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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2010-2011,

Prof. Patrick SERIOT / Anastasia FORQUENOT DE LA FORTELLE

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(automne 2010, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Forme et contenu dans la culture russe

 

28 septembre 2010

Compte-rendu par Martina Pestoni

5 octobre 2010 – La place de la relation forme / contenu dans la culture russe. De l'iconoclasme au marxisme-léninisme.

1)    Glossolalies

Dans le contexte des religions du livre, une des questions centrales est celle de savoir comment parler à un Dieu unique avec plusieurs langues sans tomber dans l’hérésie.

Le jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint est descendu sur les apôtres, pour qu’ils puissent ensuite répandre son mot. Les apôtres se sont donc mis à « parler en langues ». Il y a différentes interprétations pour expliquer cela :

-       Soit ils se sont mis à parler en langues qu’ils n’ont jamais appris à langues réelles

-       Soit ils se sont mis à parler dans une langue inexistante, pour transcender la question de la langue

-       Soit ils se sont mis à parles dans des pseudo-langues

Cela est l’expression d’une frustration, d’une souffrance, un obstacle à la communication directe.

Xénoglossie vs Glossolalie

Xénoglossie : parler une langue étrangère que nous n’avons jamais apprise.

Glossolalie : le « parler en langues », pour communiquer avec le Saint Esprit. Ce type de parler extatique permet de transcender l’obstacle et de passer à la communication directe. Cette façon de parler est utilisée notamment dans les sectes charismatiques (par exemple chez les Pentecôtistes aux Etats Unis). Certains membres tombent en transe et ils parlent une langue sans sens pour entrer en contact avec le Saint Esprit.  (Attention : les glossolalies ont toujours été refusées par les Eglises.)

Glossopoïese : les faiseurs de langue. Hildegarde de Bingen (1098 – 1179) a par exemple inventé une langue, en constituant un glossaire et un alphabet (en effet, au lieu de proférer des mots, elle les écrivait).

Le spiritisme : cela consiste en entrer en communication avec les esprits via un médium. Cette pratique était très à la mode à la fin du 19e siècle. Elle a les mêmes principes que le chamanisme, où la communication est faite à travers un chamane.

Aspect linguistique : plus le sens est opaque, plus il est sensé déboucher sur quelque chose de plus transparent. Donc, est-ce que l’absence de sens n’est pas un sens en elle-même ?

La plus extrême opacité a pour objectif une transparence supérieure.

2)    L’iconoclasme

La querelle des images.

Le problème est le suivant : si nous adorons une image, sommes-nous des hérétiques ?

Les iconoclastes détruisent les images, car, selon eux, adorer les images est une forme d’idolâtrie. Ils s’appuient sur le deuxième commandement pour justifier leur position.

Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; […] (Exode 20: 4)

Selon les iconodoules, par contre, l’image n’est pas une représentation : elle est la présence effective de l’énergie du divin. à La coupure entre signifiant et signifié est niée. Le signe est le représenté. L’icône est l’incarnation visible du divin invisible.

Pour justifier la non-idolâtrie, on utilise le dogme de l’incarnation.

Dieu a une double nature, homme et divin, unie sans être fusionnée.

A Byzance, au 8e siècle, on détruit les images et on persécute les moines. Cette situation est identique lors de la Reforme protestante en occident. Selon les iconoclastes, si on représente le Christ, on le mutile, car c’est impossible de représenter sa nature divine. Pourtant, en le représentant, on sépare ses deux natures, et donc on le limite. Pour les iconoclastes, la seule icône admissible est l’eucharistie.

Au Concile de Nicée, on restore les icones pour la première fois. On dit que l’icône permet de voir l’invisible (tout comme le signe permet de voir la pensée).

La relation au signe marque profondément la culture russe.

à Contre l’arbitraire du signe

àLien «indissoluble» entre le signe et la chose, entre la forme (l’expression) et le contenu, entre la langue et la pensée

La manipulation des images : si on élimine le signe, on change la chose signifiée.

La perte du lien directe entre signe et représenté est vu comme un scandale. En Russie, au début du 20e siècle, il y a une rupture radicale dans les expressions artistiques.

-       Musique – Stravinski

-       Peinture – Malevitch

-       Poésie – futurisme

Encore une fois, il y a l’idée qu’à travers l’opacité on peut arriver à un sens plus direct, plus transparent.

BIBLIOGRAPHIE

- BESANCON Alain : L'image interdite, Paris : Fayard, 1994.
- GOODY Jack : La peur des représentations,Paris : La Découverte.

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