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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2005-2006,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence (hiver)

(Hiver 2005-2006, le mercredi de 17 h à 19 h, salle 5093)

La question de la langue dans l'idéologie slavophile // Языковой вопрос в славянофильской идеологии


9е ноября 2000 г. : П. Я. Чаадаев (1794-1856)


протокол заседания : Tasha Rumley 

Biographie : haute aristocratie moscovite, fait son service pendant les guerres napoléoniennes – est confronté au « bien-être » de l’Occident. En 1921, quitte la Russie et entre en contact avec des penseurs européens (Schelling). A son retour à Moscou en 1926, se cloître chez lui afin d’entreprendre ses propres réflexions. Se base sur les trois questions traditionnelles des penseurs russes :

  1. Что делать?
  2. Кто виноват?
  3. Кто же мы такие?

Il écrit ses «Lettres philosophiques» (Философические письма) à partir de 1829 en français, mais lorsque la première est publiée en 1936 en russe dans la revue Телескоп, il est traité de fou par les autorités et mis sous surveillance pendant deux ans. Ne sera libéré qu’à la condition de ne plus jamais écrire.

La première lettre de P. Čaadaev

 

Cette lettre est un choc dans les cercles intellectuels et sera la base de débats pour les décennies à venir. C’est une première, parce qu’il était alors interdit de publier ses réflexions philosophiques de manière directe, cela devait passer sous le couvert de la littérature : langue ésopéenne (эзопов язык) : langue métaphorique qui dissimule le discours réel derrière un texte aux apparences anodines. Cela a mené à une conception de la littérature très spécifique à la Russie, où son rôle socio-politique est fondamental.

Résumé du contenu de la lettre 1

 

+

-

Europe

Russie

Unité collective

Séparation et individualisme

Eglise universelle

Eglises autocéphales

 

Le moment clé : le schisme de 1054 : péché originel.

La Russie est alors sortie du mouvement de l’Histoire du monde, qui mènera au règne de l’Eglise sur le monde. Mais si la Russie ne répare pas sa faute en se fusionnant au noyau, cette histoire se fera sans elle. L’Eglise, par son garant la papauté, donne son unité à l’Europe, la fait marcher d’une manière unie.

Il faut lutter contre l’individualisme et l’égoïsme, qui pousse l’homme à rejeter Dieu par peur des contraintes de la soumission. Cela est aussi valable pour les nations, dont certaines, comme la Russie, sont égoïstes. Ainsi, l’unité cosmique est détruite et les hommes (les Russes en l’occurrence) se retrouvent dans l’isolement. Seule, la Russie ne peut avancer : elle n’a rien apporté à l’humanité et n’a rien reçu des progrès de celle-ci.

La séparation est souffrance, la pluralité est punition (le mythe de Babel).

Adversaires : les Lumières. L’aspiration de l’homme à la liberté n’est pas naturelle, il doit rechercher la soumission à une hiérarchie. Il est dépendant de la société. Cette idée est très proche des théories des ultra-conservateurs français (Joesph de Maistre, Louis de Bonald).

 

Analyse de la lettre 1 (voir schémas du dossier)

 

a). Il construit son texte sur l’opposition du trio « nous, eux, tous »

b). Il se définit par la négative : nous sommes ce que les autres ne sont pas

c). Il reprend le modèle évolutionniste, alors que celui-ci est propre aux Lumières, qu’il combat

d). La Russie n’entre pas dans le schéma de l’évolution mondiale, c’est une exception : spécificité de sa théorie évolutionniste

e). Pourquoi elle n’y entre pas ? Elle est sortie du mouvement universel

 

Etant donné que sa théorie a emprunté des idées aux Lumières et aux Romantiques, elle a eu un impact sur les penseurs russes de différentes orientations. Les Slavophiles reprendront l’idée de singularité de l’histoire de la Russie (avec une vision positive de cette singularité, au contraire de Tchaadaev), alors que les Occidentalistes insisteront sur la nécessité de rattraper le retard sur l’Europe.

 

 

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