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Centre de recherches en histoire et épistémologie comparée de la linguistique d'Europe centrale et orientale (CRECLECO) / Université de Lausanne // Научно-исследовательский центр по истории и сравнительной эпистемологии языкознания центральной и восточной Европы

Séminaire du CRECLECO, aud. 5093, 17h15-18h45h

-- 5 avril 2011 exposé de Sylvain AUROUX (CNRS, Paris, Laboratoire d'histoire des théories linguistiques) : «Linguistique et philosophie du langage : identité et différence» (conférence organisée par le CLSL)



Résumé :
La philosophie, comme la science, se donne pour but la construction de connaissances c’est-à-dire la réponse rationnelle à des problèmes bien définis. Il y a science lorsque les problèmes trouvent une solution. La philosophie affronte des problèmes non-saturés (qui n’ont pas de réponse en un nombre fini d’étapes) ; elle les sature à l’aide de problématiques qui permettent d’aboutir à une solution. La multiplicité des problématiques impose la multiplicité des solutions. Lorsque les conditions de résolution changent et que certains problèmes se trouvent saturés, la philosophie est tout simplement remplacée par la science.

Dans une science quelconque un certain nombre de thématiques ne peuvent être problématisées. Du coup, il n’y a pas de solution de continuité entre science et philosophie. Cette perméabilité affecte différemment les disciplines en fonction de leur histoire. Il en va de la linguistique comme de toute science. L’organe mental de Chomsky n’est ni une hypothèse falsifiable empiriquement par la linguistique, ni un élément stable du savoir.

La question essentielle est de savoir jusqu’à quel point cette continuité entre science et philosophie affecte le savoir lui-même. Autrement dit quel est l’impact des énoncés irrémédiablement philosophiques ? Peut-on localiser leurs effets, compte tenu de l’absence de solution de continuité ? Peut-on admettre que dans certains cas les effets sont nuls ou « neutralisés » et qu’il existe dans toute discipline des « noyaux de rationalité » relativement indépendants ? Où peut-on trouver des noyaux de rationalité en linguistique ? Quel intérêt aurait une discipline sans noyaux de rationalité ? Quelles sont les limites du holisme épistémologique ?