Comme je l’ai déjà écrit, les grandes réflexions me viennent dans les transports en commun, alors même que, tout bien réfléchi (à tête reposée et après une longue journée…), ce n’est pas forcément un lieu qui permet de grandes digressions. Avant de parler du sujet des transports publics pétersbourgeois qui, à mon humble avis, méritent le détour, je désire mettre sur papier électronique ceci. Grande cogitation dans la marchroutka : sagement assise dans ce mini-bus privé (moitié taxi, moitié transport public, indéfinissable si l’on en fait pas l’expérience), j’ouvre alors mon agenda pour me faire patienter les 20 min de trajets jusqu’au bâtiment universitaire où je dois me rendre pour… enfin, vous savez maintenant. Toujours est-il que j’inscris parfois les pensées d’auteurs ou de personnes que j’ai trouvé intéressantes. Cette fois-ci, c’est un peintre russe qui m’a inspiré. Il se nomme Slavinsky et j’ai eu la chance de me rendre à sa galerie située sur l’île Vassilievskiy (là où je loge. C’est une grande île qui devait être le centre stratégique de la ville, et inondé en cas d’invasion, ironie du sort… les eaux du golfe de Finlande se chargeait naturellement des inondations…). A côté de l’une des grandes toiles du peintre (environ 1,5m sur 3m), représentant un amoncellement de dollars digne d’un rêve d’un certain Picsou…, une petite légende qui m’a paru intéressante. C’est comme si, à quelque part, elle résume ce que j’ai vécu jusqu’à présent dans la ville de Pierre :
« (…) Amour = Argent – Temps
Argent = Temps – Amour
Temps = Amour – Argent (…) »
Ivan Slavinsky
Eh bien… Malheureusement, l’amour pour moi est ailleurs…
Toutefois, peut-être qu’en partie, cette phrase retranscrit aussi ce qui me paraît être le quotidien des pétersbourgeois.
Et comme je suis pleine de bonté aujourd’hui (hum…), je retranscris ici la version originale et complète pour les russophiles…
« Девятый вал 2007.
Любовь = Деньги - Время
Деньги = Время - Любовь
Время = Любовь – Деньги
Почему бы нет...? »
Que de belles paroles inspirées par une malheureuse marchroutka. Je peux enfin revenir à mon sujet premier : Manuel du fonctionnement des transports pétersbourgeois, suivis de quelques observations.
Tout d’abord, prenons ce qui est le plus exotique pour un pauvre enfant de l’Ouest : la marchroutka. Renseignement pris (merci Guide Michelin…), ce mot vient de « marchrout », signifiant itinéraire. Une marchroutka suit donc un itinéraire. Et en même temps, c’est une sorte de taxi, puisque privé. Bref, je crois que le plus simple sera l’explication par l’exemple et quel exemple n’est pas plus illustratif que l’illustration d’une expérience personnelle ? En tous cas, c’est bien plus amusant !! Je me situe au 20 de la rue Korablestroiteley (on devait certainement construire des navires à l’époque… étrange, comme cela rejoint mon thème des transports…), là où se dresse les trois « corpus » de la maison d’étudiants (il doit y avoir la possibilité d’y loger 2'000 personnes, d’où la nécessité de transports performants…). Au bas des ces tours en pseudo-étoiles, il y a une station d’autobus où les marchroutkas s’arrêtent également. Pour se rendre à l’université, je sais que je peux emprunter la marchroutka n° 362. Lorsque l’un de ces mini-bus-taxi arrive, les gens y montent et paient directement au chauffeur qui, dans un élan de bonté, s’empresse de vous rendre la monnaie en continuant son chemin. Il ne faut pas vous étonner, ici, le code de la circulation est un mot qui n’a pas la même signification qu’à l’ouest. Parfois, le chauffeur vous rend la monnaie par briques et morceaux ou la laisse à ses côtés et c’est à vous de la prendre. Il y a aussi la façon plus commode que certains empruntent pour payer leur dû : on s’assied et l’on donne l’argent devant soi qui fait son bout de chemin jusqu’au conducteur et la monnaie restante passe de main en main jusqu’à son propriétaire. Cela m’a paru étrange au début de voir comme tout le monde paie directement. J’aurai pensé que des petits malins auraient essayé de frauder (surtout qu’on a la possibilité de monter dans une marchroutka à l’arrière, comme pour un bus), mais non. Lorsque vous avez pris place (dans une heure de relatif calme), vous attendez votre arrêt et peu avant votre destination, il faut être agile et dire au chauffeur de s’arrêter là où vous le désirer. Ainsi, il peut s’écouler parfois 100m entre deux arrêts (j’ai alors trouvé que c’était une aberration de la part des passagers de ne pas descendre plus tôt) où bien plus. La marchroutka peut donc s’arrêter à ce que je vais nommer par le « nulle part » : au milieu d’une rue, juste avant ou juste après un feu. Bref, là où l’on a demandé de s’arrêter.
Deuxième transport très intéressant, plus connu dans notre contrée : le bus. On en compte moins à l’heure, mais coûte généralement 2 roubles de moins !!! (quelle grande économie : 10cts…). On y monte et on attend que le/la contrôleur(e) (c’est d’ailleurs plus régulièrement une femme), qui est appelé ici « konduktora », vienne vers vous pour que vous lui montrer votre abonnement ou que vous lui donniez l’argent nécessaire à payer votre billet (petit bout de papier numéroté déchiré par les soins du contrôleur). Et voilà, vous avez le droit de vous rendre où vous mène l’engin. Un petit élément qui est assez intéressant dans les bus est la place réservée au contrôleur. Une petite place assise à proximité de l’entrée médiane du bus, une place où toutes les rêveries semblent permises...
Et enfin, dernier transport en commun : le métro. A l’entrée, tenez bien la porte pour le prochain (exercice plutôt difficile, nécessitant une certaine force, car elles semblent être faites pour être résistantes à je ne sais quoi). Entré dans le hall, dirigez-vous auprès d’une des caisses et demander, lorsque vient votre tour, combien de jetons vous voulez. Et oui ! Ce sont des jetons métalliques qui vous permettent de passer les barrières semblables à n’importe quel métro. C’est comme si l’on entrait dans un parc d’attraction où l’on change la monnaie pour augmenter la sensation de rêve… Lorsque vous avez donc pu passer les portes donnant accès au métro (ce qui peut prendre plus ou moins de temps suivant l’affluence), vous suivez la foule (et parfois, vous ne pouvez faire autrement) qui se dirige vers l’un des escaliers roulants qui mène à la station à proprement parlé : un escalator, dont l’inclinaison est limite à 50°, vous transporte durant environ 3 min. C’est alors qu’on a l’impression, la première fois, de passer une éternité avant d’atteindre les rames. Surtout lorsque l’on tente de se pencher pour voir la fin et que l’on ne voit rien (la sensation est pareille au milieu de la descente : on ne voit ni le début, ni la fin). Au bas, on sait alors que l’on se trouve bel et bien sous la Neva (paraît-il que le métro de St Pétersbourg est le plus profond du monde…). C’est alors qu’il s’agit d’être malin : choisissez la bonne gauche ou la bonne droite : les destinations sont différentes d’un côté ou de l’autre. A ce moment, ce ne sont pas les panneaux indiquant les destinations qui m’ont paru le plus étrange, mais plutôt les panneaux lumineux : vous avez celui du milieu qui vous indique l’heure (avec les secondes, s’il vous plaît !! on se croirait presque en Suisse !!) et ceux des côtés on la fâcheuse tendance à vous indiquer non pas le temps qui reste avant la prochaine rame, mais plutôt le temps qui s’est écoulé depuis que vous avez raté le dernier train… fort sympathique, vais-je dire !! Notons, finalement, que le métro pétersbourgeois, bien qu’il soit pas facile de le trouver dans la rue (pas de panneau indicateur, juste un petit M au-dessus des portes d’entrée), il reste néanmoins propre (même s’il n’y a ni poubelles à l’intérieur des rames et des stations… et rarement des personnes qui nettoient) et certaines stations sont assez belles.
J’arrive enfin à un chapitre intéressant, concernant la circulation routière. J’avais cru tout voir lors de mon voyage en Chine. Eh bien, c’est presque pire, la Russie. J’ai très vite compris pourquoi d’une part il n’y avait jamais de scooter et que très très rarement des vélos. Les routes n’ont parfois pas de marquage au sol. Et j’ai bien l’impression que la limitation en ville doit être de 100km/h. Ainsi, la circulation routière est le plus grand danger pour le piéton : là aussi je me suis vite rendue compte que même avec le feu vert, il fallait que je regarde pour ne pas me faire prendre par une auto ou mieux, un camion. Ces engins ne prêtent pas attention aux piétons et même, paraît-il, peuvent vous renverser et repartir sans faire le moindre cas.
Je remercie également le fait que je sois encore jeune, sans béquille ou valide : le temps pour traverser un passage clouté est compté et parfois ne dure pas plus de 15 secondes, auxquelles il faut déduire le passage de quelques voitures qui ont négligé le feu orange et les premières qui regarde le chronomètre des piétons arriver à sa fin… Et là, à nouveau, on comprend pourquoi on ne voit jamais de vieilles personnes, peu rapides, traverser les rues… Le temps nous est compté !!!
Il y a un dernier élément que je souhaitais ajouter à propos des transports : l’ascenseur de ma maison d’étudiant. Tout d’abord, mon immeuble compte 18 étages russes (ce qui veut dire moins un pour un occidentale : le rez est considéré comme étant le premier étage). Je vis au 15 (moins = 14). Donc, l’ascenseur reste une alternative très intéressante aux escaliers. L’immeuble compte 3 ascenseurs : l’un, je ne l’ai jamais vu fonctionné, le deuxième, j’ai eu franchement peur la première fois que je l’ai emprunté : grincements étranges de la chaîne, vue, lorsqu’on y monte, de l’ensemble de la technique plus que désuète, et les chiffres sont, pour la plupart effacés. Il vaut mieux savoir où se trouve la touche (pour ma part, dans cet ascenseur, c’est la numéro 16 : il n’y a pas d’arrêt au 15e étage). Et enfin, le troisième ascenseur, tout neuf, ne fonctionnait pas au début de l’année académique. L’antique lift peut certainement contenir 6 personnes, met un temps interminable à monter et à descendre (et l’on ne sait pas où il se trouve), le plus récent, maintenant qu’il est en fonction (un bel otis, fait en Russie…), marche une fois sur deux et ne peux pas contenir plus de 6 personnes (alors que chez nous, il pourrait en contenir certainement 8). Aujourd’hui, quelle chance quand je suis arrivée, le nouvel ascenseur ne fonctionnait pas et l’ancien, mince alors, est en réparation : conclusion, j’ai fait ma gymnastique (après mes 20kms à pied de la journée… comme les stations de métro sont tellement nombreuses et proches les unes des autres…). C’est bon pour le cœur, paraît-il…
14. 09. 07