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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2010-2011,

Prof. Patrick SERIOT / Anastasia FORQUENOT DE LA FORTELLE

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

27 septembre 2011

Compte-rendu, par Camille Zanarelli

1. Introduction à la problématique (A. de la Fortelle)

Les slavophiles (словянофилы) et les occidentalistes (западники): Comme leur nom l'indique, les slavophiles vont œuvrer pour une valorisation de la culture slave (en particulier la culture russe), ce qui va impliquer une fermeture des frontières du pays. Quant aux occidentalistes, ils sont pour une imitation de l'Occident donc pour une ouverture.

La naissance du débat: Le débat nait explicitement au 19ème siècle (ce qui ne veut pas dire qu'il n'existait pas auparavant!) suite à la question du destin de la Russie. Quelle voie pour la Russie? Deux solutions se présentaient: soit imiter l'Occident, soit trouver sa propre voie. Cette question reste d'actualité de nos jours, elle se renouvelle continuellement. C'est une problématique éternelle et cruciale.

Ses origines: Le débat tire ses origines dans la passé historique de la Russie, à partir du fardeau du joug mongolo-tatare. La Russie est coupée du monde durant 300 ans et prend beaucoup de retard. Suite à sa libération, ce ressenti va pousser aux révoltes et aux réformes, car pour rattraper ce retard afin de rivaliser avec les autres pays il faut des changements.

1812: Les guerres napoléoniennes. Les Russes sont allés jusqu'à Paris et ont découvert l'Europe. Le retour en Russie est rude, car ils se rendent compte clairement du retard de leur pays qui a encore un fonctionnement féodal et une économie peu ou pas développée.

1825: La révolte des Décembristes. Les aristocrates russes demandent à Nicolas I (1825-1855, successeur de Alexandre Ier 1801-1825) une réforme de la société. Défaite tragique de ces derniers et début du règne extrêmement autoritaire où la censure est reine.

1855-56: Guerre de Crimée. Défaite de la Russie et remise en question du pays

1861: Abolition du servage (Отмена крепостного права)

1836: "Première lettre philosophique" de Tchaadaeïv qui lance le débat intellectuel, même si tous ses prémisses avaient préparé le terrain. Nicolas I le déclare fou, ce qui aura pour effet de créer un bloc d'opposition

4 époques de crises afin d'observer la régularité du débat:

1) Pierre le Grand: nouvelle forme sociale et étatique, création du Grand Empire russe en miroir à l'Occident

2) Alexandre II: guerre de Crimée, défaite de la Russie et grande remise en question

3) 1917: révolution d'Octobre, le nouveau régime communiste en rivalité avec l'Occident

4) Défaite de la guerre froide

2. La Russie et la notion de "personne" (T. Zarubina)

Les thèmes principaux que l’on retrouve dans les discussions entre slavophiles et occidentalistes sont ceux de la Russie (de son destin et son histoire) et de la « personne » (личность) (du rapport de la personne et de la société). Cependant, le problème central que l’on rencontre est l’absence totale de base philosophique, le seul domaine de réflexion est le développement historique de la Russie. La question du destin de la Russie devient centrale justement à cause de cette absence de base philosophique, de l’idéologie de l’époque et de la lettre de Tchaadaeïv (que l’on peut considérer comme un acte quasi « terroriste » !). Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’opposition Russie-Europe est une production de l’époque de Nicolas I et sa politique de fermeture des frontières. Les slavophiles et les occidentalistes ne vont que développer le débat.

Les textes programmatiques apparaissent dans les années 1838-39, bien avant ceux des occidentalistes, avec des auteurs comme K. Aksakov, A. Xomjakov et I. Kireevskij. Quant aux occidentalistes, nous avons comme principaux représentants : A. Herzen, V. Belinskij, T. Granovskij. Cependant, le respect entre les deux groupes est maintenu ; les occidentalistes reconnaissent la priorité des slavophiles. Selon Herzen, le « tournant de la pensée russe » tire bien ses origines de la réflexion des slavophiles. C'est donc bien dans les années 30 que se met en place le débat mais ce sont dans les années 40 que les thèmes se cristallisent et où les discussions sont les plus passionnées. Ces deux camps vont au fur et à mesure crée le topos de la Russie (le Janus russe de Herzen) et les représentations de l’Occident : la Russie est vue comme un monde patriarcal, vivant mais anhistorique, avec une conscience collective (paradigme organique explicite). L’Occident, comme un monde dynamique mais qui va vers le déclin, n’ayant que la valeur de l’individualisme (paradigme organique implicite). Les deux camps sont d’accord sur le fait qu’il existe deux types de société :

1.                 La primauté de la commune, de la collectivité dans la constitution de la société (Russie)

2.                 La primauté de la « personne » dans la constitution de la société (Occident)

Les deux camps divergent dans les interprétations de ces deux postulats : pour les slavophiles, la Russie a un culte de la commune et est un monde vivant, harmonieux et organique régis par les normes de la Vérité et de la morale communément acceptée. L’Occident est un monde de conflit, régis par les lois. Pour eux, l’individualisme est la cause de la séparation des gens et des conflits. Quant aux occidentalistes, c’est exactement l’inverse ! La commune et le monde patriarcal sont dépassés, et la collectivité opprime la « personne ». En Occident, la « personne » est libre, car c’est un monde de liberté et de justice.

Ce sont dans les années 60 que le débat sur la « personne » prend de l’importance. Pour les deux camps la « personne » est un problème uniquement social posé comme un postulat. Les deux courants sont plutôt concentrés sur les aspects éthiques et religieux. Et pour terminer, pour tous les deux la « personne » entretient un lien organique avec le peuple. Le différent est quant à la primauté de la collectivité ou de la « personne » pour un bon développement de la société. Les slavophiles veulent comprendre la « conscience russe », ainsi que son expérience historique et spirituelle. Les occidentalistes veulent développer la « personne », son autonomie et sa conscience, ainsi que cultiver la « personne » libre.

Bibliographie

- Западничество и славянофильство — две линии в русской культуре

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