Depuis qu'E. Benveniste a écrit que «c'est dans et par le langage que l'individu se constitue comme sujet», de multiples malentendus se sont fait jour autour de la question de savoir si le «sujet parlant» est un individu qui, outre le fait d'être un individu, parle, tout comme il marche ou dort, ou bien si c'est du fait même qu'il parle qu'il devient sujet. Toute l'opposition entre la pragmatique et la théorie de l'énonciation repose sur cette double approche de la subjectivité dans le langage : le sujet est-il source ou produit du fait qu'il parle?
Un champ d'exploration encore peu exploité s'ouvre avec une perspective comparative. Il va s'agir de traiter de la question de la subjectivité dans le langage à partir de la comparaison de deux auteurs : V. Voloshinov (Marxisme et philosophie du langage, Leningrad, 1929) et E. Benveniste (chapitres rassemblés sous le titre "L'homme dans la langue", Problèmes de linguistique générale, I, Paris, 1966). Cette comparaison devrait déboucher sur une réflexion autour des notions de «tradition linguistique» (Europe de l'Ouest / Europe de l'Est) et de «subjectivité», ainsi que sur la place de la linguistique dans les sciences humaines dans l'après-structuralisme.