Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы
-- Patrick SERIOT : Limites, bornes et normes : la délicate constitution de l'objet de connaissance en sciences humaines
Conférence à l'Université de Nancy-2 / CNRS. Laboratoire de philosopie et d'histoire des sciences (Achives Henri Poincarré - UMR 7117), 28 mars 2007
La représentation intégrale d'un objet à connaître est impossible, sauf à le reproduire à l'identique, ce qui n'a rien à voir avec une connaissance, telle est la thèse de l'écrivain L. Borges dans sa nouvelle "L'avenir de la science", dans laquelle il montre les apories liées à la carte à l'échelle 1:1. La crise de la phonétique expérimentale au début du 20e siècle en apporte une démonstration très concrète : l'invention des machines à enregistrer le son (T. Edison), au lieu de faire pénétrer dans l'essence de la langue, n'ont fait que produire un désespoir total devant l'impossibilité de rendre compte de toutes les nuances des sons. Seul un changement de point de vue (passer du "modèle" comme chose à imiter au "modèle" comme objet construit dans et par une théorie) a permis d'élaborer une théorie de la connaissance qui abandonne le fantasme empiriste de la représentation totale. Les étapes du refus de Saussure en URSS dans les années 1920-1950 sont un bon exemple des résistances occasionnées par ce changement radical de perspective.