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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы


Séminaire de 3e cycle

-- Mardi 30 mai 2006 Dragana DROBNJAK (Novi Sad) :

 EMPRUNTS OU CREOLISATION : LE CAS SERBE

 

Il s’agit dans cet exposé de voir si les ressortissants d’origine serbe vivant en Suisse romande parlent la langue serbe empruntant beaucoup de termes français ou une  nouvelle langue qui s’inscrit dans un processus de créolisation.

 Le serbe standard est en contact culturel avec le français, tandis que le serbe parlé par les émigrants serbes dans les pays francophones est en contact intime avec le français. Dans le deuxième cas, l’interférence est beaucoup plus forte.

Les résultats de ce contact intime peuvent-ils être considérés comme des emprunts et, si c’est le cas, pourront-ils entrer dans le serbe standard?

  On envisagera deux types d’impacts que l’émigration peut avoir sur l’équilibre d’une langue:

a) les restructurations du système, responsables de la variation : la langue d’origine de l’émigrant subit des modifications profondes et des différences systémiques vont prendre place entre elle et celle qui est parlée dans la région d’origine. On s’achemine en fait vers une langue nouvelle, même si cette tendance reste à l’état d’ébauche et ne concerne que quelques sous-systèmes plus ou moins isolés;

b) les modifications des normes : sur la base d’un système commun, la communauté émigrante élabore des normes spécifiques. Les locuteurs de la région d’origine seront alors intrigués par certains usages langagiers, par exemple dans le lexique (utilisation de mots inhabituels ou attribution d’un sens particulier à un mot par ailleurs familier) ou dans la prosodie (traces d’accent étranger). On peut considérer que le système lui-même ne bouge pas, mais qu’en revanche ce sont les normes (qui définissent l’acceptabilité d’une construction donnée) qui changent. 

Peut-on, d’autre part, considérer ce « mélange » du serbe et du  français comme une créolisation? On peut dire que toutes les situations de contact linguistique provoquent des évolutions dans les langues en présence; ces changements sont la conséquence, pour une bonne part, des stratégies et des modes d’appropriation linguistique approximative.

De tels processus caractérisent la créolisation proprement dite et les « créoles » au sens historique et étroit du terme. Ils peuvent toutefois se retrouver aussi dans toutes sortes d’autres situations de contacts de langues, sans qu’on doive, pour autant, qualifier de « créoles » les idiomes qui les présentent.

J’ai réalisé une enquête pour essayer de trouver une réponse à ces questions. Des entretiens dirigés avec 15 informateurs (leur âge variant entre 8 et 50 ans, appartenant à des milieux différents) m’ont permis d’avoir une base de données et d’informations sur laquelle reposera mon travail.


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