Un des aspects qui semblent être intéressant, c’est l’université. Pour ma part, écrire à ce propos me paraît incomplet. J’appréhende cela plus à l’aide de mes yeux. Mais prenons le problème par un bout et montrons-le.
Une journée à l’université…
Cela commence par le réveil (comme c’est étrange…), une douche, un petit café, et hop, c’est parti. Pour aller à l’université, il y a plusieurs moyens : le métro, ça ne vaut pas la peine (10-15min de marche jusqu’au métro, descente par un escalator vertigineux, attente (courte, je l’admets), métro, remontée par un escalator vertigineux similaire, sortie, marche à pied d’environ 20min, bref trop compliqué. Ensuite, il y a la possibilité de prendre une marchroutka (il y en a souvent, mais évidemment, mieux vaut ne pas se tromper de numéro !!), demander poliment et dans un bon russe où s’arrêter (je me gêne à ce niveau-là, j’ai trop peur de me tromper dans les cas : est-ce qu’il faut le prépositif pour dire où je veux que je sois après l’arrêt ou mieux vaut utiliser l’accusatif, car nous sommes en route ??), marcher jusqu’à l’université. Et enfin, la possibilité que j’ai choisie, l’autobus. Ce qui est pratique avec le bus, d’ailleurs, c’est qu’il y en a aussi passablement qui passent devant la maison d’étudiant et aussi, avec l’abonnement mensuel, ça nous fait de belles économies. Autre avantage intéressant, on peut aller jusqu’au résidences impériales en bus sans payer de supplément…surtout quand on sait qu’elles se trouvent à environ 30-45min de la station de métro la plus éloignée du centre…
Cela continue par une petite ou moins petite attente à l’arrêt de bus. Ce moment sera d’ailleurs très agréable lorsqu’il fera moins 20 degrés… Ensuite, rassemblement tactique : tous les étudiants des trois corpus semblent s’être donné rendez-vous pour prendre le même bus du matin. Une fois je me suis demandée combien pouvait contenir un bus. J’ai lu sur une pancarte : 140. Eh bien, j’ai bien l’impression que le matin, il doit bien avoir 140 personnes, si c’est pas plus. Il suffit de se représenter un concert en Suisse, là où la foule est la plus dense et bien c’est cela de prendre un bus le matin, à St Pétersbourg. Mais, tout à coup, aux environs de ce qui me semble être un lycée, les deux tiers du bus se dévide. Incroyable, on peut enfin respirer. Une chose est certaine, lorsque vous prenez le bus, déshabiller vous avant de monter (à l’intérieur il n’y a pas de place pour bouger) et faites attention à vos affaires, pour éviter de vous rendre compte que votre sac à dos est à moitié vide.
Je dis cela, parce qu’aujourd’hui j’ai failli avoir cette mauvaise surprise. Pourtant, je n’étais ni dans le bus, ni entourée d’une foule plus que dense, ni à une heure de pointe : j’attendais seule, au devant d’une caisse de métro, mais soudain, quand j’ai voulu prendre mes pièces de métro, j’ai senti quelqu’un qui m’était un peu trop proche et, par la suite, mon sac à dos était entr’ouvert. Pauvre jeune homme voleur, car mon sac ne contenait rien de bien intéressant pour lui : un pull de fille, ma trousse d’école, un livre de linguo-culurologie et un porte document avec la liste de mes cours. Toutes mes valeurs, j’essaie d’y prêter le maximum d’attention et elle se trouve ailleurs !! Mais je crois que cela sert de leçon, malgré ma vigilance permanente…
Je m’éloigne encore de mon sujet, mais comme tout me semble lié, j’aime à faire des digressions. Le bus est également un bon moyen de teste le sauna à la russe : c’est incroyable ce qu’il peut y faire chaud !!!
Après environ 35min de trajet, nous arrivons enfin à destination : arrêt entre la Kunstkamera et l’université. Il faut alors risquer à deux reprises sa vie (deux passages piétons…) et ensuite longer quelques bâtiments (dont en large celui des douze collèges, car en long, c’est interminable) et enfin, on arrive au bâtiment de la Faculté de philologie. Il faut alors traverser une porte, ah non, deux portes en bois. Cela ressemble en effet à un entonnoir de portes, comme pour éviter qu’il y ait trop de personnes à la fois, mais surtout pour éviter que le froid ne rentre dans cette bâtisse à l’âge respectable. Là, tel un aventurier du désert, sortez votre carte d’étudiant indigène pour montrer au comptoir qui se présente devant vous : là, une dame vérifie les entrées (non pas les sorties). Vous voilà enfin dans le lieu qui est dédié à votre éducation.
Commence alors le parcours du combattant dans un dédale incroyable. Déjà, la logique est un peu compliquée. Tout d’abord, si l’on ne sait pas qu’en Russie leur deuxième étage est le premier pour nous, on risque de s’emmêler. Mais pour cela, nos professeur(e)s nous l’ont bien enseigné. Ensuite, à la Filfak pétersbourgeoise, comme le bâtiment est en carré dans lequel se trouve une grande cour à l’air libre, les grands malins ont décidé de désigner le tout par secteurs au nom des plus adorables : haute école, olympe (c’est vrai que lorsqu’on y monte les escaliers sont tout autant vertigineux que celui du métro, mais bien plus étroit, presque en colimaçon et pas automatiques…), labyrinthe, polygone et le meilleur, catacombes. Cela promet, sinon, cela peut dépendre des étages, car le deuxième ne porte pas de nom, mais cela dépend aussi où. Bref, je m’y serais souvent perdue si je n’y allais pas avec mes camarades de classe. Ensuite, les salles de classe sont minuscules. On est 10 dans certaines que la salle est trop pleine et qu’il n’y a plus de places. Le chauffage ne marche pas ou tellement que l’on doit ouvrir les velux.
Mais ce qui est le plus amusant, c’est lors des changements de classe. Montées et descentes des escaliers, presque plus ressemblants à la montée au grenier ou à la descente à la classe, se fait sans croisement : c’est parfois tout simplement impossible, comme les corridors sont étroits. Ou alors, il faut faire attention à sa pauvre tête sous peine de se cogner à plusieurs reprises (ce que j’ai d’ailleurs appris à mes dépens). Enfin, le plus drôle, cela doit être les toilettes. Il faut absolument savoir où elles sont, sinon, tant pis pour vous, car ce n’est pas toujours indiqué (même pour différencier celles des garçons des filles). Après, ça va.
On prend un café à une machine qui se trouve sur votre chemin, on déambule dans les corridors ou on traverse la cour pendant la pause, pause agrémentée assez souvent de musique. Eh non, pas que Tchaïkovsky, Yann Tiersen, comme n’importe quel groupe a droit à son petit moment.
Un univers bien incroyable que celui de l’université, ou n’importe quel bâtiment, aussi en décomposition soit-il, peut accueillir le service informatique qu’il vous faut, le décanat, etc. Et l’une des petites cafétéria où l’on se bouscule entre 12h et 16h pour prendre son repas, si l’on a une pause. Là également, étrangeté qu’est la façon de vous vendre un thé ou un café (soluble de toutes manières). Un gobelet à remplir dans une des fontaines à eau munie d’une instrumentation inconnue de ma part permettant de remplir votre pauvre gobelet en plastique d’eau bouillante. Le thé coûte 6 roubles, plus un rouble pour le sucre… Du coup, on a même pas besoin de se forcer de ne pas prendre de sucre !!! On ne vous le donne pas sans un petit rouble supplémentaire…
Pour ce qui est des cours, il est difficile à dire qu’ils sont différents de ce que l’on connaît en Suisse. Peut-être que l’on voit plus d’étudiants préoccupés par leur conversation téléphonique, ou conversation tout court, leur manucure, d’arriver en retard… Sinon, la plupart d’entre eux, comme je suis dans un programme de master pour l’enseignement du russe langue étrangère, on est à l’heure, peu dissipé. Ou alors, les étudiants ont tendance à couper le professeur pour pouvoir émettre leur opinion. La vie estudiantine est donc un peu partout la même. Quoique, je n’ai certainement pas encore eu le droit à mon choc culturel en la matière…