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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


В.Н. Волошинов (1895-1936)

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2009-2010,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(automne 2009, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Московско-тартуская семиотическая школа

Prof. Patrick Sériot, avec la participation de Ekaterina Velmezova et Tatjana Zarubina

 

24-е ноября 2009 г.

Конспект лекции Alisa Steinhauser

Séminaire d’Inna Tylkovski : «Идеология» у В. Волошинова / «культура» у Ю. Лотмана : один знаковый подход

 

Il s’agit d’un travail sur la notion d’ « Idéologie » chez Volochinov et celle de « culture » chez Lotman. Ce deux notions partagent une même approche sémiotique. Peut-on y voir une continuation d’idées ? Face à ces deux termes, datant de deux époques différentes (les années 20-30 pour le premier et les années 60-80 pour le second), il est judicieux de s’intéresser aux théoriciens marxistes qui ont essayé de définir l’un ou l’autre.

 Question de départ : Quelle est la source de la notion de culture ? Elle est à déduire de l’histoire des idées en Russie.

 - Il y a d’abord le terme « idéologie » pris comme synonyme de « culture » (sans inclure la composante sémiologique), mais ayant l’avantage de ne pas paraître bourgeois. Marx et Engels ensemble définissent « l’idéologie » comme une reconstruction et interprétation fausse du monde, qui permettrait à une classe au pouvoir de dominer la société. Il s’agit, selon Marx (seul) d’une superstructure.  Engels quant à lui oppose marxisme et « iéologie ». Pour lui, elle est la force motrice inconsciente responsable des changements historiques.

 Lénine, lui, définit « l’idéologie » comme le système d’idées d’un groupe défini, permettant le rassemblement pour la lutte sociale.

 Plekhanov (1856-1918), premier à introduire le marxisme en Russie, admet une synonymité d’ « idéologie » et « culture », et estime qu’il y a une pluralité, puisqu’il s’agit d’un phénomène prenant source dans la réalité quotidienne.

 Aleksandre Bogdanov (1873-1928)  estime qu’il s’agit de la conscience sociale comportant tout ce qui régit la vie sociale. Les signes (verbaux, coutumes, etc.) véhiculent des normes communes. La parole est, selon lui, l’instrument de l’organisation de la société, autant par sa forme orale que par sa forme intérieure (pensée). Ceci exclut toute conscience individuelle. L’homme est caractérisé par sa faculté de communiquer ce qui lui arrive (sentiments, expériences, connaissance…).

 Boukharine (1888-1938) distingue l’ « idéologie » de la superstructure et de la psychologie. Pour lui, l’ « idéologie » est un produit spirituel. Une idéologie sociale se fige, se matérialise (livres, architecture, etc.), s’accumule et se transmet. Il définit séparément le langage et la culture, parlant de culure spirituelle, terme probablement emprunté à Tylor (1832-1917).

Chez le psychologue Rejsner, l’ « idéologie » est une réaction à l’environnement par des réflexes verbaux symboliques. Ils conditionnent la société et servent de stimulant social.

 Pour Sorokine, un sociologue, il s’agit de l’ensemble des représentations, convictions, etc. et leurs extériorisations.

 En 1930 Valentin Nikolaevič Vološinov (1895-1936) définit le terme d’  « idéologie » comme l’idée de ce qui est cristallisé dans la vie de tous les jours, comme une superstructure et l’expression de la position d’une classe (idée empruntée à Lénine). Selon lui les signes sont matériels, sous forme de symboles ou images qui déforment ou non la réalité. Tout ce qui relève de l’idéologie a une valeur sémiotique. Le mot, signe par excellence est étudié sous un angle sociologique, puisque constituant la base et le moyen de toute communication sociale. Les changements sociaux sont fixés dans le langage et peuvent s’étudier à travers les textes. C’est là l’origine de l’idée de « culture » (terme de Lotman) en tant que domaine sémiotique, puisqu’indissociable du domaine verbal.

 

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