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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2010-2011,

Prof. Patrick SERIOT / Anastasia FORQUENOT DE LA FORTELLE

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(automne 2010, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Forme et contenu dans la culture russe

 

12 octobre 2010

Compte-rendu par Mélody Regamey

Goethe et sa pensée de la forme

Définition de la morphologie :

Goethe (1749-1832) définissait la morphologie comme l’étude des formes et de leur classement. Selon lui, cette étude était une science propre à l’homme.

Goethe et la philosophie :

Goethe éprouvait une certaine appréhension par rapport à la philosophie. Il ne ressentait pas le besoin, ni la nécessité de l’utiliser lorsqu’elle misait sur la division. Cependant, il considérait qu’elle pouvait avoir une utilité et être appréciable si elle réunissait et permettait de sublimer le sentiment de faire un avec la nature.

Goethe appréciait le principe de la philosophie kantienne selon lequel la création de systèmes se fait sous certaines conditions et qu’il existe des frontières que l’homme ne peut pas dépasser. Pour Goethe, comme pour Kant (1724-1804), il fallait miser sur l’expérience et l’observation (donc l’induction) et non pas sur la déduction pour expliquer les phénomènes naturels. Or, lorsque Goethe expose à Schiller (1759-1805) sa vision de la « plante symbolique », ce dernier lui démontre qu’il n’a pas utilisé l’expérience et l’observation pour définir sa « plante symbolique » mais qu’il s’agit en fait simplement d’une idée.

A la mort de Schiller, Goethe retourne vers la philosophie pré-kantienne : il travaille alors sur les textes de Spinoza et de Plotin. Goethe puise sa perception de la pensée de la forme dans les écrits de Plotin (IIIe siècle). Ce dernier reprit les dialogues de Platon et en fit une synthèse sous la forme de traités.

Plotin expose dans son traité le concept platonicien de la forme interne (to endon eidos). Ce terme apparait pour la première fois au Ve siècle av. J.-C. et sert à décrire l’aspect visible du malade afin de juger de son état interne.

En grec et dans la philosophie platonicienne, il y a un parallèle entre ce que l’on voit ou l’aspect (eidos) et la chose vue (idea).

Mais selon Platon, dans sa théorie des Idées, qui peut être définie comme la contemplation des choses vues, (IVe siècle av. J.-C.), les idées sont invisibles. Ainsi les hommes tiennent les choses visibles pour vraies, mais seuls les philosophes savent que ce que nous voyons ne sont que des copies des vraies Idées, visibles uniquement à l’œil de l’âme, la raison. Il y a donc une contradiction entre le terme utilisé et le concept de l’Idée.

Le but de la philosophie semble donc être de voir l’invisible.

Ce concept peut également être appliqué à l’art et par conséquent être lié à l’idée de la beauté. La beauté terrestre est imparfaite et sert donc de rappel de la Beauté parfaite. Cette dernière est la forme interne et se doit d’être simple. Plotin, qui s’étend plus sur la beauté que Platon, oppose donc la forme externe, corporelle et multiple (matières, couleurs) qui est imparfaite à la forme interne et simple. Ainsi dans sa forme interne et cachée, l’art possède une beauté supérieure à sa forme externe. Cette dernière est due à la résistance de la matière sous les doigts du vrai artiste, qui peut concevoir en lui la forme interne mais qui ne peut la sculpter. Ainsi l’aspect ne rend pas la pensée de l’artiste.

Goethe traduit l’idée développée par Plotin depuis les concepts platoniciens. Selon lui, il est possible de considérer une chose sous sa vraie beauté quand on retrouve sa forme interne dans sa forme externe, donc quand elle se libère de sa matérialité. Alors forme externe et interne ne font plus qu’un et la forme externe enrichit la forme interne.

De plus et à l’inverse d’Aristote, Goethe croyait en l’idée que le semblable est connu par le semblable, donc que le connaissant doit être semblable au connu. Par exemple, il en déduit, en ce qui concerne Dieu, qu’il y a en l’homme une partie de Dieu, sinon l’homme ne pourrait pas percevoir le divin.

L’importance de l’observation et de la morphologie:

Goethe était un grand observateur et pensait que la contemplation était une création. Ainsi, il ne fallait rien chercher derrière les phénomènes (~ les choses qui se montrent), car ils sont eux-mêmes la doctrine. Pour Goethe, la forme interne est dans l’esprit qui contemple et il existe une unicité entre le sujet (~ celui qui contemple) et l’objet (~ la chose contemplée).

De plus et comme vu précédemment, il définissait la morphologie comme l’étude des formes et de leur classement et elle était caractéristique de la nature humaine.

La doctrine des couleurs :

Goethe est mondialement connu pour être un poète mais beaucoup moins pour son activité scientifique. Il a consacré trente ans de sa vie à l’étude et l’écriture de la théorie des couleurs (Farbenlehre), œuvre d’environ 2000 pages qui traite de la lumière et de ses composantes, qui ne sera cependant jamais reconnue par le monde scientifique.

Pour comprendre la conception de Goethe, il faut avoir compris la vision qu’il avait de la philosophie, de l’importance de l’observation et par conséquent de l’unicité. Comme cité précédemment, la division détruit et empêche la compréhension des phénomènes naturels. Ainsi il ne faut pas chercher des moyens artificiels pour percevoir la lumière mais utiliser nos yeux, qui sont les plus aptes à comprendre celle-ci. En effet, ce sont eux qui la saisissent le mieux et de la façon la plus naturelle, puisque l’homme est une émanation de l’Un, tout comme le monde, et que leur évolution est simultanée. Ainsi, les yeux et la lumière forment une unité, étant donné qu’ils proviennent de l’Un et qu’ils évoluent ensemble.

Pour Goethe, la connaissance se définit comme la rencontre de l’acte et du sens. Il y a toujours corrélation entre l’acte de la pensée et ce qu’on obtient de cet acte (exemple : souvenir => le souvenir ; rêver => le rêve). Si les sens existent en corrélation avec l’acte, ils doivent donc être semblables.

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