Si la fin du XIXème siècle a vu se multiplier les inventions de langues universelles, au contraire au début du XXIème siècle on assiste à une multiplication de nouvelles langues d'Etat en Europe balkanique et orientale. Ces nouvelles langues sont l'aboutissement d'une idéologie romantique pour qui l'équation langue = nation est un dogme fondateur.
Mais le discours sur la langue en Europe balkanique et orientale actuelle ne se laisse pas résumer à un principe romantique. Certains courants, parfois en marge de la science officielle, parfois en son centre, exhument d'étonnantes théories, à la fois fantastiques et populaires, ayant pour base le refus du modèle de divergence des langues à partir d'un ancêtre commun. Cette «crypto-linguistique», reposant sur un autochtonisme radical, travaille la plupart du temps par décomposition-recomposition morphématique d'une langue par une autre lui servant de métalangue, dans le but de prouver l'ancienneté et la primauté de la langue de la «nation» à laquelle on appartient.
Mais le «nouveau paradigme» n'est pas si nouveau, puisqu'on en trouve facilement des traces en Europe dès la Renaissance, puis au XVIIIème siècle et au XIXème, par exemple en France.