Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres Section de langues slaves, Option linguistique Année 2008-2009, Prof. Patrick SERIOT Séminaire de licence / Bachelor-3 |
(automne 2008, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)
La langue et les spéculations sur l'identité collective dans la linguistique en pays slaves
Prof. Patrick Sériot, avec la participation d’Elena Simonato, Ekaterina Velmezova, Sébastien Moret et Tatjana Zarubina
30 septembre 2008 : Ethnos et demosBIBLIOGRAPHIE
compte-rendu par Tatjana Zarubina
LANGUE/DISCOURS
Pourquoi l’opposition langue/discours est-elle nécessaire ? Pour mieux comprendre cette distinction, il faut se rappeler du personnage de Humpty-Dumpty (Alice au pays des merveilles) qui nous montre que le sens des mots n’est pas dans le dictionnaire mais il se construit. Et ce sont les gens qui construisent le sens des mots. Si on reprend la définition du discours de Michel Pêcheux, « le discours est ce qui doit et peut être dit dans des conditions de production et d’interprétation données ».
NATIONALITE/CITOYENNETE
Il faut bien distinguer les notions de nationalité, de citoyenneté car leurs analogues en russe sont extrêmement différents. Par exemple, l’idée que la France est un état multinational n’est pas acceptée car il n’y a pas de composantes ethniques, et pour la France la définition de nation en France se base sur l’idée que 1 état =1 nation. La différence avec le terme français de nationalité est qu’il ne correspond pas au terme russe de национальность. On peut traduire nationalité par ethnie en russe mais on ne trouve toujours pas une correspondance complète.
Il est impossible de donner une définition à la национальность car ce sont des discours qui construisent le sens de ce mot.
Les mêmes non-correspondances concernent le mot allemand Volk et le mot français peuple.
Selon les néo-humboldtiens (Léo Weisgerber) le Volk≠le peuple. Mais ils mettent la différence dans un déterminsme linguistique strict. Or le mot peuple (Volk) peut avoir deux sens : sens romantique, dans ce cas un peuple≠un autre peuple ; ou un sens social ou le peuple est opposé à la bourgeoisie. Dans ce cas il s’agit d'une prise de position idéologique et pas de sémantique lexicale.
Si l'on reprend la notion de nation, on peut voir que dans le manifeste du Parti communiste l’appartenance à la classe est supérieure à celle de la nation. En ce qui concerne les austro-marxistes, ils pensent qu’il est possible de garder le multnationalisme, le choix libre de la nationalité car elle dépend du lieu d’habitation. Pour les austro-marxistes il y a une appartenance à la nation par la langue mais jamais par le territoire, tandis que pour Staline il faut une communauté de langue, de territoire, du développement économique et de conscience psychique. Tout cela veut dire que la frontière entre « eux » et « nous » est une frontière discursive.
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