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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2005-2006,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence (hiver)

(Hiver 2005-2006, le mercredi de 17 h à 19 h, salle 5093)

La question de la langue dans l'idéologie slavophile // Языковой вопрос в славянофильской идеологии


18е января 2006 г. : Conférence du prof. Roger Comtet (Univ. de Toulouse) :

Le temps des slavophiles

La pensée des slavophiles russes fut-elle vraiment et uniquement réactionnaire? En tout cas, ils furent surtout des gêneurs pour Nicolas Ier ; à la bien examiner, il apparaît que la réflexion théorique de la première génération groupée autour de Xomjakov, Samarin et Konstantin Aksakov était à la fois originale, globale et hautement subversive. On s’en rendra compte en examinant le sort que réserve à la catégorie du temps Aksakov (1817-1860), le plus tourné vers les problèmes de la linguistique parmi les membres de ce groupe initial. La négation vertigineuse du temps s’opère progressivement chez lui au terme d’un parcours jalonné par la quête de la singularisation linguistique du russe, la valorisation de la langue populaire, la mise en valeur de la spécificité de la syntaxe et de la phrase russes qu’ils voit empreintes de verbocentrisme. Arrivé à ce point, il nie la catégorie du temps en russe au profit de celle de l’aspect. Il se situe là bien évidemment au point d’arrivée de tout un cheminement de la linguistique russe déjà amorcé par Lomonosov. Mais l’approche d’Aksakov va bien au-delà par ses présupposés philosophiques : l’aspectualité est pour lui synonyme de liberté.
Ce nihilisme temporel s’inscrit bien dans une démarche philosophique qui revendique la liberté de l’homme russe face au temps, en privilégiant la catégorie de l’espace ; c’est une approche qui annonce Vossler, les théories modernes de l’énonciation, voire la liberté existentielle. Mais ce souci de se démarquer de l’Europe à tout prix peut également être considéré plus comme une forme de dépendance que comme une véritable manifestation d’autonomie.

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