Les grands syntacticiens de l’école marriste (I. Meščaninov, S. Kacnel’son, mais pas N. Marr lui-même) ont, à la suite de A. Potebnja, élaboré une théorie de l’évolution typologique stadiale des schémas de la proposition, où la structure ergative (qui caractérise de nombreuses langues parlées en URSS) joue un rôle clé, comme passage vers l’étape finale qu’est la structure nominative des langues indo-européennes. Or l’existence en russe de très nombreuses structures « impersonnelles » et les différentes tentatives pour leur donner une place dans la typologie stadiale fonctionnent comme un révélateur à la fois de l’immense travail accompli par ces linguistes et de la difficulté que pose une vision évolutionniste des schémas syntaxiques.
On étudie ici l’histoire des présupposés philosophiques et idéologiques nécessaires à l’élaboration de la typologie syntaxique stadiale en URSS, à partir du cas concret des structures impersonnelles, et du rejet de cette conception par J. Staline en 1950.