George Orwell |
Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres Section de langues slaves, Option linguistique année 2007-2008, Prof. Patrick SERIOT / Alexander SCHWARZ Séminaire de Master / Bachelor-3 |
(printemps 2008, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)
Linguistique nazie / linguistique stalinienne
6 mai 2008 La langue de bois : traduire du faux en vrai
compte-rendu de Tania Grasso et Caroline Schlich
George Orwell, 1984 : thème de langue « on enlève des mots à la langue » mais le problème c’est qu’en même temps on enlève à chaque fois un concept et une idée dans l’esprit des gens.
Berthold Brecht : veut aussi le rétablissement de la vérité.
Pour transformer le « faux » en « vrai », on va travailler sur la forme et sur le contenu.
Sur l’origine du langage (c.f. feuille)
Les classes au pouvoir ont une maîtrise (ils décident du sens des mots) et auraient ainsi la capacité de connaître le sens faux et vrai des mots :
® « volonté de Dieu » mis pour « rapport d’exploitation » donc ils régissent les classes ouvrières.
Il existe un sens authentique (le vrai) et un sens donné (le faux) des mots. Le sens objectif est le vrai et le sens subjectif le faux. Le chef (ici Staline) utilise les mots en leur donnant le sens faux afin de manipuler les pauvres. L’exploiteur a le double pouvoir, il connaît le sens vrai et le sens faux des mots.
La langue de bois : (=«blabla») seulement à l’intérieur de la politique, ensuite par extention dans d’autres domaines.
1956 : intervention des Russes à Budapest, intervention militaire suite à l’insurrection en place. C’est à ce moment là qu’apparaît l’expression «langue de bois» (=parler pour ne rien dire). C’est la façon dont les communistes parlent pour distorquer la vérité. En Union Soviétique, 20ème Congrès : Nikita Khrouchtchev écrit un discours : « Staline est un criminel » : cela crée un choc pour la population!
En Pologne on voit arriver cette expression « nowomowa » qui signifie « nouvelle langue » (= newspeak). Les dissidents, les étudiants, etc. l’utilisent. En anglais on a traduit par « officialese » ou encore « gobbledegoock » : on se fiche des politiques pleines de réthoriques. Ca n’était pas possible juste après la guerre car l’Union Soviétique était vainqueur. Ensuite on conteste les crimes de Staline en 1956.
1. Mensonge : « Pour lutter contre le régime soviétique, il faut dire la vérité ». (Soljenitsyne) c.f. feuille « La langue de bois soviétique »
Jakobson : A et B communiquent (poésie)
Martinez : les mots vont prendre la place du contenu (langue de bois). Il n’y a plus de réel, juste une forme sans contenu, l’équivalence parfaite entre la forme et le contenu serait donc l’idéal : transparence référentielle. A chaque mot correspond un sens et un seul.
Armelle Groppo : Accusation réciproque du mensonge. Celui qui accuse l’autre de mensonge est toujours celui qui détient la vérité.
2. Pathologie du langage : Alain Besançon « d’un côté il y a la langue humaine, de l’autre la surréalité ». Kolkhoze (mot faux) transformé en vrai donnerait : «plantation servile, sous la conduite d’une bureaucratie et sous la surveillance d’un système de répression» (…).
Cadavre exquis : (c.f. feuille avec tableaux) Simulation de ce qu’ils pensent être le discours en langue de bois. On peut donc vraiment raconter n’importe quoi à condition de connaître les règles !
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Chers collègues | La réalisation des devoirs du programme | nous oblige à l'analyse | des conditions financières et administratives existantes |
D'autre part | la complexité et le lieu des études des cadres | accomplit un rôle essentiel dans la formation | des directions de développement pour l'avenir |
de même | l'augmentation constante de quantité et d'étendue de notre activité | nécessite la précision et la détermination | du système de la participation générale |
Cependant n'oublions pas que | la structure actuelle de l'organisation | aide à la préparation et à la réalisation | des attitudes des membres des organisations envers leurs devoirs |
Ainsi | le nouveau modèle de l'activité de l'organisation | garantit la participation d'un groupe important dans la formation | des nouvelles propositions |
La pratique de la vie quotidienne prouve que | le développement continu des diverses formes d'activité | remplit des devoirs importants dans la détermination | des directions d'éducation dans le sens du progrès |
Il n'est pas indispensable d'argumenter largement le poids et la signification de ces problèmes car | la garantie constante, notre activité d'information et de propagande | permet davantage la création | du système de formation des cadres qui correspond aux besoins |
Les expériences riches et diverses | le renforcement et développement des structures | entrave l'appréciation de l'importance | des conditions d'activité appropriées |
Le souci de l'organisation mais surtout | la consultation avec les nombreux militants | présente un essai intéressant de vérification | du modèle de développement |
Les principes supérieurs idéologiques mais aussi | le commencement de l'action générale de formation des attitudes | entraîne le procès de restructuration et de modernisation | des formes d'action. |
Impossible de faire un résumé d’un texte de ce genre, la charge informative est quasiment nulle.
Tous ces gens là font une confusion radicale entre deux choses à savoir la langue et le discours (et la parole).
Langue : outil du discours
Discours : matrice où l’on trouve par exemple le discours socialiste, féministe, écologiste, etc.
Parole : énoncé
Les deux phrases appartiennent à la langue(elles sont «grammaticales», mais une est conforme au discours des années 1920 et pas l’autre. Un discours est donné dans des conditions données :
1) La démocratie socialiste est mille fois plus démocratique que la démocratie bourgeoise.
2) La démocratie socialiste n’est pas mille fois plus démocratique que la démocratie bourgeoise.
Avec cette opposition on va se sortir de l’idée simpliste qu’il y a une langue du vrai et une langue du faux.
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