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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2009-2010,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(automne 2009, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Московско-тартуская семиотическая школа

Prof. Patrick Sériot, avec la participation de Ekaterina Velmezova et Tatjana Zarubina

 

 22-е сентября 2009 г.

Compte-rendu par Laetitia Valiquer

 

La transparence du signe

 

Dans cette première séance, nous nous sommes penchés sur le problème du rapport entre les noms et les choses en se posant la question du caractère arbitraire ou non du signe. Deux postulats peuvent être avancés, soit le rapport entre le signifié et le signifiant est arbitraire, soit, au contraire, et comme le souligne la sémantique fantastique, l’arbitraire du signe est irrecevable. Pour cette dernière, il n’y a pas de forme sans contenu et toute forme a un contenu et un seul. Le rapport entre le signifié et le signifiant ne serait donc pas un hasard. Ainsi, par le biais de l’étymologie, les Slovènes auraient peuplé l’Europe, car le mot « voda » (« eau » en slovène, mais également dans plusieurs autres langues slaves !) se retrouve dans « Bodensee », « Baden », « Budapest » ou encore les Suisses seraient un peuple solaire, car le mot Helvètes rappelle le mot grec « Helios » (soleil).

 Au Vème siècle av. JC, à Athènes, l’alphabet phénicien est adopté, la poésie homérique est fixée par écrit : des difficultés de lecture et d’interprétation émergent, car c’est une écriture majuscule, continue, sans espaces, non ponctuée ; lire s’apparente plus à un déchiffrement et les ambiguïtés, causées par l’écriture, sont légion. Ce qu’on nommera plus tard l’étymologie permet d’identifier les mots équivoques. A l’époque de Platon (428-348 av. JC), le langage se base sur la spéculation sur les « lettres », ainsi que sur la grammaire, qui reposait sur l’apprentissage élémentaire de la lecture, de l’écriture, et sur la lecture commentée des poètes.

 Platon discute dans le Cratyle du rapport conventionnel ou naturel des choses et des mots. Le problème fondamental de ce dialogue est la rectitude des noms ou la justesse des noms, une thématique qui suscite un vif engouement à Athènes au Vème siècle av. JC. Le Cratyle met en scène Cratyle, Hermogène et Socrate. Cratyle et Hermogène ont tous deux un point de vue divergent sur le lien entre les mots et les choses. Hermogène propose une thèse conventionnaliste : la relation entre les mots et les choses est conventionnelle, découle de l’arbitraire des hommes et des coutumes. Chaque objet a reçu une « dénomination juste » qui lui revient par simple convention. La thèse d’Hermogène est à la source d’une tradition qui mènera jusqu’à Saussure. Quant à Cratyle, qui avance une thèse naturaliste, le lien entre les mots et les choses est naturel, a une correspondance absolue. Chaque objet a reçu une « dénomination juste » qui lui revient selon une convenance naturelle.

Socrate s’oppose à Hermogène en réfutant l’arbitraire des mots et s’oppose à Cratyle en soulignant que les mots ne peuvent pas se poser comme guide fiable pour connaître les choses.

 Selon Socrate, les noms sont des instruments dotés d’une certaine « nature », pour enseigner les choses, mais ils sont faillibles, les mots peuvent être mal formés, la malformation est originelle et la langue parfaite n’a jamais existé. Les mots mal formés ont bel et bien été mal formés et n’ont pas été altérés avec le temps. En effet, l’onomaturge, celui qui a fabriqué les mots, a pu se tromper dès le départ, une erreur qui n’est tolérée ni par Cratyle, ni par Hermogène, car pour eux tous les noms sont justes. Les noms qui ne sont pas justes ne peuvent pas être considérés comme des noms. Socrate n’adhère pas à la théorie de la justesse des noms, car ce n’est pas des noms qu’il faut partir pour atteindre la connaissance des choses, mais des choses elles-mêmes.

 Ainsi, les hommes souffrent de la division :
- entre les langues qui est à rapprocher du mythe de la tour de Babel, lorsque Dieu confond ou plutôt multiplie les langues
- entre les mots et les choses
- entre les hommes et les femmes

 Pour Mallarmé, « les langues, imparfaites en cela que plusieurs, manque la suprême » (Crise de vers, 1886). Toutes les langues sont imparfaites. La langue parfaite, qui représente un idéal utopique, serait la non-langue, tout comme une société sans classe, de race pure, sans mélange et sans division incarnerait un modèle social utopique.

(Platon, vu par Raphaël)

 Annexe : un extrait de wikipedia

Кратил (Платон)

 
«Кратил» или О правильности имен: решаемая Платоном проблема данного диалога — могут ли имена служить познанию вещей. Тема эта и поныне весьма актуальна. Само появление этого диалога свидетельствует, что синонимикой, семантикой и этимологией стали заниматься еще в античные времена.

В диалоге «Кратил» принимают участие три собеседника: Сократ, Гермоген и Кратил

 Композиция диалога

0.I. Вступление (383 — 384e)

0.I. Критика теории условного происхождения имен, т. е. субъективизма в учении о языке (385 — 391a)

0.II. Вопрос о правильности имен (391b — 427c)

0.III. Критика релятивизма в учении об именах (428e — 438f)

0.IV. Заключение. Гносеологические выводы из предложенной выше теории имен (438e — 440e).

 

БИБЛИОГРАФИЯ

- GENETTE Gérard : Mimologiques. Voyage en Cratylie, Paris : Seuil, 1976.
- JOSEPH John : Limiting the Arbitrary: Linguistic Naturalism and its Opposites in Plato's Cratylus and Modern Theories of Language, Amsterdam and Philadelphia : John Benjamins, 2000. [BCU : ling. 800.1 // UMA 83116]
- PIERSSENS Michel : «Le signe et sa folie : le dispositif Mallarmé / Saussure», Romantisme, n° 25/26, 1979, p. 3-34.
- RIJLAARSDAM VON JETSKE C. : Platon über die Sprache : ein Kommentar zum Kratylos (mit einem Anhang über die Quelle der Zeichentheorie F. de Saussures, Utrecht : Bojn, Scheltema & Holkema, 1978.


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