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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2008-2009,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3

(automne 2008, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

La langue et les spéculations sur l'identité collective dans la linguistique en pays slaves

Prof. Patrick Sériot, avec la participation d’Elena Simonato, Ekaterina Velmezova, Sébastien Moret et Tatjana Zarubina

 

11 novembre 2008. Sébastien Moret : L’espéranto: langue de tous?  Langue de personne? Langue d’un groupe ?

compte-rendu par Emily Wright

De la confusion des langues qui, selon la Genèse (11, 1-9), suit la construction de la tour de Babel et la décision de Dieu de mettre fin à l’union universelle, découle l’idée que le multilinguisme est une punition de Dieu.

Dès lors quelle solution peut-on trouver afin que tous les hommes se comprennent ? L’on cherche une langue avec une orthographe phonétique qui soit à la fois accessible et simple.

Trois possibilités s’offrent donc à nous :

1) Utiliser une langue vivante ; mais toutes comportent un certain nombre de difficultés et les personnes qui la parleraient déjà seraient privilégiées.

2) Réutilisation d’une langue morte

3) Créer une langue artificielle (a-priori avec un choix de mots aléatoire ou a-posteriori avec un choix de mots répandus, qui se retrouvent d’une langue à l’autre)

Dans l’histoire de la création des langues artificielles, Drezen, un espérantiste soviétique, distingue deux périodes : du VIIe au XVIe siècle, où il y a très peu de tentatives et du XVIIe au XXe, où près de 500 projets prennent naissance, mais dont l’existence est souvent très brève et ne connaît pas de postérité après la mort du créateur. Descartes et Leibniz, au même siècle, ont une idée de langue philosophique universelle. Descartes parlait d’une langue dont la structure même permettrait de vérifier ce qui était juste ou faux.

 

Les deux projets de langues artificielles qui ont eu le plus de succès

Entre 1879 et 1880, le révérend Johann Martin Schleyer crée le volapük, qui se base sur l’anglais, mais dont les racines ont subi tant de transformations qu’elles en sortent méconnaissables. Schleyer veut des racines monosyllabiques, une alternance consonne/voyelle/consonne et une absence du « r » qui est trop difficile à prononcer pour les Asiatiques. A la fin du XIXe, le volapük (de l’anglais world+speak) connaît son heure de gloire, mais son fondateur s’étant toujours opposé aux changements, l’évolution de la langue est relative.

Lazare Louis Zamenhof (1859-1917) crée l’espéranto dans l’espoir d’une fraternité universelle. Juif de Pologne, il a l’intention de « réconcilier » les Polonais, Russes et Allemands de sa ville natale, puis l’humanité entière, par la création de cette nouvelle langue dont le premier congrès s’ouvre en 1905.

Cette langue se base sur l’utilisation de 16 règles de grammaire, une liste de préfixes et de suffixes, l’alphabet latin avec un ajout de quelques signes diacritiques, l’utilisation de l’accusatif et un système verbal simple. Zamenhof a toujours laissé la possibilité pour des changements qui amélioreraient sa langue.

Les gens se sont opposés pour ou contre l’espéranto et l’idéal de fraternité sur lequel cette langue se basait n’a pas empêché des schismes de se produire : le premier a lieu au début du XXe siècle, quand certains espérantistes proposent une version améliorée de l’espéranto appelée ido, ce qui entraîne une division parmi les espérantistes. Le second a lieu après la victoire du communisme en URSS, ce schisme politique divise les partisans et opposants de la politisation de l’espéranto.

La France met dans les années 1920 des obstacles au développement de l’espéranto dans le pays par crainte de le voir briser le lien langue/nation. Mais les persécutions les plus vives ont lieu en Allemagne nazie, où l’origine juive de Zamenhof et la popularité de la langue à ce moment-là en Union soviétique pousse Hitler, en 1939, à interdire cette langue en Allemagne.

En Union soviétique, l’espéranto connaît deux phases : le soutien et intérêt officiels dans les années 1920, lorsque Lénine avec son idée de révolution mondiale encourage l’intercommunication entre ouvriers, puis la persécution dans les années 1930, où Staline prêchant le nationalisme réprimande cette possibilité d’ouverture et fait exécuter les leaders espérantistes. L’espéranto réapparaît en Union soviétique dans les années 1960-70.

 

Conclusion : L’espéranto devait être la langue de tout le monde, mais s’est révélée être la langue d’un groupe, et souvent aussi la langue de l’ennemi. Cela peut s’expliquer par le caractère neutre de la langue voulu par son créateur : en étant la langue de personne par définition, l’espéranto a fini par devenir la langue de tout le monde. Il est apparu à la mauvaise place au mauvais moment, dans un monde où l’on ne voulait pas d’un tel concept. Aurait-il eu plus de succès s’il était apparu de nos jours ? L’utilisation de l’anglais comme langue universelle nous prouve que le monde a besoin d’une langue universelle.





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