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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

-- Le discours du professeur Mechtchaninoff à la commission de la théorie «günes¸ - dil», Türk-dili, Türkçe-Francızca Belleten (Bulletin publié par la Société linguistique turque), n° 21-22, février 1937, pp. 198-202.

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        M. Ahmet Djévat ainsi que les autres savants turcs ont parfaitement raison quand ils trouvent que la linguistique générale faisait un grand défaut en laissant la langue turque de côté.
        Premièrement sans la langue turque plusieurs faits linguistiques sur lesquels se basait la linguistique générale, restaient obscures. C'est pourquoi je trouve qu'il faut tout directement dire ce que font les savants turcs, que la langue turque doit trouver sa place actuelle parmi les autres langues du monde quand nous posons des questions sur la linguistique générale.
        Si l'on s'appuie sur les matériaux de la langue turque, la linguistique générale ouvre une nouvelle période de ces travaux.
        La langue est étudiée comme la production de l'homme et ouvre dans ses matériaux l'histoire survécue par l'humanité.
        Grâce à cela les savants turcs unissent les études des matériaux linguistiques avec les études des périodes de la mentalité.
        Nous aussi, les savants soviétiques étudions la langue en pleine histoire humaine. Nous constatons que dans les temps les plus anciens se trouvaient des groupes sociaux qui après formèrent des peuples et des nations. En même temps, les langues auparavant séparées se ressemblent aux langues des peuples et langues nationales.
        Comme dans la vie sociale ainsi que dans l'histoire de la langue, nous avons des périodes, la sémantique aussi a survécu à diverses, périodes. Au commencement l'homme primitif a donné le sens à ses paroles suivant ses besoins primitifs de vivre et de travail. C'est après que la sémantique se développe, suivant le développement de la mentalité déjà logique.
        Ainsi nous avons divers parallèles sémantiques qui se mêlent.
        Chaque langue à présent unit comme un complexe et en même temps un compositum de diverses périodes survécues par elle et par les autres langues précédentes.
[199]            
        Ainsi nous trouvons qu'il existait des périodes dans l'histoire de la langue dont les éléments se montrent comme des éléments survenus même dans les langues contemporaines les plus développées.
        M. Ahmet Djévat admet qu'au commencement nous avons une période de la langue mimique. Cette question approfondie par M. le professeur Marr doit être approfondie par les linguistes, anthropologues, archéologues, c'est à dire par les historiens.
        Les savants turcs, comme nous le voyons aussi dans le rapport de M. Ahmet Djévat, trouvent que la langue en paroles se développe à l'époque néolithique et qu'à cette époque, se développait aussi le culte solaire.
        Jusqu'à présent, nous avons pensé que le culte solaire est assez moderne, que c'est l'agriculture qui a donné à l'humanité l'idée de cultiver le soleil. A présent je peux assurer l'auditoire que cette conclusion que le culte solaire se montre seulement à l'époque agricole n'est pas juste.
        Nous avons obtenu de nouveaux matériaux exceptionnellement intéressants pour ce problème, pendant ces deux dernières années.
        En 1935, le professeur Rafdonikas, sur le côté du Lac Onega et de la Mer Blanche, a trouvé des dessins que j'ai l'honneur de présenter à l'assistance, qui sans aucun doute confirment qu'à l'époque du néolithique, on avait déjà une représentation du soleil assez développée.[1]
        Ce n'est pas un agriculteur mais c'est un chasseur et ces travaux que je viens de montrer nous donnent la représentation du soleil, seul, du soleil qui accompagne les animaux, surtout les oiseaux et le soleil avec la lune qu'il tient dans sa main un homme masqué en animal.
        Ainsi nous pouvons constater que les savants turcs et Ahmet Djévat Bey, ont raison en affirmant que le culte solaire existait déjà à l'époque néolithique.
        II faut approfondir le thème et l'école des linguistes turcs est en plein force en continuant ses travaux très intéressants et très importants pour la linguistique générale.
        Nous, les savants soviétiques, avec un grand plaisir, prendrions part à ces travaux, si nos amis les savants turcs nous demandent notre concours.
        Nous attendons avec impatience des résultats splendides qui doivent suivre entre le 3ème et 4ème Congrès dans les travaux uniques des grandes associations: la société historique et la société linguistique, la future Académie des Sciences turques.

       



[1] Les photographies de ces dessins sont soumises par le Prof. Mechtchaninoff à la commission. Nous sommes heureux de les reproduire dans ce numéro de notre bulletin.

Les dessins trouvés sur le côté du lac Onega et de la Mer Blanche, confirmant que le culte solaire existait déjà avant l'époque agricole.