Ce petit texte est dédié aux étudiants désireux de parfaire leur russe en Russie, et plus particulièrement à Tomsk. Au premier abord, ça a surtout l’air froid et loin, et surtout compliqué. En fait, en prenant les problèmes les uns après les autres, c’est tout à fait réalisable et on peut passer un très bon semestre à Tomsk. Il faut juste s’y prendre un peu à l’avance et ne pas se décourager.
En Suisse
Pour partir en mobilité à Tomsk, il faut traverser un chemin plein d’embûches, mais l’arrivée est plus que positive. Déjà avant de partir, il ne faut pas se décourager par les démarches administratives, souvent longues et compliquées. Il faut surtout prévoir les cours qui seront suivis à Tomsk, ce qui n’est pas simple, étant donné que leur site internet ne dévoile pas toutes les possibilités. En revanche, les coordinateurs à Tomsk sont très gentils, et répondent à toutes les questions, même les plus absurdes, même celles qu’on pose pour se rassurer. Le plus dur est que l’université de Lausanne accepte votre contrat de mobilité, et pour ce faire, il faut inscrire les cours suivis. En revanche, pas de panique, les changements du plan d’étude sur place sont toujours possibles, et tant que vous faites assez de crédits, ils seront validés une fois de retour en Suisse. Après que tous les papiers ont été signés à Lausanne et à Tomsk, les réjouissances commencent. Il suffit juste de faire son visa, de prendre son billet d’avion (via Moscou) et/ou de train (Moscou-Tomsk, c’est environ 2 jours de train).
La résidence
A l’arrivée, au petit matin après un voyage d’environ 24h, une des coordinatrice de l’université de Tomsk vient vous chercher pour vous emmener dans votre lieu de résidence, dans une fameuse общежитие. L’université polytechnique en possède deux : une résidence plus ancienne et une autre plus récente, et les différences sont notables. Apriori, les étrangers (occidentaux) sont logés d’office dans la résidence la plus récente. Il y a une cuisine par étage, et les chambres sont groupées par deux : après une première porte qui ouvre sur l’entrée, il y a 4 portes qui mènent soit à une chambre pour deux (deux lits, deux bureaux, deux armoires, frigo), soit une chambre pour une personne, soit à une douche et à une toilette/évier. Il y a donc un sanitaire pour trois personnes. Les tarifs de cette résidence sont assez chers (environ 250 frs. par mois). Pour payer moins cher, voire rien du tout, il y a la possibilité de donner des cours de langues (français ou autre) à des étudiants russes. Dans ce cas, le loyer est donné en guise de salaire, mais vous serez certainement logés dans la résidence plus ancienne, qui est probablement plus « russe », mais avec moins de confort (sanitaires par étage, chambres jusqu’à 3-4 personnes, plus petites et pas forcément de frigo ou de bureau). Il y a certainement la possibilité de loger dans cette deuxième résidence, qui coûte nettement moins cher (je crois environ 50frs par mois), même sans donner de cours. Mais je pense qu’il faut le prévoir avant avec les coordinateurs. Personnellement, je n’étais pas au courant de ces différences de prix et de type de résidence, et on m’a amené d’office dans la récente. Les résidences ont également leurs propres règles, auxquels il n’est pas toujours facile de déroger (comme l’heure de rentrée, ou les personnes extérieures qu’on invite). Mais tout est expliqué (en russe), lors de la multitude de papiers à signer, de carte à faire etc… D’ailleurs, c’est bien si vous avez déjà avec vous plusieurs photos passeport, car vous en aurez besoin pour votre carte de résidence, pour la carte d’étudiant, pour prolonger votre visa.
L’université et les cours
Une fois la chambre découverte, il est temps de faire connaissance avec l’université, qui possède plusieurs bâtiments à travers la ville. C’est une université polytechnique, qui a une faculté spéciale pour les étrangers. Là, une autre coordinatrice vous présentera votre plan d’étude avec l’horaire, établi sur la base de votre inscription. De tous les étrangers qui étaient avec moi à Tomsk, nous étions deux (suissesses) à ne prendre que des cours de russe, les autres étudiants suivaient des cours dans des facultés de sciences exactes. Les cours de russe se font en petits groupes (5 à 10 élèves), plus ou moins du même niveau. Il y a la possibilité de prendre des cours de langue (grammaire, écriture, écoute…), de linguistique (stylistique, culture), de littérature, de phraséologie, de lexique etc… Il y a donc pas mal de choix, et surtout la possibilité de rajouter ou d’enlever certains cours. Le conseil que j’ai est qu’il faut discuter avec les autres élèves (pour savoir quels cours ils suivent) et les profs afin que votre programme vous plaise le plus possible. Personnellement, j’avais choisi des cours par rapport au site internet, mais tout n’y figurait pas, donc il faut profiter une fois sur place de compléter ses cours. Mais attention, veillez toujours à ce que l’administration sache ce que vous faites, ce sera alors beaucoup plus facile en fin de semestre d’obtenir vos validations. Cette faculté pour les étudiants étrangers est assez bien organisée, le personnel et les profs sympathiques (attention à respecter les pauses de midi !). Les cours en eux-mêmes sont assez biens et utiles pour le russe, il y a pas mal de leçons, si on veut les faire correctement. Le défaut des cours, c’est qu’ils ne changent pas, on fait toujours un peu la même chose, donc c’est un peu lassant à la fin du semestre. On passe des validations pour chaque cours (avec une attestation), et à la fin du semestre il faut aller chercher (ou demander que ça se fasse) une feuille récapitulative de toutes vos validations (ils peuvent aussi l’envoyer directement à Lausanne), qui vous sera utile en Suisse.
La ville
On se rend tout de suite compte que c’est une ville universitaire, et que chaque université possède plusieurs bâtiments éparpillés. Le centre et les bâtiments centraux universitaires se situent autour de la prospecte Lénine, immense artère qui traverse la ville jusqu’à la rivière Tom. Il y a plusieurs quartiers dans Tomsk, des bus qui vont un peu partout, mais pas de véritable centre. Par ailleurs, au niveau culturel, il y a quelques musées, un point de vue sur la ville depuis le haut du musée historique, le bord de la rivière, une forêt, quelques quartiers anciens, avec de vieilles maisons en bois, très jolies, même si souvent en mauvais état. Personnellement, j’ai trouvé qu’il n’y a pas beaucoup d’activités culturelles possibles, mais il faut se promener et découvrir des endroits. Il ne faut pas oublier que c’est l’hiver une bonne partie de l’année, mais que l’été il fait chaud. Je suis arrivée tout début septembre, et il faisait 30°. En octobre, la température est oscille entre -5° et 5°. Et dès novembre, puis décembre, le thermomètre ne va que rarement au-dessus des -15°, et parfois jusqu’à -40°. C’est clair que les promenades et le type d’activité change et se ralentit un peu en hiver, mais il y a toujours d’autres possibilité de s’occuper. Je n’ai personnellement pas essayé, mais on peut faire aussi des activités sportives, des grillades dans la forêt, et de sortir un peu de Tomsk. Finalement, la meilleure chose à faire, c’est parler avec les Russes, qui étudient à Tomsk depuis quelques temps et qui connaissent la région.
Il y a aussi des marchés et plusieurs magasins, et des supermarchés, dans lesquels on trouve de tout, nourriture, boissons, habits, etc…(les habits et chaussures sont en général moins chers au marché, mais dans la globalité, c’est assez cher, les prix étant plus ou moins semblables à ceux en Suisse. La fourrure coûte cher aussi).
Au niveau des endroits pour manger ou boire, il y en a beaucoup à Tomsk. Il y a des restaurants, des bars, beaucoup de сталовая, ces « cantines » pour les étudiants et les travailleurs. C’est de loin les meilleurs endroits au niveau qualité/quantité/prix. Je conseille la сталовая « кухня как дома» à côté du bâtiment central de l’université polytechnique. Ces cantines sont le plus souvent ouvertes que la journée, même si on en trouve le soir. On peut évidemment cuisiner à la résidence, il y a beaucoup de magasins, généralement ouverts jusqu’à 22h, et certains toute la nuit. Donc il n’y a pas de difficulté pour se nourrir.
Par ailleurs, on peut manger dans tous les bars, où une carte est toujours proposée. Les prix varient en fonction du lieu. Il y a des possibilités sortir le soir dans différents lieux, bars, clubs, cafés, après tout dépend de ce qu’on aime faire, mais il y a des possibilités, surtout si on cherche un peu et qu’on se renseigne un peu.
Sortir de Tomsk
La plupart des étrangers en mobilité profitent de se trouver déjà à Tomsk et voyagent pendant leur semestre. Le plus simple est de voyager en train (ce n’est pas forcément le plus rapide, mais le plus « bucolique »). Peu de trains passent par Tomsk, mais beaucoup depuis Novossibirsk, qui est à 4h30 en bus. Il y a environ un bus par heure, et c’est donc assez facile de s’y rendre, le billet ne coûtant que quelques roubles (attention, si vous avez un bagage à mettre dans la soute du bus, prenez un billet directement с багажами). Depuis Novossibirsk, on se trouve à environ 2 jours de Moscou, 1,5 jour d’Irkoutsk, 1 jour d’Ekaterinbourg. C’est évidemment l’occasion d’essayer les trains russes en 3e classe, sorte de maison de transition. Pour le train, quelques conseils : prenez des тапочки, car la première chose à faire après avoir trouvé sa place, c’est d’enlever ses chaussures et de se mettre en pantoufles. En fait, les gens se changent et se mettent en habits d’intérieur. C’est bien d’acheter aussi avant à boire et à manger, comme les soupes ou des pâtes où il faut rajouter de l’eau chaude, et un samovar est toujours à disposition dans le wagon. Il y a aussi les arrêts en gare, utiles pour se dégourdir les jambes et se ravitailler grâce aux petits kiosks et aux бабушки.
Pour partir quelques jours, c’est mieux d’avertir l’université, pour des questions administratives (liées à l’enregistrement, notamment). Mais c’est clair qu’il faut profiter de bouger un peu, sortir de Tomsk et aller visiter d’autres endroits !
Voilà pour quelques descriptions et conseils pour faire un séjour à Tomsk. J’encourage vivement à partir, c’est forcément une bonne expérience personnelle et aussi pour la langue. Il est facile de rencontrer des Russes, ils vous donneront les « bons plans », tout dépend du genre de séjour que vous faites. Il faut aussi s’habituer au quotidien russe, acquérir certains mécanismes, notamment au niveau de l’administration. Ce n’est pas toujours simple, mais avec le temps on s’y fait et on prend l’habitude de se renseigner à l’avance. Et il y a aussi des personnes au sein de l’université qui sont à même d’aider si un problème se pose. Si vous avez l’occasion, un peu de moyens financier (il ne faut pas oublier que l’université de Lausanne vous donne 2000.- et qu’il est toujours possible de demander une aide) et l’envie de partir un semestre, Tomsk est une destination peu commune, et qui vous permettra de voir la Russie depuis un autre point de vue, plus « sibérien ».
C’est donc l’occasion de partir, de vivre une expérience, d’être libre tout en étant encadré, de rencontrer des gens et d’améliorer son russe !