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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


— ŽIRKOV L.I. : «Ko vsem li jazykam primenim latinskij alfavit? Opyt slogovyx alfavitov Sev. Ameriki», Kul'tura i pis'mennost' Vostoka, 1931, VII-VIII, str. 38-57.

Résumé
L’article de Žirkov expose les problèmes auxquels se heurtent depuis le XIXe siècle les diverses tentatives de création d’alphabets pour les peuples «peu avancés» de l’Amérique du Nord. Les difficultés pratiques et les succès de certains alphabets au détriment des autres font apparaître les particularités des langues des indigènes américains qui seraient probablement restées cachées sans cette optique.
Dans la bouche de Žirkov, le problème de savoir si l’alphabet latin est applicable à toutes les langues, se transforme en question de savoir si tout alphabet doit être construit selon le principe phonématique (un signe – un phonème). Sa typologie des langues débouche sur une hiérarchie des langues et par là, sur une hiérarchie des peuples en «avancés culturellement» et «peu avancés culturellement». Les premiers parleraient des langues phonématiques tandis que les seconds parleraient des langues syllabiques (où la syllabe est l’unité minimale). Le phonème, ou phonème-son, zvukofonema est vu comme signe du stade supérieur dans l’évolution des langues et des peuples.
On sait qu’à cette époque en URSS, c’est N. Marr qui supposait l’existence de stades dans l’histoire de l’écriture, stades parallèles à ceux de l’histoire des langues. C’est de Marr que s’inspire probablement Žirkov. Les langues des peuples non civilisés pourraient d’après lui employer un alphabet syllabique (ou un signe correspond à une syllabe), plus facile à apprendre pour ces indigènes.
Sa thèse devrait d’après lui être prise en considération lors du passage d’une langue comme le chinois à l’écriture latine. Sur ce point, ce que Žirkov annonce de plus important, c’est la nécessité de concilier deux exigences dans l’alphabet, à savoir correspondre au système de la langue (syllabique ou phonématique) d’un côté, mais de l’autre la nécessité d’employer l’alphabet latin qui est le seul moyen pour un peuple de ne pas se retrouver dans un état d'isolation culturelle.

(Elena Kokohkina-Simonato)


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