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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2008-2009,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3

(automne 2008, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

La langue et les spéculations sur l'identité collective dans la linguistique en pays slaves

Prof. Patrick Sériot, avec la participation d’Elena Simonato, Ekaterina Velmezova, Sébastien Moret et Tatjana Zarubina

 

28 octobre 2008 : La question du macédonien

compte-rendu par Layla Clément

Rappel des deux modèles antithétiques du rapport langue/nation/état.

 -       Romantisme (Fichte, Herder) : La nation précède l’Etat

-       Contractualisme (Rousseau avec le Contrat sociale, Montesquieu) : L’Etat précède la nation. La nation résulte d’un acte fondateur.

 Le cours se propose de répondre à plusieurs questions : Faut-il que les langues aient un nom ? Les gens parleraient-ils différemment si leur langue n’avait pas de nom ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire ce n’est pas évident et ni nécessaire d’avoir un nom à sa langue. Pourtant les noms portent une importance politique importante et sont sources de conflits. On voit par exemple que les Grecs ont refusé que la Macédoine entre dans l’OTAN parce qu’ils considéraient le nom Macédoine comme grec et pensaient donc disposer d’un certain droit d’exclusivité sur celui-ci. Les Grecs ont donc imposé le nom de Former Yugoslav Republic of Macedonia (FYROM).

L’exemple du macédonien met en avant les conflits liés à la langue et les contradictions qui en résultent. Les Serbes et les Bulgares considèrent tout deux que le macédonien est à eux. Les Serbes pensent que le macédonien est du serbe, les Bulgares pensent que le macédonien est du bulgare, tout en soutenant que le serbe et le bulgare n’ont absolument rien à voir. Cela rejoint l’idée vue dans un cours précédent du continu et du discontinu. La langue se situe dans le continu et il est difficile de tracer une frontière précise.

Avec le Traité de Versailles (1919), il y a une volonté de tracer des frontières correspondant aux langues. Plusieurs linguistes sont envoyés sur place pour essayer de  les délimiter le plus précisément possible. Or, en comparant ces cartes on remarque que les frontières varient énormément d’une carte à l’autre. Certaines sont plus pro-Bulgares en donnant plus de poids à la langue bulgare, alors que d’autres sont plus pro-Grecs en donnant plus d’importance au grec. Malgré l’intention de produire un résultat scientifique, les frontières varient selon le point de vue. Le résultat est qu’elles se chevauchent et qu’il devient impossible de délimiter des frontières claires. On voit bien que ce sont les noms qui font les choses et pas l’inverse.

Une langue n’est pas une chose qui préexiste mais une pratique sociale. En effet, sur un même territoire on peut avec des gens qui parlent des langues différentes suivant le contexte d’utilisation (maison, administration). Suivant les lieux et les époques, les noms n’ont pas la même signification. Par exemple pour certains, « bulgare » désigne des paysans et non pas le peuple bulgare ou les gens parlant le bulgare. Le nom n’est donc pas la preuve de la chose.

Chacun a des arguments qui contredisent ceux des autres. La comparaison fait éclater le discours de la singularité. On peut prendre comme exemple le macédonien et le bulgare. En macédonien, il y a les particules то, во, но alors qu’en bulgare il n’y a que les particules то et во. Les Bulgares disent alors que les Macédoniens sont encore plus bulgares qu'eux, qu'ils sont plus authentiques, plus purs, car ils ont une particule de plus. Les Macédoniens, eux, disent que les particules ne sont pas les mêmes, que ce sont deux donc langues totalement différentes et que le macédonien n'a rien à voir avec le bulgare. On voit donc que la langue, la construction d’une langue, d’une littérature est le produit d’un travail d’élaboration intellectuelle à des fins politiques.

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