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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


Histoire des idées linguistiques en Russie
Compte-rendu

Compte rendu du 07.11.02 : Le refus du rationalisme et de l'universalisme : le romantisme allemand et W. von Humboldt


Le romantisme allemand affirme le culte du moi et la création ex-nihilo.
Parce qu'ils ne voulaient pas l'imiter, Fichte, Schelling et Humboldt refusaient l' Antiquité, contrairement au classicisme français qui revendiquait et imitait les Grecs et les Romains, en particulier en ce qui touche la raison.

Mots clés:
romantisme allemand: vie
du classicisme français: raison

Le raisonnement français: la raison est toujours une donnée permanente et ne peut pas être divisée. Les langues sont des formes d'une raison globale. Les peuples évaluent à des rythmes differents peut-être, mais sont guidés par la même Raison.
Le raisonnement allemand est tout autre: c'est la vie qui est la notion suprême.

En 1662, la grammaire de Port-Royal a défini la pensée comme une forme de la raison. La pensée s'incarne dans un language. La langue est faite de signes qui renvoient à quelque chose de premier, c'est-à-dire la langue est signe de référence de la pensée. La pensée et la langue sont alors constamment en interaction.

La question de la nation s'est posée pour les Fançais à la Révolution française. Qu'est ce qu'une nation? Comment définir une communauté humaine?
La notion de cité entraîne la notion de citoyenneté.

Opposition entre les deux conceptions de la nation, vue par le romantisme allemand :

Rousseau/Montesquieu Fichte/Herder
(Staatsnation) nation = Etat Kulturnation : nation &Mac173; Etat
contrat (social) Volksgeist, Volkseele
Gesellschaft (=artificiel) Gemeinschaft (=naturel)
nationalité = citoyenneté nationalité &Mac173; citoyenneté
mécanique (l'énergie vient de l'extérieur)

figement, mort

organique, dynamique (métaphore de la Vie, image du Corps);

Selbstbewegung : la Vie est auto-explicative




La langue et la culture allemandes sont les seules choses qui lient les petits Etats allemands.

Selon Humboldt, les choses sont liées entre elles. Il y a cependant une Verschiedenheit (diversité). Nous sommes dans le cercle de notre langue et on ne peut en sortir que pour rentrer dans le cercle d'une autre langue. Un individu ne peut vivre que dans un cercle à la fois.
Humboldt parlait plusieurs langues. Il propose une hiérarchie des langues (dans le sens que toutes les langues sont légitimes, mais il y en a qui sont plus belles que d'autres - celles avec des racines flexionelles).


Schelling et Hegel disent que l'objet et le sujet de la connaissance sont indissolublement liés. Comme nous ne connaissons rien aussi bien que nous-même, nous ne pouvons que nous connaître nous-mêmes.
Cf. Tjuchev : Rossiju umom ne ponjat'.
Pour le romantisme allemand, le terme suprême, c'est la vie. La vie est organique, par conséquent un organisme a des racines. Alors une langue vivante doit avoir des flexions, sinon elle est morte et vide de sens.

En suivant ce raisonnement, Humboldt fait une tripartition des langues:

1. flexionelles (grec, sanskrit)
2. agglutinantes (turc), enchaine les morphèmes comme des perles.
3. isolantes (chinois)

Il y a alors les deux côtés de Humboldt. Humboldt de la diversité et Humboldt de la hiérarchie.
Pour Humboldt une langue appartient à une nation (idée romantique et pas jacobine). Une Kulturnation serait selon lui, par exemple, les Romands, les Canadiens francophones et les Belges francophones (ou les Allemands, les Autrichiens et les Suisse-allemands).


Bibliographie:
-Gusdorf, G.: Le romantisme, Paris: Payot, 1993.
-Schlanger, J.: Les métaphores de l'organisme, Paris : L'Harmattan, 1995.

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