deux voyageurs de ne pas se risquer jusqu'à la citadelle, leur repaire, et de gagner au plus tôt le large, car les Turcs aiment fort peu les Russes. Alexandre et Kajsarov s'en aperçoivent vite. Ils entrent pour prendre un café chez un certain Ali-Agha qui les accueille d'abord avec courtoisie et un large sourire. Mais dès qu'il apprend leur nationalité, il change soudain de mine. L'homme du peuple turc voit dans tout Russe un ennemi héréditaire, et il garde un souvenir haineux des dernières victoires des tsars sur le Danube(5).
Alexandre regrette que ces victoires n'aient pas apporté une libération définitive aux Serbes, « ces Spartiates parmi les Slaves », qui, pour la honte de la chrétienté, sont martyrisés par les Turcs depuis plus de quatre siècles. Si on ne vient pas à leur secours, ils finiront par être anéantis, car les Turcs, poussés par les Grecs, héritiers de la haine de Byzance contre les Slaves, ont juré leur extermination. « Peut-être les Turcs ne seraient-ils pas aussi acharnés contre les Serbes, s'ils ne savaient pas que ceux-ci ont chaque fois rendu d'importants services aux États chrétiens dans leurs guerres contre la Porte. Et personne n'entre en campagne pour eux !»(6). Alexandre appelle à la croisade contre les Turcs au nom de " la fraternité slave et des services rendus à la chrétienté par les Serbes. Il ne cessera jamais de répéter aux Russes ce devoir et cette dette à l'égard d'un peuple qui leur porte. une persévérante affection d'une naïveté si touchante parfois. Alexandre en recueille des preuves nombreuses. Les moines
[73]
de la Fruska Gora, en apprenant que leurs visiteurs sont des Russes, les reçoivent avec les plus grands honneurs et leur font cortège au son des cloches. Ils gardent la fidèle mémoire des bienfaits que Raic, un de leurs anciens archimandrites, reçut de l'Académie de Pétersbourg et de l'Académie religieuse de Kiev. Leur reconnaissance est vive pour cette dernière, à laquelle ils doivent beaucoup de leurs livres ; ce sont encore ces livres qui servent à renseignement dans lés séminaires fondés par Stratimirovic. On y apprend la théologie d'après le manuel de l'archevêque Platon. On y commente et médite ses discours. Son portrait orne le cabinet de travail de Stratimirovic. Certains prêtres même ont fait autrefois le coup de feu dans les rangs russes contre les Turcs. L'un d'eux qui emmène Alexandre à la chasse, a été chef d'une bande d'irréguliers opérant avec les Russes. Il lui chante une vieille chanson, apprise de leurs soldats et oubliée sûrement en Russie, sur le comte Cernysev(7). « Est-ce loin, la Russie ? » demande à Alexandre et à Kajsarov un pauvre paysan qui les régale de châtaignes. Lorsqu'ils veulent le payer, il refuse. « Vous avez longue route à faire », leur dit-il, «et vous avez besoin d'argent ; tandis que nous, nous restons ici. Et nous sommes heureux d'avoir des hôtes de même langue et de même religion que nous»(8). En faisant connaître ces humbles amitiés lointaines autourde lui en Russie, Alexandre contribuera à fortifier dans la société russe à l'égard des Slaves des Balkans, cette sentimentalité qui rendra toujours populaires les guerres contre les Turcs et donnera à celles-ci, malgré leurs raisons politiques, un véritable caractère de croisade pour l'orthodoxie et la fraternité slave.
Les Croates n'inspirent pas à Alexandre une opinion aussi favorable que les Serbes. Il les juge moins cultivés, sans
[74]
amitié pour les Russes, plus accessibles à la germanisation. Ce sont de bons soldats, vigoureux et de haute taille, qui ont toujours défendu victorieusement les frontières de la monarchie contre les Turcs. Mais ils ne lui paraissent avoir ni la brillante réputation de courage des Serbes, ni leur acharnement au travail. Dans leurs grands villages des plaines, ou leurs hameaux isolés des rudes plateaux, ils conservent le goût de tous les Slaves pour la danse et les chansons, mais au détriment de leur labeur journalier. Ils ne cessent leurs fêtes qu'après-avait bu et mangé tout ce qu'ils possèdent, si bien que le gouvernement a dû leur interdire de chômer plus d'un jour à l'occasion des mariages)(9). Alexandre se sent évidemment beaucoup moins attiré par eux que par les Serbes. Il semble leur garder rancune de leur conversion au catholicisme ; il y voit un abandon de la cause slave, surtout après avoir constaté sur le Danube les persécutions auxquelles l'Église romaine soumet l'orthodoxie. Voilà qui nous amène aux expériences religieuses faites par notre voyageur au cours de sa longue enquête.

V

Le protestantisme, le catholicisme, l'uniatisme et l'orthodoxie.

Alexandre, orthodoxe de stricte observance, est trop profondément attaché à sa religion pour négliger d'étudier dans son voyage les confessions rivales qui disputent lès Slaves à l'orthodoxie.
Après s'être informé sur Jean Hus à Prague, il écrit à son père le 29 mai/11 juin : « Son enseignement a eu de terribles conséquences, mais il en a eu aussi de bienfaisantes,
[75]
parce qu'il a dispose et préparé les esprits à accepter les leçons de Luther»(10). S'il juge le luthéranisme un bienfait, c'est qu'il lui paraît, après l'orthodoxie, plus proche que le catholicisme du véritable esprit de l'Église chrétienne. C'est ensuite parce qu'il a été, pour les Serbes de Lusace et les Tchèques, un des agents les plus puissants de leur renaissance. Par son commentaire des livres saints et son exercice du culte en langue vulgaire, il a fait naître de nombreuses traductions de la Bible, des Évangiles, des psautiers, hymnes et homélies dans les différents dialectes slaves. En conférant à ceux-ci une dignité littéraire, il les a forcés à se fixer, à se codifier, à s'enrichir. Il a suscité la linguistique avec tout ce qu'elle comporte d'enquêtes sur le passé d'un peuple. Il a ainsi réveillé chez les Slaves une conscience nationale qu'avaient obscurcie des siècles de servitude. Le luthéranisme est individualiste et particulariste, en même temps que ferment de vie intellectuelle. Le catholicisme, au contraire, est œcuménique et unificateur, s'alliant aux puissances temporelles pour défendre la sienne, maintenant l'intan-gibilité de ses dogmes par l'ignorance des peuples. « Aussi », pense Alexandre, « les protestants sont-ils plus intelligents et plus travailleurs que les catholiques. Leur esprit plus libre, débarrassé de préjugés, les. rapproche davantage de la civilisation moderne, et ils savent profiter des découvertes des autres ; tandis que les catholiques, maintenus délibérément dans l'ignorance, font des progrès beaucoup plus lents ». Alexandre ajoute que ces progrès soat retardés encore par le trop grand nombre des fêtes que leur liturgie impose aux catholiques. Le catholicisme ne pouvait grandir et se maintenir que dans les régions méridionales de l'Europe, où les terres sont fertiles, et où l'esprit sous les ardeurs du soleil est plus paresseux et moins alerte. Dans cet étrange essai d'explication du catholicisme par le sol et le climat du midi,
[76]
nous reconnaissons une influence de Montesquieu, auquel Alexandre songe certainement, car tout de suite après cette affirmation, il explique a son père que ses études de droit à Göttingen ne seront pas inutiles à ses recherches historiques, puisque Montesquieu a dit : « II faut éclairer l'histoire par les lois, et les lois par l'histoire»(11). Mais l'emploi qu'il fait ici de la méthode de Montesquieu est singulièrement partial. Il la met au service de ses préférences préalables pour. le luthéranisme et de son antipathie pour le catholicisme.
A Vienne cette antipathie devient vite aversion, lorsqu'il y voit le catholicisme au service de la réaction qui a suivi le règne libéral de Joseph II, et le joug que les Jésuites font peser sur la pensée. Ils sont les maîtres de l'Université. Ils surveillent, étroitement les professeurs et les étudiants. Ils ont rétabli renseignement en latin. Comme autrefois « ils veulent tenir les savants en bride et disposer des esprits à leur guise. Joseph II avait essayé de changer cela, mais le nouvel empereur a rétabli ces nouveaux despotes»(12). Ils trouvent d'ailleurs dans les moines innombrables de fanatiques serviteurs de leur tyrannie. Kajsarov s'écrie :

« II faudrait cinq Joseph II de suite pour détruire leurs superstitions. Pourrait-on s'imaginer que dans une Europe civilisée il y a encore des censeurs pour interdire des livres sur les insectes, de peur qu'ils ne soient une critique contre les moines. L'un d'eux en recevant une trigonométrie ne put s'empêcher de s'exclamer : «Comment peut-on laisser passer un livre qui porte sur son titre la Sainte-Trinité?» Sans doute trigonométrie et trinité signifiaient la même chose pour ce Père aux longues oreilles.»(13)

A cette inintelligente et brutale censure .dont Alexandre et Kajsarov se gaussent, moines et jésuites ajoutent d'odieuses vexations. Ils poursuivent sans trêve l'orthodoxie, malgré
[77]
le statut que lui a concédé la Monarchie. Les fidèles n'obtiennent aucune faveur des autorités, aucune rémission des collecteurs d'impôts. Les lois leur sont toujours appliquées dans leur extrême rigueur. Tous les moyens sont bons pour les amener à l'apostasie. « II est impossible de croire », écrit Alexandre, « qu'à notre époque règne un tel fanatisme, qu'après Joseph II le clergé catholique ait reçu tant de privilèges, et que notre foi soit si persécutée»(14). Le métropolite Stratimirovic est toujours en bataille contre le gouvernement, qui ne seconde en rien ses efforts pour tirer de Fignorance et de la misère son clergé et ses ouailles.
L'Église romaine a recours encore à d'autres moyens d'ac-tion, qui, pour être moins directs et moins violents, n'en sont pas moins dangereux pour l'avenir de l'orthodoxie. Elle profite de la rivalité qui divise les orthodoxes grecs et slaves. Le clergé grec relevant du patriarche de Constantinople est hostile au clergé d'obédience serbe ; hostilité. entretenue par la haine qui sépare Serbes et Grecs. Les Serbes accusent leurs coreligionnaires de faire cause commune contre eux avec les Turcs, et les méprisent au point qu'un cocher serbe répond lorsqu'on l'interroge sur sa clientèle de la journée : « J'ai transporté deux hommes et deux Grecs»(15). Le gouvernement autrichien poussé par les Jésuites, profite de tout cela pour mettre dans les éparchies où il y a beaucoup de Serbes, des archiprêtres grecs qui négligent le service divin. C'est ainsi que, dans la ville de Saint-Andraï, Alexandre ne peut entendre l'office auquel jl désirait assister, parce que l'archiprêtre grec avait oublié de venir, malgré les prières de ses fidèles. « Ceux-ci se découragent, cessent de former bloc, et sont mis par là en état de moindre résistance contre la propagande catholique, et son plus redoutable instrument, l'uniatisme. »
[78]
L'uniatisme, pour lequel le gouvernement dépense 14 millions par an, est le plus insidieux moyen trouvé par Rome pour entraîner les Slaves dans son giron, tout en paraissant respecter leur langue et leur culte. Il est le premier pas vers le catholicisme. Il n'y a pas pour Alexandre de renégats plus dangereux que ces uniates dont on rie sait s'ils sont chair ou poisson, et qui menacent l'intégrité de l'orthodoxie beaucoup, plus que les raskolniki russes. Il conçoit pour eux une telle aversion qu'en passant à Krizevci il évite d'aller rendre visite à l'évêque uniate, pour lequel il a cependant une lettre de recommandation, de peur de ne pouvoir contenir son mépris et de manquer envers lui aux plus simples devoirs de la politesse. Il va même jusqu'à prier son père de demander à l'archevêque Platon de tonner en chaire contre ces déserteurs(16). Le spectacle de cette collusion entre la politique de germanisation du gouvernement autrichien et les violentes entreprises du catholicisme contre l'orthodoxie, fait mieux comprendre à Alexandre combien sont' inséparables orthodoxie et nationalité slave.
Sans les monastères de la Fruska Gora, les Serbes auraient déjà été absorbés par les Allemands ou les Hongrois, et uniatisés. « Nos monastères russes », écrit de Petrovaradin Alexandre, « ne sauraient avoir l'utilité sociale qu'ont ceux-ci pour le peuple serbe qui, grâce à eux, conserve une certaine existence politique»(17). Autour d'eux, Serbes et d'Autnche Serbes d'au-delà du Danube se réunissent pour entretenir le sentiment de leur unité, en célébrant en commun leurs fêtes et leurs héros nationaux. C'est ainsi que le jour de Saint-Lazare ils viennent en foule prier sur le tombeau de leur dernier prince, Lazare, tué à Kosovo, et dont les reliques ont été apportées sous Léopold II au monastère de Vemik. La bataille qui fit d'eux les esclaves des Turcs, est peinte
[79]
sur les murs de la chapelle enfermant le tombeau. Les pèlerins, en la regardant, sont pris parfois d'une telle fureur, qu'ils se mettent à frapper les Turcs représentés, et que l'higoumène a dû souvent restaurer cette fresque de la défaite(18). Stratimirovic et son clergé de tous ordres maintiennent l'union de l'orthodoxie et de la nationalité, consolidée au cours des siècles par une longue histoire de malheurs communs.
Nous comprenons mieux maintenant que les Croates, passés à l'uniatisme ou au catholicisme, n'aient pas gagné la sympathie d'Alexandre. Ils ont abandonné leurs frères du Danube en se laissant abattre par la peur des persécutions et séduire par l'appât des faveurs du pouvoir. Ils ont perdu ainsi cette forte vie intérieure qu'excite la lutte, et qui conditionne les progrès de l'esprit. De là leur retard sur les Tchèques et sur les Serbes dans le slavisme scientifique. Le catholicisme, impérieuse religion d'État et de Cour, épris du pouvoir temporel et de mondanités profanes qu'il étale dans ses offices à Saint-Marc de Venise, désagrège et stérilise les Slaves.
Telle est la conclusion qu'Alexandre retire du spectacle des luttes religieuses en Autriche. Elle est d'une extrême importance non seulement pour son histoire personnelle, mais aussi pour l'histoire religieuse de la Russie sous le règne d'Alexandre Ier. Turgenev a perdu cet esprit de tolérance dans lequel il avait été élevé parmi les Martinistes de Moscou, et qu'il avait conservé à Göttingen. Il devient orthodoxe militant, appelant les autorités ecclésiastiques, en la personne de l'archevêque Platon, à la lutte immédiate contre l'uniatisme, se préparant à combattre en Russie les Jésuites, « ces despotes des intelligences », dangereux suppôts du papisme. C'est une transformation capitale qui s'est produite en lui, grosse de conséquences. Car en 1810 il sera mis à la tête du département des affaires religieuses des confessions étran-
[80]
gères auprès du prince Golicyn, ministre des cultes et de l'instruction publique. Dans ce poste il n'aura aucun ménagement pour les Jésuites, à Faction desquels il attribuera les conversions au catholicisme qui feront tant de bruit en Russie après 1812. Il aura part à la rédaction de l'ukaz du 20 décembre/1er janvier 1815 qui leur interdira le séjour des capitales. Son. meilleur ami le prince Vjazemskij, qui, par plaisanterie, rappellera Sa Sainteté, lui reprochera d'être l'auteur principal de l'expulsion définitive des Jésuites par l'ukaz du 13/25 mars 1820, et des brutalités qui accompagnèrent l'exécution de cet ukaz. L'uniatisme aura de même .en lui un adversaire déterminé. Ce libéral se montrera aussi intransigeant que les pires réactionnaires lorsqu'il s'agira de la défense de l'orthodoxie. Cette contradiction s'explique par la profonde impression exercée sur lui par les doléances de Stratimirovic et le souvenir des méfaits de l'oppression catholique sur les Slaves d'Autriche-Hongrie.

VI

Si les conséquences de ce voyage dans le domaine religieux ont dépassé la personnalité d'Alexandre grâce à la situation officielle qu'il occupera plus tard, elles sont moins tangibles dans le domaine scientifique, puisqu'Alexandre abandonnera toute carrière d'homme d'étude, et que Kajsarov, nommé professeur à l'Université de Dorpat en 1811, n'aura pas le temps de mûrir une œuvre solide ni de former des élèves. Il tombera sur le champ de bataille de Hanau le 15 mai 1813 (19). Ni l'un ni l'autre n'ont réalisé les espérances que fondaient sur eux Schlôzer et les savants d'Autriche.
[81]
Ils doivent cependant occuper une place de choix dans l'histoire des origines de la slavistique russe. Si le travail de Kajsarov sur la mythologie slave, dont la traduction en russe eut deux éditions en 1807 et 1810, lui valut la chaire de langue russe à Dorpat en 1811, c'est que les recherches qu'il inaugurait parurent mériter d'être officiellement encouragées et soutenues. Kajsarov faisait entrer la slavistique dans l'Université, qui élevait cette nouvelle venue, en sa personne, à la dignité des autres grandes disciplines enseignées. II ouvrait le champ à des vocations scientifiques. Il ne paraît {pas en avoir directement suscité par son enseignement trop rapidement interrompu. Mais ses leçons ne furent sans doute pas sans influence sur ses auditeurs car elles étaient sûrement animées par cette passion pour les choses slaves qui l'avait conquis dès son arrivée à Göttingen et avait aussitôt converti en philologue cet officier de la garde. Il ne cessait de répéter que l'effort commun des slavistes devait tendre avant tout à élaborer une^rammaire et un dictionnaire comparés des langues- slaves, œuvre qui réclamait la connaissance scien-tifique de chacune de ces langues. Il travaillait à réaliser cette idée féconde tirée des leçons de son voyage. Il y revient sans cesse dans ses lettres : « Pour pouvoir faire une grammaire russe complète/il faut posséder tous les autres pariers slaves », écrit-il le 7/18 novembre 1805 à Schlözer qui lui avait posé une série de questions sur la grammaire russe.(20) Kajsarov a préparé un terrain favorable aux travaux prochains de K. Th. Kalajdovic et de A. Kh. Vostokov.(21)
[82]
Alexandre a grandement secondé son action à Moscou et à Pétersbourg. Dès son retour il fréquente assidûment le cercle de Karamzin, dont il suit les travaux, non sans éprouver quelque étonnement de les voir guidés par la plus sûre méthode et à les trouver au courant de toutes les recherches contemporaines. Karamzin vient de faire mettre au concours par l'université de Moscou les deux questions suivantes : « Quel est le plus ancien des alphabets, cyrillique ou glagolitique ? — Quel est le premier traducteur des Évangiles en langue slave ?»(22). Tout le monde à Moscou parle de ce concours. Alexandre ne pouvait manquer d'apporter au débat les solutions données à ces questions par les savants d'Autriche. Il s'entretient longuement de Stratimirovié avec Karamzin, en particulier de son opinion sur l'étymologie si controversée de knjaz, que Schlözer faisait toujours venir de Knecht, comme aux temps où cette origine, jugée humiliante par l'aristo-cratie russe, lui avait valu tant d'ennuis en Russie sous Catherine II. Stratimirovié, ne la jugeant pas moins humiliante pour un Slave, avait écrit sur ce sujet un petit livre que Karamzin désire connaître. Alexandre transmet ce désir à Stratimirovic qui aussitôt en envoie un exemplaire à Karamzin . Il a mis ainsi en relations directes avec l'historien russe, le métropolite de Karlovci.
Il ne perd d'ailleurs aucune occasion de parler de lui et de ses confrères. En mars 1806 il va à Pétersbourg se présenter à Nicolaj Nicolaevic Novosilcov. Celui-ci l'emmène chaque jour aux examens de l'Institut pédagogique et le charge d'interroger les candidats en économie politique et en histoire. En présence du ministre, des représentants de l'Académie et de nombreux visiteurs, Alexandre pose les questions et discute les réponses. Il étale sa science toute fraîche, en
[83]
faisant appel à l'autorité de ceux dont il a entendu les leçons dans son voyage. L'auditoire prend part aux discussions sur l'origine des Russes et sur les Varègues(24). Anton, Schlözer, Dobrovsky, Stratimirovic sont mêlés à ce débat. Leurs noms et leurs idées deviennent ainsi chaque jour plus familiers aux Russes. Alexandre les introduit de même dans les milieux littéraires qu'il fréquente, comme le salon d'Ivan Ivanovic Dmitriev et dans l'intimité de ses amis Merzijakov et Zhukovskij. « J'envoie à Prague », écrit-il à ces derniers(25), « la pièce de Merzilakov : A l'inconcevable au professeur de littérature tchèque Nejedly qui veut la publier dans une revue. Pour vous je vous enverrai à chacun un exemplaire de sa traduction d'Homère en tchèque. Elle est remarquable. J'ai maintenant l'espoir de lire Homère parce que je veux apprendre à fond le tchèque. Je ne l'aurais jamais lu en allemand quoique traduit par Voss. »
Nous voyons par cette lettre avec quelle chaleur Alexandre s'emploie à nouer d'étroites relations entre Russes et littérateurs ou savants des pays slaves d'Autriche. Kajsarov et lui ont aidé à leur union et à leur communion, en répandant la connaissance des travaux des Tchèques et des Serbes, de leur effort pour faire servir aux progrès de la slavistique les découvertes de la critique historique et philosophique allemande, vivifier celle-ci par l'étude de l'archéologie et du folklore, dresser le rigoureux bilan linguistique des dialectes et en retrouver les sources communes. Ils ont montré le chemin parcouru, et avivé autour d'eux le désir de le poursuivre. Ils fixaient sur des problèmes précis des curiosités un peu vagues qui avaient été déjà sollicitées dans la société russe vers les pays et les choses slaves par les campagnes de Suvorov et de l'amiral Chichagov, et que la fameuse brochure de Shishkov
[84]
(1803) sur l'ancien et le nouveau style (26) avait tournées vers les questions de langue. S'ils n'ont pas su publier le Voyage de deux Russes, auquel songeait Alexandre en lisant dès son retour à Moscou la première partie nouvellement parue, du Voyage en Saxe, en Autriche et en Italie, de Lubjanovskij(27) , ils ont préparé le succès des livres de D. N. Bantys-Kamenskij, en 1809, Voyage en Moldavie, Valachie et Serbie, deBronevskij, en 1810, De Trieste à Petersburg(28) , qui eurent un si profond retentissement sur les études slaves. Ils ont commencé à apprendre le chemin des Balkans aux jeunes savants comme Kalajdovic, Vostokov, Keppen, qui se forment dans les universités ou auprès de l'académie des sciences. Par leur action diffuse, ils ont été des animateurs et des guides.
Personnellement, Alexandre a rapporté de ce voyage, avec un enrichissement de ses connaissances européennes, un approfondissement des gains intellectuels qu'il avait retirés de ses études à Göttingen : goût de la recherche scientifique étendue à toutes les manifestations de la vie contemporaine, esprit d'observation méthodique, sens critique pénétrant. Ces qualités le serviront dans une carrière de tchinovnik comme elles l'auraient servi dans une carrière scientifique. Il est marqué pour le succès, si son libéralisme ne lui crée pas quelque fâcheuse aventure. Son attitude religieuse est devenue intolérante à l'égard du catholicisme et des Jésuites par manière de représailles contre leurs vexations à l'égard de l'orthodoxie. Mais c'est le seul changement profond que nous ayons observé en lui. Aucun des autres sentiments qu'avait fait naître son séjour à Goettingue n'a varié : haine
[85]
de la France révolutionnaire et de la servilité des cours d'Allemagne devant Napoléon, admiration de la science allemande, mais mépris de la vie allemande étriquée et mesquine, nationalisme ardent qu'enorgueillissent la grandeur de la Russie et sa force d'attraction sur les Slaves, ainsi que les promesses d'un nouveau règne ouvert à toutes les aspirations libérales.

------------


Notes
(1) Suite. — Voir Le Monde Slave, 1934, I, p. 321.
(2) Arkhiv..., p. 17.
(3) Arkhiv..., p. 39.
(4) Arkhiv..., pp. 76-77.
(5) Arkhiv..., p. 77.
(6) Arkhiv.... p. 53.
(7) Arkhiv..., p. 54.
(8) Arkhiv..., p. 72.
(9) Arkhiv..., p. 58.
(10) Arkhiv..., p. 17.
(11) Arkhiv..., pp. 40-41.
(12) Arkhiv..., p. 32.
(13) Arkhiv..., p. 36.
(14) Arkhiv..., p. 52.
(15) Arkhiv..., p. 42.
(16) Arkhiv..., p. 52.
(17) Arkhiv..., p. 52.
(18) Arkhiv.... p. 75.
(19) Sur la mort de A. Kajsarov, cf. Syn Otechestva (n° XXV, pp. 224-227) et Die Därptischen Beiträge fur Freunde der Philosophie, Literatur und Kunst (1813, 375-381). D'après la première, Kajsarov aurait été tué par un boulet, d'après la seconde par l'explosion d'un caisson.
(20) Arkhiv..., p. 100.
(21) Konstantin Theodorovich Kalajdovich (1792-1832), élève à l'Université de Moscou de 1807 à 1810, collaborateur du comte Rumjancev, publia en 1815 son étude sur la langue du Dit de la bande d'Igor.
Alexandre Khristoforovich Vostokov (1781-1864), d'abord aide-bibliothécaire à l'Académie des beaux-arts, puis traducteur à la commission de rédaction des lois, publia en 1820 une dissertation sur la langue slave : Razsuzhdenie o slavjanskom jazyke sluzhaschee vvedeniem k grammatike sego jazyka.
(22) Arkhiv bratjev Turgenevykh. Vypusk 2. Pisma i dnevniki Al. Iv. Turgeneva (1802-1811), p. 341.
(23) Sbornik..., t. LXII, pp. 700-702.
(24) Arkhiv..., à la note 1, p. 352.
(25) Arkhiv..., p. 106.
(26) Razsuzhdenie o starom i novom sloge rossijskago jazyka. Saint-Pétersbourg, 1803.
(27) Lubjanovskij († 1869) sénateur, était secrétaire du ministre de l'intérieur lorsqu'il publia ce voyage en trois volumes. Il a traduit Télémaque en 1805, et deux œuvres de Heinrich Stilling, Le regret de la patrie (Moscou, 1810-1816) et Theobald ou les rêveurs (Moscou, 1819).
(28) Sur ces deux livres de Bantysh-Kamenskij et de Bronevskij, cf. l'étude de Pypin, «Russkoe slavjanovedenie v XIX veke», (Vestnik Evropy, 1889, n° VII).



Retour au sommaire