La porte sur l’aventure
Aujourd’hui, ce fut une grande journée, ma première expérience dans une gare russe. Non pas que je ne suis jamais allée à la Moskovskij Vokzal. J’y ai d’ailleurs accompagné mes amies italiennes lorsqu’elles ont acheté leur billet pour Moscou, un sésame que l’on a immortalisé par une photographie… C’est aussi dans cette gare que j’ai gardé le souvenir de la statue de Pouchkine sur pellicule. Il trône fièrement et derrière lui est écrit sur le mur Санкт Петербург (Saint Pétersbourg). Un cliché d’artiste… Je mentionne cet événement pour avertir la population !! On pourrait penser, avec raison, que c’est un épisode tout à fait anodin pour une touriste que je suis à mes heures. Mais c’est maintenant que je dois brandir un gros panneau sur lequel est écrit en lettres rouges et clignotantes qu’il ne faut surtout pas photographier l’intérieur des gares, des aéroports et du métro en Russie… Je l’ai heureusement pas appris à mes dépens, mais je crois que je l’ai su suffisamment tôt pour éviter de me retrouver face à un agent de police… C’est peut-être pour ça que les gens me regardaient très étrangement quand je prenais ces clichés… Un homme averti en vaut donc deux…
Toujours est-il que j’ai des photos (touristiques et non pas d’espionnage, je le souligne, TOURISTIQUE !!!) de la gare Moskovskij… Avec le métro, ce sont des bâtiments avec un intérieur splendide… à voir.
Mais après-en, j’ai des photos de l’extérieur de la plus vieille gare de Russie, la Vitebskij Vokzal. C’est là, d’ailleurs, que commence ma vraie première expérience d’une gare russe. Plutôt, cela a débuté la veille des clichés.
Mon amie camerounaise, qui est aussi russe, m’a proposé d’aller avec elle à Pskov chez sa grand-mère. Nous allons donc profiter du jour de congé supplémentaire accordé à l’occasion de la fête nationale du 4 novembre. Comme la fête tombe un dimanche, il remplace ce jour de repos par un jour de la semaine, qui se transforme en un jour férié. Ce sera donc lundi 5.
Bref, avec ma copine camérou-russe nous nous sommes rendues à la dite gare après les cours (fin à 19h) pour acheter les billets. Il est préférable, en effet, se prendre le plus tôt possible ici, car il n’y a pas d’automates CFF et les places sont comptées, sans oublier que le billet est nominatif aussi. Lorsque nous sommes arrivées enfin, c’était déjà trop tard. Nous avons donc décidé, après un petit concile de Trente, que je reviendrai le lendemain matin, le plus tôt possible, pour achever cette mission. Lever donc à 7h, départ, visiblement pas très pressée, à 8h25 de la maison d’étudiants. Attente du bus. Ce dernier devait m’amener jusqu’à la station de métro la plus proche (Primorskaja). Je suis montée dans le bus après avoir attendu sous un porche protégeant à demi de la pluie. Là, je montre, comme à l’habitude, mon abonnement mensuel (проездной билет). Puis, un jeune couple avec des valises paie également leur trajet. Le jeune homme sort un abonnement magnétique que la contrôleuse vérifie à l’aide d’un dispositif électronique à mi-chemin de la guerre des étoiles, version seventies. Vient alors le tour de la jeune demoiselle qui tend un billet de 500 roubles pour un billet de 14 roubles. Mauvaise idée que celle-là… Pour ma part, j’ai déjà essayé de faire de payer une marchroutka avec un billet de 1’000. Un souvenir inoubliable !! Bon, la pauvre demoiselle n’avait pas de monnaie, ce n’était donc pas de la mauvaise volonté. Je peux la comprendre car les bancomats ne crachent que des billets de 1’000 (c’est très rare de plus petites coupures, faut savoir où se trouve de tels mur à billet !!). C’est alors qu’une dame d’un certain âge a décidé d’entamer une discussion philosophique avec ma personne. Pour ceux qui me connaissent, c’est un exploit pour moi le matin de pouvoir discuter, déjà en français, j’ai tendance à grogner plus qu’à prononcer des sons compréhensibles… Après s’être indignée, la dame en question s’exprime sur la décadence de la jeunesse actuelle et que pour eux, tous les moyens sont bons pour ne pas payer. Je lui dis que je ne suis pas très au courant de ces affaires (et d’ailleurs, j’ai l’air si vieille que ça ??), des mœurs de la jeunesse russe actuelle. Elle me réplique alors que c’est tant mieux pour moi.
A la fin de mon trajet, après qu’elle ait évoqué « son » temps, j’ai alors senti comme de la nostalgie de l’époque communiste dans son discours. Je peux le concevoir, surtout lorsqu’on voit la situation dans laquelle se trouve la vieillesse russe, avec une pension ne s’élevant pas à plus de 300 francs par mois. Puis, en raison probablement de mon accent prononcé, elle me demande d’où je viens. Après ma réponse, quel étonnement pour mes yeux : elle se penche légèrement en arrière, s’exclame d’un « oh » significatif, et poursuit par un « c’est la première fois que je vois quelqu’un qui vient de Suisse. C’est un pays riche !! ». « Oui », lui réponds-je « mais les gens ne sont pas du riches ». Je commence à prendre cette habitude de le souligner, car finalement, bien que l’on soit bien loti en Suisse, nous ne sommes pas tous Crésus. Ainsi s’est terminée ma rencontre avec cette dame. En Russie, ce n’est pas anodin que les personnes d’un certain âge se mette à vous parler. Elles sont très communicatives. Je pense que c’est d’autant plus vrai dans la campagne.
Ma quête du billet de train pour Pskov se poursuit dans le métro. Je crois que j’ai vraiment saisi la notion de « толпа » (foule dense) lorsque j’ai pris pour la première fois le métro à St Pétersbourg à une heure de pointe. Et ce matin fut à nouveau le cas. C’étaient bousculades à l’entrée pour tenter de rentrer par l’unique porte ouverte à cette heure. Une façon de canaliser les personnes agglutinées. Cela doit être bien sympa, en plein hiver, à -10° à 9h du mat’. Heureusement que je n’ai pas à prendre le métro, bien qu’on peut se demander si le bus c’est plus sympa, comme tout mouvement à l’intérieur est simplement impossible.
Le métro n’a rien d’exceptionnel. C’est un métro. Quoique, les stations de la ligne 1 sont splendides !! D’ailleurs, de ma ligne 3, au départ de la station Primorskaja, je devais aujourd’hui changer à Majakovskaja (une très belle station décorée par des murs en japonais rouges), direction Ploshad’ Vosstanja qui se situe sur la ligne 1. Et de là, jusqu’à la station où se trouve la gare Vitebskij.
Je me suis alors dirigée dans la gare pour me procurer le fameux sésame : 2 billets aller-retour pour Pskov. Alors, après avoir demandé le retour pour la fin de la journée du lundi, la caissière m’a dit que depuis Pskov il n’y avait que le train de nuit au retour. Il m’a fallu donc réfléchir, voir à une borne électronique pour savoir s’il n’y avait pas de train plus tard, ou plutôt voir s’il n’y avait pas d’autres possibilités (un autre jour, notamment), puis téléphoner à mon amie pour savoir si 4h19 du matin ça lui convenait, car, visiblement, on n’avait pas trop le choix. On a donc décidé de faire ainsi, mais au lieu de rentrer le lundi soir, ce serait mardi matin, afin de profiter au mieux de deux jours pleins à Pskov. En effet, nous avons prévu de partir le samedi à 17h20. Notons que pour aller à Pskov, ce n’est pas loin du tout : 5h de trajet… Je suis donc revenue vers la caisse, j’ai attendu la fin de la pause technique (10 min) et j’ai demandé à la caissière à nouveau ce que je désirai, avec les petits changements.
Comme un hic ne vient jamais sans un hoc, elle m’a dit qu’il n’y avait plus de places assises pour le retour (ce qui signifie un prix triplé). Je me suis donc décidée pour le train de 2h55 puisqu’en fin de compte, 1h plus tôt ou plus tard cela revient alors au même. Retour prévu pour 8h08 à St Pétersbourg. Total pour 10h de trajet (environ) :18 francs suisses… (mes amis les CFF, pensez-y…)
Et voilà comment se passe l’achat d’un billet de train en Russie. Les billets ressemblent d’ailleurs à ceux des avions, niveau taille.
Après tous ces efforts, je me suis arrêtée dans un café assez chicos pour écrire : Mac Café. Eh oui, après toutes ces émotions, j’en avais bien le droit, non ?
1.11.07