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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Петр Чаадаев (1794-1856)

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2010-2011,

Prof. Patrick SERIOT / Anastasia FORQUENOT DE LA FORTELLE

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(automne 2011, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Slavophiles et occidentalistes: cultures scientifique et culture littéraire

4е октября 2011 г. Compte-rendu par Elena Drozdova

1) П. Чаадаев

2) Лингвогеографический образ России в представлениях славянофилов и евразийцев

 

P. Čaadaev (1794-1856), fut un grand intellectuel (мыслитель) qui dans ses Lettres philosophiques fit remarquer pour la première fois le problème de la position de la Russie dans le monde occidental.

Avec le soulèvement des Décembristes (le 14 décembre du 1825), les gens se demandaient : Почему у нас не как на западе?

Čaadaev écrit ses Lettres en français, qui à l’époque était la langue de l’intelligentsia et des aristocrates ; seulement les slavophiles parlaient tout le temps russe (même en famille). Après la publication de ses Lettres, Čaadaev fut déclaré fou, les autorités étaient très contrariées par ses opinions critiques. Sous le règne de Nicolas I une réaction si extrême n’était pas trop étrange, le tsar après la révolte des Décembristes voulait absolument éviter une autre révolte et appliquait une censure très sévère sur tout type de production intellectuelle.

Après 1812 (Campagne de la Russie contre Napoléon) trois questions identitaires se posent :

- Кто мы такие?
- Что делать?                                
- Кто виноват?

Le problème, dans ces questions, comme dans les Lettres philosophiques de Čaadaev, est le sujet « Мы » (nous) qui peut être inclusif et en même temps exclusif.

Мы : toute la Russie / le peuple russe / les intellectuels (car seulement eux pouvaient lire ces Lettres)

Autre problème qui se pose : Qui n’est pas « nous » ? Dans ce cas on ne peut pas seulement dire « tous les autres », parce que par exemple Čaadaev ne s’intéresse pas aux Chinois, il s’intéresse seulement aux occidentaux. L’autre est aussi défini avec des pensées évolutionnistes (à partir de la philosophie des Lumières : l’homme sauvage, moins avancé que « nous ») : on arrive à une hiérarchisation des peuples « autres ». On remarque que dans les Lettres de Čaadaev il y a une forte tension entre universalisme et évolutionnisme.

                                                            Russie ≠ Europe

            La Russie a eu une évolution différente de l’Occident.

L’idée qui revient le plus dans les Lettres c’est que la Russie est le négatif des « autres », elle est en retard. Elle est exclue du modèle évolutionniste : la Russie n’est rien, elle est en dehors de l’universel (c’est-à-dire le monde catholique).

Sous Alexandre I l’aristocratie russe était influencée par le catholicisme. L’orthodoxie est une religion césaro-papiste : le patriarche (autorité religieuse) et l’empereur (autorité politique) sont très liés, les Eglises sont autocéphales (on a une Eglise officielle par nation) ; tandis que le catholicisme est universel puisqu’on a un pape indépendant du pouvoir temporel.

Le Schisme d’Orient entre les deux religions (1054) : le problème du « filioque ».

Charlemagne voulut modifier un passage du texte sacré, « Spiritus sanctus a patre filioque procedit » le mot « filioque » fut ajouté par Charlemagne : Constantinople ne fut pas d’accord, ils pensaient être les seuls descendants de l’Empire romain et n’acceptaient pas qu’on modifie les mots de Dieu, on remarque ainsi l’importance accordé à la langue dans le monde orthodoxe, qui voit la Bible comme une communauté avec Dieu.

A partir du Schisme de 1054 les « Russes » n’étaient plus accrochés à l’évolution des Occidentaux.

Les Lettres de Cˇaadaev peuvent sembler un manifeste occidentaliste, mais on peut l’interpréter aussi du point de vue des slavophiles : retard contre singularité = occidentalistes contre slavophiles. Čaadaev se trouve entre les deux points de vue.

Place de la langue russe par rapport au ‘monde’ : ou se trouve la frontière entre les deux ? Existe-t-elle ?

(voir présentation Power Point). 

 


BIBLIOGRAPHIE

- Alexandre KOYRE : «Russia's Place in the World. Peter Chaadaev and the Slavophils», The Slavonic Review, vol. 5, n° 15, March 1927, p. 594-608.

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