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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Masaccio, 1425

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

année 2007-2008,

Prof. Patrick SERIOT / Alexander SCHWARZ

Séminaire de Master / Bachelor-3

(printemps 2008, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Linguistique nazie / linguistique stalinienne

08 avril 2008

 compte-rendu de Tania Grasso et Caroline Schlich

 

SEMANTIQUE ET ETYMOLOGIE 

La transparence référentielle et la pureté du corps

  

Nous allons discuter aujourd’hui le fait que les langues sont objets d’amour et cause de souffrance. Cette affirmation diffère radicalement de ce que nous apprenons à l’école, à savoir que les langues sont uniquement un instrument de communication. L’article du jeudi 3 avril, tiré du journal « Le Monde » nous en donne un bon exemple : les Grecs refusent aux Macédoniens le droit de s’appeler « Macédoniens », seuls les Grecs du Nord peuvent le faire (et par conséquent la Grèce a posé son veto à l'admission de la Macédoine dans l'OTAN). Cela rend compte du conflit de frontière entre les deux pays, mais nous permet surtout de nous poser la question suivante : « Qu’y a-t-il dans un nom ? »[1]. Est-ce la propriété intrinsèque d’une personne, d’un territoire, etc ? Le problème ici est le rapport entre les noms et les choses : est-il arbitraire ou non ? Ce sont des querelles de sémiotique, mais choisir un point de vue ou l’autre a des conséquences fondamentales. Soit on pense la sémiotique dans la direction de l’exemple suivant : « Stat rosa pristina nomine ; nomina nuda tenemus. », soit on risque d’en arriver à de la sémantique fantastique.

 

Les principes de la sémantique fantastique :
1)    Pas de forme sans contenu
2)    Toute forme a un contenu et un seul
3)    L’arbitraire du signe est inacceptable
4) Toute ressemblance de forme correspoind à une similitude de contenu.

Dans la linguistique fantastique, le signifiant a clairement une nécessité à son signifié. Pourtant, c’est uniquement lorsque le signifiant n’a pas de nécessité à son signifié qu’il y a possibilité de parler d’inconscient, de rêves, de lapsus, etc. Sinon, tout est déjà « planifié ». La linguistique fantastique nous dit qu’il n’y a pas de ressemblance des mots au hasard. L’étymologie est la science du sens vrai. Il y a de plus une fascination pour l’autochtonisme, comme les exemples suivants nous le démontre : les Slovènes disent avoir peuplé l’Europe parce que voda (=eau) se retrouve dans « Bodensee », « Baden » et « Budapest » et parce que log «(=plaine) se retrouve dans « Lugano », « Lugendorf » et dans « Lochen ». Le but est de démontrer l’ancienneté d’un pays par la langue, qui devient alors métalangage. Un autre exemple est celui de la Russie qu’on retrouverait dans Roussillon et dans Etrusque.

La théorie du complot : tout ce qu’on vous a raconté est mensonge. Vous vous trouvez du côté des « bons », mais les « méchants » sont plus forts. Un « génie solitaire » est donc nécessaire pour trouver la solution ou où se trouve le vrai caché du faux. Un exemple concernant cette théorie se trouve dans ce que M. B. Mitrižič, avec son décodage sur le vrai nom des slaves, nous propose.

 

Equivalents de l’étymologie populaire : réinterprétation des mots ou renversement de l’idée de « forme » interne du mot.

Exemples :
1)    l’évier → le lavier
2)    pilule opiacée → pilule à pioncer
3)    Sauerkraut → choucroute

Quel est le rapport entre le langage et la pensée ?  Platon, dans son dialogue Le Cratyle disserte sur un rapport soit conventionnel, soit naturel entre le langage et la pensée. Cette interrogation était à la mode au Vème siècle avant Jésus-Christ à Athènes car tout le monde s’interrogeait sur la rectitude ou la justesse des noms. Platon donne la parole à Socrate qui, lors d’une de ses promenades, rencontre Cratyle et Hermogène qui sont en train de se disputer pour savoir si le rapport aux choses est conventionnel ou naturel. Socrate va trancher pour eux, mais il est nécessaire d’expliquer tout d’abord en quoi diffèrent leurs points de vue respectifs.

Cratyle (thèse naturaliste) :  rapport nécessaire entre choses et noms

-       est naturel
-       est une correspondence totale

→ chaque objet a reçu une « dénomination juste » qui lui revient de manière naturelle

Hermogène (thèse conventionnaliste) : pas de rapport nécessaire entre choses et noms

-       conventionnel
-       dépend de l’arbitraire des hommes, des coutumes, etc

→ chaque objet a reçu une « dénomination juste » qui lui revient de manière conventionnelle

Le symbolisme phonétique

Le son /r/ nécessite un mouvement pour être prononcé correctement ; ceci fait donc penser à un bruit ou un courant ® couler, courant.

« Tous ces mots là, l’auteur des noms les rend expressifs au moyen du son /r/ : il voyait. Je suppose, que c’est sur cette lettre que la langue s’arrête le moins et vibre le plus. »

Les sons /ph/, /ps/, /s/ et /z/ se prononcent par une aspiration, un souffle, une agitation® vibrer, froid.

La « signification » des noms communs

Ex. : étymologie d’affinité. Ex.: σῶμα ‘corps’ = σῆμα ‘signe’ / ‘tombeau’

‘corps’ = ‘signe’, ‘tombeau’

Le corps est à la fois le signe et le tombeau de l’âme. Donc le mot σῶμα est juste et bien trouvé

Socrate n’adhère pas à l’affirmation de Protagoras : « L’homme est la mesure de toute chose. »

-       c’est une théorie individualiste de la connaissance, qui se fonde sur l’apparence
-       c’est une mauvaise thèse ontologique : absence de permanence de l’être au-delà de l’apparence.

Socrate le faux arbitre

 Comment parle-t-on du langage en Grèce à l’époque de Platon ?

a)    Grammaire

 × apprentissage élémentaire de la lecture et de l’écriture

× lecture commentée des poètes

b)    Spéculations sur les lettres

Pourquoi étudie-t-on la grammaire à Athèmes au Vème siècle ?

× adoption de l’alphabet phénicien (analyse du flux sonore en éléments et non plus en syllabes)

× fixation récente par écrit de la poésie

Pourquoi étudie-t-on l’étymologie ?

× séparation et identification des mots ambigus

× critère de cette division pour identifier le mot = ce qu’on appellera plus tard « étymologie »

Le but de Socrate :

× ramener toute la culture de son époque à ses origines

× il ne propose pas de retrouver le « vrai nom »

Hermogène : les signes entièrement arbitraires réalisent mieux que les autres l’idéeal du procédé sémiologique.

La position de Socrate :            ×les mots peuvent être mal formés,

                                                ×la malformation est originaire,

                                                ×la langue parfaite n’a jamais existé,

×l’onomaturge (celui qui a nommé les choses), dès l’origine a pu se tromper,

solutions :                                    ×il dit n’importe quoi (thèse arbitraire)

                                                ×dès qu’il les voit, il sait, il les reconnaît

Cette erreur est inacceptable pour Hermogène et Cratyle : tous les noms sont justes.

Conclusion

Les humains souffrent :

× de la division entre les langues (c.f. épisode de la Tour de Babel dans lequel Dieu a multiplié les langues comme châtiment). Cette histoire laisse croire qu’au début il n’y avait qu’une seule langue.

 ×entre les mots et les choses

×entre les hommes et les femmes

« Les langues, imparfaites en cela que plusieurs, manque la suprême. » (Mallarmé)

 Mais quelle est la suprême ? pour lui c’est la poésie ; en retrouvant le nom qui va se mettre à la place de la chose.

 L’idéal utopique de la langue est la non-langue, comme l’idéal utopique de la société est une délivrance définitive de toute division :

-       la société sans classes
-       la race pure et sans mélange
-       le corps sans parasite-       le corps enfin délivré de la souffrance de la séparation et donc du désir : idéal de la mort.

 



[1] Tiré de Romeo and Juliet  « What’s a name? That which we call a rose. By any other name would smell as sweet.” Un point de vue clairement arbitraire entre le rapport des noms et des choses.

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