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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2005-2006,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence (hiver)

(Hiver 2005-2006, le mercredi de 17 h à 19 h, salle 5093)

La question de la langue dans l'idéologie slavophile // Языковой вопрос в славянофильской идеологии


30е ноября 2000 г. : АКСАКОВ Константин: Опыт русской грамматики, ч. 1, Москва: в типографии Л. Степановой, 1860


протокол заседания : Danijela Markovic

Rappel :  langue et dialecte

Dans le domaine slave oriental le problème des limites entre les langues est loin d’être réglé. Aksakov parle du russe sans en préciser les limites. De nombreux intellectuels ruisses au XIXème siècle et au début du XXème pensaient que la langue russe se subdivise en trois «dialectes» (наречия) : le grand-russe, le petit-russe, et le biélorusse. D'où des discussions sans fin pour savoir si l'ukrainien est une langue à part entière ou du russe du Sud 

 

LANGUE ou DIALECTE ? Suivant la réponse : projet politique différent.

Cf. Etat/ Nation

 

1789 : Les Jacobins

1848 : Les Romantiques

Le contrat social (Rousseau, Montesquieu)

 

La langue doit être imposée à la nation

La langue est consubstantielle à la nation

Etat -> nation

Nation -> Etat

Nation -> Langue

 

Nation = langue = culture

- Ame collective

- Esprit du peuple

 

Si chaque langue = mentalité, etc.. Où sont les normes du russe ?

Dans sa rhétorique, il utilise «никто не может сомневатъся…» Þ fréquence des «il est évident que…»

 

Aksakov veut prouver la singularité absolue de la langue russe et sa supériorité.

Une langue = nation = pensée

Il veut revaloriser  la langue russe, car il y a en Russie à l’époque un complexe devant les «Européens». Idée que la langue russe n’est pas digne de la haute société, on parle russe aux domestiques, mais français ou allemand entre personnes du beau monde. Pour prouver la dignité de la langue russe, Aksakov dit que l’on peut tout dire en russe et encore plus.

 

Aspect en russe = degré de l’action ≠ le temps dans les «autres langues» = superficiel, ne concerne pas l’essence même de l’action..

On obtient donc une série de jugements de valeur : 

L’intérieur mieux que l’extérieur                                         

Le profond mieux que l’artificiel

Le vivant mieux que l’inerte

L’organique mieux que le mécanique

Þ Tout ceci transparaît dans la théorie des verbes.

 

Aksakov, comme ses amis slavophiles, souffre de la langue et veut réhabiliter la langue russe auprès des Occidentaux.

 

Le texte : obscur, compliqué

p. III :  On va parler du nom, mais dans les limites de la langue russe  имя = nom

Le russe est une langue indo-européenne, slave. Or, il ne va pas comparer avec les autres langues slaves, car elles ont un aspect comme le russe. Aksakov s’appuyait là-dessus pour prouver la singularité du russe.

p. V : Comparer est une mauvaise idée (5 dernières lignes). Si on perdait notre temps à tout comparer, l’idée serait écrasée, l’attention du lecteur serait détournée. L’important, c’est que le système soit clair. Ce n’est qu’une fois qu’on a compris le système qu’on peut après nous perdre dans le monde mouvant des époques.

Изменение = modification

Оттенки = nuances

 

Aksakov est profondément platonicien. Dans la langue tout est ordonné, ce qui implique qu’il n’y a pas d’exceptions. C’est impossible qu’il y ait du chaos dans la langue.

Le chaos = surface derrière laquelle est l’harmonie. On peut exprimer le temps mais les formes sont différentes.

Dans la langue il ne peut y avoir qu’ordre et harmonie, mais en surface on ne trouve que :

изменение

оттенки

употребление

            (=trois mots péjoratifs, qui renvoient à l’« emploi»)

 

R. Jakobson dan sles années 1930 va reprendre Aksakov. Il faut savoir voir l’ordre derrière l’apparence du chaos. Nous devons retrouver le sens général : Gesammtbedeutung = Общее значение

Malgré l’apparence de la dispersion, il existe toujours un sens pour chaque forme grammaticale.

 

1855 : Aksakov est profondément imprégné de la dialectique hégélienne : il organise toute sa vision de la grammaire en fonction des a-priori de la dialectique hégélienne.

Jakobson s’est intéressé à cette idée de l’ordre caché dans la langue. Opposé à Darwin, parce qu’il n’est pas téléologique. Darwin dit que l’évolution est aléatoire, sans but.

1916 : Saussure «Le point de vue crée l’objet»

Toute l’évolution de la langue est due au hasard, il n’y a pas d’ordre. L’objet n’est pas découvert, il est construit.

Cf. Différence phonétique et phonologie -> Le son existe, le phonème n’est que dans des théories.

Illusion qu’on va, grâce à la science empirique (cf. phonographie d’Edison) être au plus près de la réalité. donc du savoir. Mais en fait, plus les instruments sont perfectionnés, plus on se perd dam sles détails et moins onsaisit l’essentiel.

Aksakov vivait à une époque antérieure à cette discussion. Lettre = son

Ъ = Lettre muette, signe dur à la base de tous les sons venus après

 

p. V : Ne pas s’embarquer dans la comparaison mais reconstituer le système en entier tant qu’on a pas connu la langue totale qu l’on utilise. Pas de séparation entre l’objet de la connaissance et le sujet de la connaissance.

целная система :        целый

целный

целостный

целостность = totalité

 

Жизнъ = органический. Répartition entre le monde minéral, végétal et l’humain. Hiérarchie naturelle qui se marque par les sons. La langue humaine est sonore (particulier) par rapport à l’esprit et la pensée. сознание ( conscience) // мышление (pensée)

La langue est l’incarnation (воплошение) de la pensée.

Souvent pour Aksakov : слово = язык

On arrive dans le dogme de l’incarnation. Dieu existe depuis longtemps, or il est caché. -> Dans le christianisme, le Dieu invisible et immortel, Jésus l’incarne pour devenir mortel et visible.

 

p. VIII : L’âge des langues

A cette époque, on se pose beaucoup de questions pour savoir comment sont apparentées les langues.

 

Romantisme :

Positivisme :

Idée de la dégradation des langues

Progrès vers le perfectionnement

 

D’où une grande ambiguïté sur l’histoire de l’étude des langues. Idée que plus on remonte dans l’histoire des langues plus on devrait s’approcher de la langue du paradis. Aksakov ne s’intéresse pas à ça, mais est persuadé qu’il faut connaître l’histoire d’une langue. (VII - IX)

Quel que soit le moment où est née la langue, c’est sa vitalité qui est mise en avant. ->Relativisme

(Singularité et perfection de la langue)

Or, comment savoir quand est née une langue ?

L’idée des romantiques, c’est que dans l’arbre généalogique des langues, une fois que la branche s’est séparée du tronc, il y plus aucun lien. -> Origine commune, mais discontinuité entre les rameaux.

L’idée est de faire remonter la coupure le plus loin possible.

 

Fin p. IX :

Il est naturel de supposer pour cette langue très ancienne une complétude langue / son.

La langue primitive était enceinte de toutes les autres langues.

CF. la biologie au 19e s. : comment évolue la vie ?

Homunculus (petit homme, existe déjà en tout petit dans la première cellule humaine) ¹ épigenèse (toute cellule des êtres vivants se fabrique au fur et à mesure)

Une langue est complément imperméable à son environnement. Modèle biologique, énergétique. La langue a sa force interne à l’intérieur d’elle-même.

Pourquoi ce genre de textes ?

On instrumentalise les discours sur la langue à des fins politiques. Le but est de montrer la valeur de la Russie.

Cf. le nombre de métaphores animées : «la langue pense, vit, dit,…»

Or, on ne remet jamais en question l’objet. -> Système massif de présupposés

Là, le but de la science est une procédure de réaffirmation et non de découverte.

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