Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы
-- Nouvelle rubrique : nos étudiants en stage en Russie et Europe orientale nous écrivent et nous font part de leurs aventures et de leurs états d'âme.
— 2007-2008 Sévine UZUN
27 septembre 2007
La vie universitaire bakinoise est palpitante, fatigante, deéconcertante. En effet, tout est tellement différent, voire bizarre...
On a enfin réussi a trouver des cours qui pourraient m'être utile pour le russe. Parce qu'en fait, c'est très bizarre la manière dont tout ça est organisé. Au "2e cours", ils apprenent que les noms et les déterminants s'accordent en genre cas et nombre...A priori trop facile, pour nous! Donc, le niveau paraît exceptionnellement bas. Mais par contre, ils ont un débit hallucinant. Donc, il a fallu du temps, enfin, une semaine pour trouver quelques choses qui me convienne. Ensuite, ma deuxième surprise a été quant à la méthode d'enseignement. L'uni, c'est un peu comme la suite de la petite école, en quelques sortes. Il faut dire aux élèves "ouvrez vos cahiers, prenez un stylo, écrivez etc..." Alors, c'est toujours très rigolo, avec ma classe de francais, quand je les prends pour des adultes. J'écris le verbe être au tableau et tout le monde me regarde les yeux remplis d'admiration, mais personne ne juge bon de prendre des notes! Du coup, c'est enseignement et "maternage" et c'est fatigant...Une autre chose qui m'a frappée, justement, concernant la prise de note, c'est le fait qu'on nous dicte les infos. Ensuite, il faut apprendre tout ça par coeur. Suivant les profs, après, il y aura récitation. Une a fait un truc très bizarre, ce matin, j'ai pas très bien compris le but de l'exercice: elle nous fait lire le plus vite possible, des petits textes de maxi 8 lignes. Ceux qui prennent plus que vingt-cinq seconde sont "plokhi". Bien sur, moi, il me faut du temps. Je lui ai expliqué que quand je lis super vite, ben déjà c'est pas beau, mais surtout, je comprends pas ce que je dis...Elle semble pas vraiment avoir compris ce que je voulais dire!
Alors, après cette description plutot générale, des meilleurs moments de l'enseignement universitaire azerbaidjanais, petit focus sur la phonétique...Ca fait quelques jours que je pense bien à vous! En effet, je me demande si, en fait, je n'ai jamais rien compris à vos cours, si j'ai juste tout oublié et que c'est pourquoi tout m'a l'air nouveau, ou s'ils sont vraiment étranges quant il s'agit de phonétique!
Déjà, moi j'avais l'a priori, peut-être étrange que si on avait inventé les signes phonétiques, c'était avant tout pour que la transcription soit internationale! Mais non! Du moins, tout le monde a rigolé, avec ma phonétique "suisse". Ici, un mot russe, s'ecrit en cyrillique, mais entre crochet bien sûr. Donc du coup, quand tout le monde m'explique comment se prononcent les fameux ta, t'a, t'ja etc...Et ben, c'est pas très clair!
Apres ça, on a eu un cours sur les "voyelles molles", je me suis dit "soit, monsieur Sériot n'aurait pas aimé". Alors les voyelles molles apparaissent chaque fois après une voyelle, un signe mou, ou un signe dur. Et quand il y a une voyelle molle, il y a forcement un signe mou avant. Alors bon, j'ai demande si le mot "p'at'" (5) ne posait pas quelques problèmes alors. Et bien non, parce que dans "sim'ja", (la famille) il y a un signe mou. Alors il faut écouter, comprendre regarder comment c'est écrit, pour mieux le dire et le dire toujours mieux pour savoir comment il s'écrit. Ca, c'est de l'explication utile! Cette explication a pris environ 15 minutes...et je dois dire qu'apres ça, je me suis jurée de ne plus jamais poser de questions de ma vie! J'ai eu droit à tout l'alphabet... On m'a demandé si j'avais déjà vu ces lettres...Par contre, personne ne s'est douté que si j'arrivais à leur parler et à prendre des notes, j'avais certainement deja vu les voyelles, quelles qu'elles soient quelque part! Ils sont quand même marrant, ces azeris!
Mais bon, au moins, avec ça ces longues et nombreuses heures de cours, ont toujours un petit côté marrant, que ce soit pour le contenu, pour le moins étrange ou le côté ethno-sociologique non moins étrange! Prochaine fois que je vais au cours, il me faudra: un walkman, un miroir et au moins une brosse a cheveux...Par contre, tres souvent mes élèves m'empruntent un stylo!
A bientôt