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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2006-2007,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3

(Hiver 2006-2007, le mercredi de 17 h à 19 h, salle 5093)

Le monde de V. Vološinov // Мир В.Н. Волошинова




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Tatiana ZARUBINA (doctorante, UNIL/CRECLECO)
La psychanalyse en Russie dans les années 1920 et la notion de sujet

résumé :
17 janvier 2007

 

Je fais de la psychanalyse,
eux font de la psychosynthèse.
S.Freud, 1913

 

L’histoire de la psychanalyse en Russie-URSS est un phénomène intéressant et étrange en même temps. La psychanalyse a connu un succès très rapide Russie dans les années 1910 pour disparaître ensuite au début des années 1930. Mais sa disparition a été plus « naturelle » qu’idéologique, car aucun des psychanalystes russes n’a été ni fusillé ni emprisonné. Cette disparition peut être expliquée par le fait qu’il n’y a jamais eu d’école de psychanalyse en Russie. L’école de psychanalyse freudienne n’a pas pu apparaître car, dans leur étude du Sujet, les psychologues et les philosophes en Russie partent du concept de celostnaja ličnost. Autrement dit, le sujet freudien, divisé de l’intérieur et de l’extérieur (aspect social) ne correspondait guère à l’idée de la «personnalité intégrale», complète, répandue en Russie. Mais dans les années 1920 les sciences humaines et sociales en Russie ont connu quelques tentatives de l’application de théorie freudienne pour créer une théorie de l’étude de celostnaja ličnost. Il s’agit du freudisme réflexologique (V.M. Bexterev et A. Zalkind) et du freudo-marxisme (A.Luria et B.Fridman).

Il est à noter que si Freud essayait d’expliquer des processus socio-historiques à partir des mécanismes psychologiques individuels, les psychanalystes en Russie avaient un objectif opposé. Ils partaient du milieu social pour expliquer les particularités du fonctionnement des structures psychiques individuelles.

En ce qui concerne la critique du freudisme par Vološinov, elle s'appuie sur 2 postulats de base :

1.   Vološinov parle de celostnaja ličnost ;

2.   celostnaja ličnost ne peut pas être sépare de son milieu social.

Ces postulats sont des présupposés pour Vološinov, qui ne les explicite pas.  La théorie de Freud ne correspond pas à ces postulats, car, d’un côté, Freud parle du sujet divisé à l’intérieur, de l’autre côté, il néglige tout aspect social. La différence essentielle est dans le fait que Freud parle du sujet assujetti, traversé par son inconscient. Alors que Vološinov parle du sujet actant, indivisible, maître de ses propres frontières et en même temps «entièrement déterminé» par son «milieu social».