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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


-- A. Lunacharskij : «Latinizacija russkoj pis'mennosti», Kul'tura i pis'mennost' Vostoka, 6, 1930, p. 20-26.

L'article de Lunacharskij résume tout d'abord les difficultés d'ordre politique qu'a provoqué ce grand changement que représente pour la société orientale le passage à l'alphabet latin. D'après lui, cependant, la population même s'est rendu bien vite compte des avantages de cette transformation, dotn les plus importants sont le fait que l'écriture latine est plus facile et le fait qu'elle représente un “pont” vers les alphabets de la plupart des peuples.
Le problème de l'héritage culturel, discuté à la même époque par les cadres netionaux, est pour Luna_arskij inexistant: d'après lui, la littérature que possèdent les peuples orientaux ne représente pas de valeur historique, et les vieux livres doivent céder la place aux livres à contenu révolutionnaire.
Quant à la thèse que l'écriture latine soit plus facile à apprendre, Lunacharskij souligne qu'il était impossible d'apprendre la ?langue turque? (dont les langues particulières des peuples turks ne sont que des variantes) à travers l'alphabet arabe.
C'est dans ce contexte de grande foi en l'alphabet latin, pour tous les peuples de l'Union, que surgit l'interrogation sur le remplacement de l'alphabet carillique pour la langue russe par l'alphabet latin. Notons que Lunacharskij a discuté de ce sujet avec Lénine. D'après celui-ci, il ne faut pas être pressés dans un chemin aussi difficile car l' élaboration d'un alphabet latin pour le russe prendra énormément de temps. Ou plutôt, on ne peut pas faire de faux pas dans cette entreprise, car toutes les critiques sur le nouvel alphabet risquent de se retourner contre les dirigeants du pays. Lénine propose donc de remettre cette entreprise à plus tard.
Cependant, les peuples de l'Union adoptent un après l'autre l'alphabet latin, et dans ce contexte, d'après Lunacharskij, l'alphabet carillique éloigne les Russes non seulement de l'Occident, mais aussi de l'Orient. Dans ces nouvelles conditions, l'introduction de l'alphabet latin pour la langue russe est une exigence de l'époque. Et c'est en 1930 que la Commission de l'administration des institutions scientifiques (Glavnauka) commence ses travaux qui se concentrent sur les principes de l'élaboration du nouvel alphabet pour le russe.

(Elena Kokochkina-Simonato)

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