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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

-- A. Meillet : c-r. de Institut jazyka i literatury. Učenije zapiski. Tome I (Lingvističeskaja sekcija). Moscou (Izdanije Ranijon), 1927, in-8. 134 p, BSLP n° 29, 1929, fasc. 1, p. 16-17.

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        Un groupe de linguistes de Moscou, présidé par M. Ušakov, MM. Peterson, Sergijevskij. Seliščev et Mme Šor, s’est proposé d’étudier le langage au point de vue social et a organisé un recueil de mémoires qui était prêt, depuis 1923. mais qui n’a pu être publié qu’en 1927.
        Le recueil comporte à la fois un exposé de doctrines et des résumés de recherches. Il indique une tendance.
        Le premier mémoire, de M. Peterson, résume le travail déjà fait pour mettre en évidence les actions sociales sur les langues. Que la langue soit un fait social, c’est chose évidente, et tous ceux qui ont réfléchi l’ont vu dès l’abord. Le
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difficile, c’est de montrer où et comment se produisent les actions. M. Peterson donne une bibliographie qui, en gros, est correcte. Il lui a malheureusement échappé que le livre où les problèmes sont traités de la manière la plus profonde, celui qui est un modèle, est la thèse du regretté Maurice Cahen, Etudes sur le vocabulaire religieux du vieux Scandinave, que cite du reste plus loin Mme Šor.
        L’article de M. Sergijevskij sur l’histoire du français est trop bref pour que l’auteur ait pu entrer avant dans les choses. Les actions sociales, évidentes au premier coup d’œil, restent à préciser. Les travaux de M. Brunot sur le français des derniers siècles font faire ici un progrès décisif pour les périodes modernes.
        A propos de la région de Kazan, M. Seliščev montre, de manière intéressante, comment des sujets tchouvaches ou tchérémisses deviennent bilingues en apprenant le russe, et comment le russe s’étend par abandon de la langue inférieure devenue inutile. L’article apporte de bons faits à la théorie des substrats. Le russe ainsi adapté a des caractères phoniques particuliers. Quant à la morphologie, on y observe une extension remarquable de certaines innovations analogiques ; ainsi le génitif pluriel en -ov s’étend aux neutres et aux féminins, et l’on entend des formes comme mestóv (mestóf), dúšef, etc., bel exemple de l’extension que prennent les formes caractéristiques lors des changements de langue.
        Les seuls mémoires portant sur une langue ancienne sont ceux de Mme Šor qui traitent de problèmes védiques, notamment de l’ordre des mots.
A. M.