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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2006-2007,


Prof. Patrick SERIOT


Séminaire de 3e cycle : doctorants et mémorants

Séance du 19 décembre 2006.
Réunion exceptionnelle :
Tatjana KRIOUTCHKOVA (UNINE)

Constructions détachées participiales : approche contrastive

(français – russe – ukrainien)

 

On voudrait s’interroger ici sur l’organisation des informations portées par les constructions détachées participiales (CDP) dans les textes conventionnels[1]. Il s’agira en particulier d’étudier les fonctions sémantiques et pragmatiques des CDP intercalées entre le groupe sujet et le verbe dans le préambule des conventions[2]. On tentera de définir le rôle de ces constructions dans la mise en mémoire de l’information par le destinataire afin d’assurer le déroulement le plus efficace possible de l’acte de communication particulier que représente la « convention internationale ».

 

Exemple de préambule[3] :

 

Les Etats membres du Conseil de l’Europe, signataires de la présente Convention,

Considérant que le but du Conseil de l'Europe est de réaliser une union plus étroite entre ses membres (…) ;

Soucieux de parvenir à un développement durable (…) ;

Notant que le paysage participe de manière importante à l’intérêt général (…) ;

Reconnaissant que le paysage est partout un élément important de la qualité de vie des populations (…) ;

Désirant répondre au souhait du public de jouir de paysages de qualité ;

Ayant à l'esprit les textes juridiques existant au niveau international dans les domaines de la protection et de la gestion du patrimoine naturel et culturel (…) ;  

Reconnaissant que la qualité et la diversité des paysages européens constituent une ressource commune (…) ;

Souhaitant instituer un instrument nouveau (…),

Sont convenus de ce qui suit :

 

Les objectifs de la présente communication sur les constructions détachées participiales sont les suivants :

 

·      Enfin nous aborderons la question de la correspondance entre les participes des langues française, ukrainienne et russe. Nous insisterons sur les régularités de traduction de ces formes en ukrainien et en russe dans les textes conventionnels. Nous constaterons l’absence de participes présents dans les textes traduits. Dans la majorité des cas, il s’agira plutôt du remplacement des participes présents par «деепричастие » (en russe) ou «дієприслівник» (en ukrainien), les formes qui sont plutôt équivalentes au gérondif en français.  

Donc, c’est dans cette fonction exclusivement  (S + CDP + V) que le participe présent semble pouvoir  commuter avec un gérondif, sans grande distinction de sens. Est-ce que cela nous permettrait de dire que dans certains cas le participe présent et le gérondif peuvent s’employer l’un  pour l’autre, ou qu’ils sont deux variantes d’une même forme ?

 

Références :

Arnavielle, T. (éd), (2003), « Participe présent et gérondif ». Langages 149,  Paris, Larousse.

Combettes, B. (1986), « Introduction et reprise des éléments d’un texte », Pratiques, n° 49, pp. 69-84.

Combettes, B. (1996), « Facteurs textuels et facteurs sémantiques dans la problématique de l’ordre des mots: le cas des constructions détachées »,  Langue française, n° 111, pp. 83-96.

Combettes, B. (1998), Les constructions détachées en français, Collection L’Essentiel, Paris : Ophrys.

Combettes, B. (2000), « L’apposition comme unité textuelle et constituant phrastique : approche diachronique », Langue française, n° 125,  pp. 90-105.

Cornu, G. (1987), Vocabulaire juridique, Paris : Presses Universitaires de France.

Cornu, G. (2000), Linguistique juridique, Domat, droit privé. 2e édition, Paris : Montchrestien, E.J.A.

Halmøy, O. (2003), Le gérondif en français, Collection l’Essentiel, Paris : Ophrys, 2003.

Picoche, J. & Marchello-Nizia, Chr. (1989), Histoire de la langue française, Paris, Nathan.

Reichler-Buéguelin, M.-J. (1995b), « Les problèmes d’emploi du gérondif et des participiales en français contemporain », in : Le français langue étrangère à l’Université : théorie et pratique, Instytit Romanistyki Universytet Warszawski, pp.243-260.

 



[1] Le corpus sur lequel cette communication s’appuie est constitué des textes des traités internationaux du Conseil de l’Europe, notamment ceux des conventions.

[2] On envisagera le préambule comme le premier microtexte de la convention avec le contenu relativement achevé. La phrase qui forme le préambule présente une période rhétorique avec la mise en parallèle de plusieurs constituants détachés se succédant harmonieusement et dont la réunion forme un sens complet. Les CDP (considérant, notant, reconnaissant, désirant, ayant, souhaitant) demeurent nettement rattachées au contexte antérieur et jouent leur rôle dans le maintien du thème constant (Les Etats membres du Conseil de l’Europe). On constatera également la portée bien évidente des CDP vers la droite du texte, prédicat principal de cette phrase (Sont convenus de ce qui suit).

Dans les textes conventionnels en russe et en ukrainien les CDP sont en rapport de subordination  assez lâche avec un support nominal sujet auquel elles sont postposées. Ces unités traduisent une simultanéité rapportée naturellement à un procès, donc au prédicat principal. Les constructions détachées portent une valeur circonstancielle (la manière, la cause …).

[3] Convention européenne du paysage, Florence, 20.X.2000


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