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Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres Section de langues slaves, Option linguistique Année 2009-2010, Prof. Patrick SERIOT Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master |
(printemps 2010, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)
Le naturalisme dans les sciences humaines en Russie
Prof. Patrick Sériot, avec la participation de Ekaterina Velmezova et Tatjana Zarubina
-- 9 mars 2010 : La frontière impossible entre l'Est et l'Ouest dans les représentations sur la langue
Compte-rendu par Laetitia Valiquer
En 1784, Sir William Jones identifie la ressemblance, qui ne peut être due au hasard, entre le sanskrit, le grec et le latin et émet l’hypothèse que ces langues ont un ancêtre commun, l’indo-européen.
En 1861, Auguste Schleicher (1821-1868) tente de reconstituer le proto indo-européen à l’aide d’un arbre généalogique des langues : ces dernières évoluent par divergence et par arborescence. (Parallélisme avec la biologie).
Toutefois, certains faits ne correspondent pas au modèle de l’arbre généalogique, par exemple l’arménien est similaire au géorgien sur certains points (structure ergative de la proposition), ce qui pose problème.
Apparition de contre-modèles :
-Hugo Schuchardt (1842-1927) remet en cause l’arbre généalogique. Selon lui, il y a bien des divergences, mais des étapes déjà séparées peuvent se « rencontrer » à nouveau. La langue n’est pas une chose, mais une activité humaine : « Die Sprache ist ja kein Ding, sie ist eine menschlische Betätigung». (S. 528).
-Johannes Schmidt (1843-1901), linguiste allemand, élabore la théorie des ondes avec Schuchardt (modèle diffusionniste) : les langues résultent d’une diffusion à partir de centres linguistiques différents. Les transformations/variations linguistiques, telles des ondes, se répandent d’un centre donné vers la périphérie, puis rencontrent de nouvelles variations linguistiques, ayant formé d’autres ondes.
-Nikolaj Marr (1864-1934) utilise le modèle typologique stadial : les langues passent toutes par les mêmes stades typologiques. L’arbre typologique de Marr est une alternative explicite de l’arbre généalogique.
La frontière impossible : la place du russe dans la famille Indo-européenne
-A.F. Hilferding (1831-1872) : deux mondes
Le russe est une langue de l’Europe de l’Est de deuxième génération, alors que les langues romanes, germaniques, celtes modernes, le grec moderne et l’albanais sont des langues vivantes de troisième génération. Selon Hilferding, la langue slave se rapproche plus du sanskrit que des langues européennes occidentales.
-V.I. Lamanskij (1833-1914) : trois mondes
Le russe appartient au monde du Milieu qui se distingue de l’Europe proprement dite (monde romano-germain, catholico-protestant) et de l’Asie proprement dite (monde asiatique, « non chrétien »). Le slave a un rapport de proximité avec les langues aryennes orientales (sanskrit, iranien), les langues aryennes orientales et occidentales (germanique, celte, latin) sont éloignées les unes des autres. Quel est le rapport entre le slave et les langues aryennes occidentales ?
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