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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2009-2010,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(automne 2009, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Московско-тартуская семиотическая школа

Prof. Patrick Sériot, avec la participation de Ekaterina Velmezova et Tatjana Zarubina

 

 13-е октября 2009 г.

Конспект лекции Charline Franz

 Советская интеллигенция и оттепель : 60-е годы  

L'URSS des années 1950-1960: « dégel » et « stagnation »

 

            Secrétaire général du Parti communiste de l'union Soviétique depuis la mort de Lénine, Josef Staline dirige l'URSS d'une main de fer jusqu'à sa mort, le 5 mars 1953. La nouvelle est accueillie avec beaucoup d'émotion. Alors que certain pleurent « le petit père du peuple » et ne peuvent concevoir l'avenir sans lui, d'autre se réjouissent de la disparition du sanglant dictateur.

Au sein du Parti, le bataille pour sa succession fait rage. Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev en sort vainqueur, il occupe la fonction de premier secrétaire de Parti communiste d'URSS de mars 1953 à octobre 1964. Dès son arrivé au pouvoir, Krouchtchev mène une politique dite de "déstalinisation". Le 24 février 1956, lors du XXe Congrès du Parti communiste de l'URSS, Krouchtchev prononce un discours («секретный доклад») , dans lequel il dénonce le culte de la personnalité instauré par son prédécesseur et les répressions sanglantes dont il a été l'instigateur.

L'URSS entre alors dans une nouvelle aire, le « dégel » (оттепель) qui se caractérise par:

-       réapprovisionnement relatif des magasins

-       affaiblissement de la censure dans les domaines de la presse, du cinéma, de la littérature et du théâtre. On remarque aussi l'apparition de nouvelles revues littéraires dont la célèbre Novij Mir qui publie des ouvrages jusque là interdits.

            En octobre 1964, Khrouchtchev est remplacé à la tête du Parti communiste de l'URSS par Léonid Illitch Brejnev qui met fin à la période dite du « dégel » et fait entrer l'URSS dans une nouvelle ère,  dite de la  « stagnation ». La fin des années 1960 est très mouvementée, que ce soit dans les pays communistes ou dans le reste de l'Europe. Alors que le « Printemps de Prague » est écrasé par les chars soviétiques (1968), Paris et les grandes capitales de l'Europe de l'ouest sont envahies par le mouvement estudiantin de « mai 68 ». Ils revendiquent un monde moins conservateur, plus socialiste mais aussi pour la liberté individuelle,  artistique, sexuelle... Alors que la jeunesse occidentale vit une révolution dans l'euphorie et de bonheur, la jeunesse soviétique vit une période dramatique et voit ses espoirs de « socialisme à visage humain » brisés.

            Le rapport à la politique se développe alors de façon très différente dans les deux blocs: en Europe de l'ouest on discute des problèmes sociaux et l'on se passionne pour la politique qu'on à l'impression de pouvoir influencer. En URSS, au contraire, la politique est une sphère très obscure et lointaine, on lui préfère largement la littérature ou la poésie.

 

Le structuralisme

            Le « Structuralisme » se développe principalement dans trois grandes villes : Genève (Saussure), Prague et Copenhague.

En 1916, trois ans après la mort de Ferdinand de Saussure, deux de ses collaborateurs publient le « Cours de linguistique générale », ouvrage qui présente ses idées. L'Europe étant en pleine guerre mondiale, le livre passe inaperçu à sa sortie. Il faut attendre  les années 1920 pour que l'ouvrage soit diffusé et étudié plus largement. Beaucoup de linguistes font alors l'erreur de penser que Saussure a développé une sociologie du langage. Or ce n'est pas son propos, ce qu'il y a de révolutionnaire dans ce livre, c'est qu'il présente la langue comme un système!

            S'il est considéré comme révolutionnaire, c'est parce qu'il va à l'encontre de la théorie des néogrammairiens (positivisme) qui domine le monde de la linguistique depuis la moitié du XIXs jusqu'à la Première Guerre Mondiale. La linguistique (néogrammairienne, positiviste) se développe sur l'idée qu'il y a un nombre défini de sons, que l'on peut étudier et classer. Le développement des technologies, en particulier du grammophone en ce qui concerne la linguistique, remet en cause les connaissances et certitudes. En effet, dans le domaine de la linguistique, on découvre que chaque son est unique, personne ne prononcera jamais deux fois de façon identique un même son. Tout le système s'effondre!  C'est alors que Nicolaï Troubetzkoy fonde la morphophonologie qui règle ce problème: ce qui importe c’est la différence/le rapport entre les sons et non  le son lui même; c'est la relation qui est importante et non les éléments en eux-même.

            On peut aisément illustrer cela à l'aide de l'exemple suivant: dans la langue française classique du XVIII siècle, le terme « ici » désigne « là où se trouve le sujet parlant », alors que « là » désigne un lieu distant. L'évolution de la langue a conduit à une « mutation » du sens de ces mots qui ont perdu la caractérisation qu'ils avaient un siècle plus tôt. Selon une logique grammairienne, cela pose un problème car cela signifie que l'endroit désigné par le passé par le terme « là » n'existe plus!!! Les structuralistes montrent qu'en réalité le relation « ici - là » existe toujours à travers la relation des mots.

 

 

=>La  relation reste, les objets peuvent changer, le terme, la matière est sans importance, ce qui compte c'est la différence. Le terme lui-même n'a pas d'importance c'est la relation qu'il a avec les autres qui l'est.

Tartu

            L'université de Tartu est fondée en 1632. La langue d'enseignement est exclusivement l'allemand puisque toute la bourgeoisie est issue de l'émigration allemande. En 1721 la ville est intégrée à l'Empire russe sous le nom de Derpt et, cas rare, le tsar autorise que l'allemand soit conservé comme langue d'enseignement. L'institut slave se développe et devient un centre réputé. Après une courte période d'indépendance (1918-1945), l'Estonie tombe sous domination soviétique. Le gouvernement veut russifier cette région et cherche des russophones pour des postes de professeurs dans les universités.

            Diplômé de l'Université d'État de Saint-Petersbourg en philologie, Youri Lotman, issu d'une famille juive, ne parvient pas à trouver un poste académique en raison de l'antisémitisme ambiant de l'après-guerre. Correspondant, en revanche, au profil souhaité à Tartu (il est russophone), Lotman y est engagé comme professeur d'histoire de la littérature russe en 1954. En parallèle, il crée son propre cours de sémiotique et développe des théories linguistiques d'un grand intérêt scientifique. De nombreux linguistes de Moscou et Saint-Petersbourg se rendent à Tartu pour développer avec lui ses théories sur la sémiotique.

 

 

 

 

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