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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) // Université de Lausanne


Séminaire de 3e cycle

-- Mardi 10 janvier 2006 Virginie Symaniec (Paris). Présentation du film :

  

Le mur oriental (50 mn)

Réalisation et montage, Virginie Symaniec

 

« Le mur oriental », c’est ainsi qu’on appelle en Pologne la voïvodie de Podlachie, et plus particulièrement cette partie de la zone frontalière large de cinquante kilomètres qui jouxte les 250 kilomètres de frontière que la Pologne partage avec la Biélorussie. Lors du dernier recensement de population en Pologne (2002), 50 000 des 200 000 orthodoxes de cette région se sont déclarés « biélorussiens ». Qui sont donc ces Biélorussiens d’Europe ? Ces derniers représentent-ils un espace d’extra-européanité au sein d’une Union européenne qui leur est sans cesse présentée par les principaux commentateurs de la modernité comme un monde façonné par la religion catholique ?

            Toutes les personnes de cette région se revendiquant « biélorussiennes » ne sont toutefois pas orthodoxes et l’identification nationale ne concorde pas toujours avec les déterminations religieuse ou linguistique. Il existe des villages dits Biélorussiens catholiques, même si pour certains orthodoxes natifs de la région, ces Biélorussiens-là seraient en fait en voie d’assimilation, courant le risque d’être considérés comme des Polonais de seconde catégorie, du fait même de leur croyance. Dans un cas, c’est l’identification nationale et les pratiques linguistiques qui permettent de marquer la frontière entre polonais et non polonais ; dans l’autre, c’est la religion qui est instrumentalisée à cette fin. Mais dans tous les cas, ces critères ne tiennent souvent aucun compte de la mixité religieuse, nationale et linguistique réelle des familles, où les formes de bilinguisme sont aussi courantes que les mariages entre catholiques et orthodoxes, entre Biélorussiens et Polonais.

            Le film documentaire que je voudrais présenter n’entend pas faire œuvre cinématographique. Il s’agit d’un document de travail, illustratif de la mission que j’ai menée en juillet-août 2005 pour le LADYSS/CNRS dans le cadre du projet ECO-NET du ministère des Affaires étrangères. Au cours de cette mission, il s’agissait de rencontrer des représentants de la minorité biélorussienne de Pologne orientale et de recueillir leurs témoignages sur la manière dont ils définissent leur identité et le rapport qu’ils entretiennent à leur langue.

            La première partie du film s’intéresse aux représentations de l’histoire qui permettent aux témoins d’affirmer l’existence d’une identité non polonaise catholique au sein d’une Pologne couramment qualifiée avec fierté par les Polonais d’Etat mono ethnique. Il m’a semblé pertinent de montrer que ces représentations, pour avoir des fondements historiques, divergent toutefois en fonction des générations et des statuts sociaux des personnes interrogées. Les faits passés semblent encore présents au cœur de la modernité et agissent souvent comme des filtres à l’analyse de la situation présente dès lors qu’il s’agit de rendre compte des relations entre catholiques et orthodoxes de la région, des relations entre Biélorussiens de Pologne et Biélorussiens de Biélorussie ou des relations entre la Pologne et l’Europe élargie.

            La seconde partie du film s’intéresse à la langue comme marqueur identitaire finalement incapable de rendre réellement compte de l’identité. Cette partie s’appuie sur une discussion qui révèle en fait la peur des témoins de voir, à terme, disparaître les Biélorussiens de Pologne.

            La dernière partie du film s’attache à détailler cette question, mais cette fois à la lumière de discours politiques et sociaux, pour conclure sur une discussion concernant les raisons concrètes qui, au-delà des discours ethniques, linguistiques et religieux, motivent l’euro scepticisme des populations de la région.

 

 



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