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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Leo Weisgerber (1899-1985)

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2009-2010,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(printemps 2010, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Le naturalisme dans les sciences humaines en Russie

Prof. Patrick Sériot, avec la participation de Ekaterina Velmezova et Tatjana Zarubina

 

 -- 4 mai 2010 : Le néo-humboldtianisme : les structures de la langue déterminent-elles les structures de notre pensée? Pensée occidentale vs pensée orientale.

Compte-rendu par Habib Saliou-Diallo                                                           

Aujourd’hui nous avons abordé la question de la relation entre la structure de la langue et la structure de la pensée. Cela est une des questions les plus controversées dans la linguistique des 19e et 20e siècles.

 Les chercheurs américains Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf dans les années 1920-30 prônent un relativisme ethnolinguistique, influencés par des idées de Wilhelm von Humboldt. Sapir donne une classification  des langues amérindiennes et essaie de montrer les rapports entre langue et culture. Whorf souligne que la traduction peut avoir des conséquences catastrophiques en vue des particularités des langues et les ethnies qui les empruntent. 

L’ethnolinguistique présuppose un relativisme linguistique par lequel la langue détermine la pensée de celui qui né dans une telle collectivité linguistique ou une autre. Il y a donc autant de « pensées » qu’il y a langues. Pour les langues occidentales, des « pensées » sont unifiés dans une mentalité « Standard Average European ».

La position du relativisme ethno-linguistique a pu aller ,en Allemagne au début du XXème siècle, jusqu'à considérer dangereux d’apprendre une langue étrangère ou d’être bilingue, car cela entraine un conflit psychologique et identitaire.

En Allemagne dans les années 1920 et 1930 des penseurs comme Leo Weisgerber proposent des termes comme « Weltbild »(image du monde) pour expliquer le rapport entre pensée et langue. Ils expliquent aussi que chaque langue possède ses propres champs sémantiques. Les représentants d’une langue ont une vision du monde unique à leur propre culture et langue.

L’écrivain anglais George Orwell écrit le roman 1984 en 1948. Dans ce roman Orwell montre une tentative d’emprisonner le peuple dans une langue nouvelle où chaque mot ne possède qu’un seul sens.

Viktor Klemperer (1881-1960), juif allemand, a tenté de montrer que le pouvoir Nazi a imposé leur idéologie sur la langue.

Des penseurs comme l’anthropologue Lewis Morgan (1818-1881) et le sociologue Friedrich Engels (1820-1895) ont développé une eschatologie évolutionniste des cultures. Les étapes par lesquelles les sociétés évoluent sont aussi marquées par les changements dans leurs langues. Pourtant, il est essentiel que ces sociétés et leurs langues se développent d’une manière successive.

Actuellement en Russie on remarque une tendance néo-humboldtienne, notamment chez les linguistes A. Wierzbicka et M. Golovanivskaya. Elles affirment que la pensée particulière et originale d’un peuple se reflète dans les particularités de sa langue. Ses particularités linguistiques nous montrent des traits de caractère national, tels que le fatalisme, l’esprit collectiviste et autres. Il est important de noter que Weisberger avait écrit la même chose dans les années 1930, et le néo- humboldtianisme reprend la même terminologie et utilisent les mêmes exemples qu’avait utilisés Weisberger. De plus, dans les travaux néo-humboldtiens le caractère national est toujours présenté comme chose positive, romantique et belle.

 

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