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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Константин Сергеевич АКСАКОВ

1817-1860

Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2010-2011,

Prof. Patrick SERIOT / Anastasia FORQUENOT DE LA FORTELLE

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(automne 2011, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Slavophiles et occidentalistes: cultures scientifique et culture littéraire

18е октября 2011 г. Compte-rendu par Fanny Meyer

1.     Présentation : K. Aksakov (1817 – 1860)

K. Aksakov est un essayiste, un linguiste, un poète et un historien russe. Il est l’un des idéologues de la pensée slavophile. Son père était un écrivain connu et son frère est également un des leaders des slavophiles. K. Aksakov n’est pas un personnage comme les autres, il choque ses contemporains déjà par son habillement et son style vestimentaire. Il s’habille bizarrement, invente un «costume slave», mais ilest incompris de ses contemporains, les gens dans la rue le prennent pour un Turc…

Aksakov aime la langue russe dans sa spécificité et dans son rapport à la russisté. Deux problématiques en ressortent. Aksakov se pose la question de savoir

(1)  Comment se forme la langue russe

(2)  Quelle est son rapport avec les autres langues.

Texte «О русских глаголах»

Il a comme idée fixe que la langue russe est unique, ainsi que la nation russe. Par ailleurs, la grammaire des langues européennes qui est utilisée pour expliquer la grammaire russe déforme la langue russe.

Les verbes russes sont particuliers : ils n’ont pas de temps, mais ils soulignent la qualité de l’action (не КОГДА, но КАК). Cette formation des verbes russes laisse apercevoir le caractère de l’âme russe, qui s'intéresse à l'essence profonde des choses, et non à leur aspect superficiel.

Selon Aksakov, Lomonossov s’est trompé dans sa grammaire russe : ce dernier explique qu’il y a six voix : actif – passif – moyenne – réfléchie – réciproque – générale à cette séparation n’est pas formelle, mais sémantique. Aksakov, lui, sépare les voix en deux, car selon lui, Lomonossov et les autres se sont appuyés sur l’Europe et ses grammaires pour cette explication. Cette séparation d’Aksakov est formelle : les verbes en –ся et ceux sans –ся.

Il y a trois niveaux dans les verbes :

(1)  Générale (неоднократная) : двигать

(2)  Semelfactif (однократная) : двинуть

(3)  Itératif (многократная) : двигивать

Aksakov regarde la langue russe avec les lunettes des slavophiles. Il considère qu’on peut trouver les réponses à tout «chez nous». Ce n’est pas seulement du patriotisme, mais il faut s’éloigner de l’Europe, et ne pas prendre ses théories.

Ø  Quelle est cette spécificité slavophile ?

Les verbes symbolisent le mouvement, alors que les noms sont de l’immobilité. Nous retrouvons ici la dialectique d’Hegel : toute la vie est un mouvement constant, basé sur une trinité thèse + antithèse = synthèse. On peut donc dire qu’Aksakov s’appuie sur la dialectique d’Hegel lorsqu’il donne 3 niveaux, moments hiérarchiques dans les verbes russes. Il applique cette dialectique à la grammaire russe.

Ø  Le verbe est-il hiérarchiquement supérieur au nom ?

Il y a un rapport vie / mort, comme chez les Romantiques allemands. Ils se situent contre le rationalisme des Lumières et la philosophie de Descartes (donc des Français du XVIIIe siècle, siècle classique). Les Romantiques allemands sont contre l’universalisme et se préoccupent au contraire du particularisme. Pour les linguistes allemands, il ne faut plus utiliser la grammaire latine pour expliquer la langue allemande.

Aksakov veut lui aussi étudier la langue grâce aux caractéristiques / catégories propres à cette langue. Il s’inscrit donc dans cette pensée, logique romantique.

Ø  Pourquoi le verbe est-il obsessionnel chez Aksakov ?

C’est le mouvement, et le mouvement, c’est la vie, c’est le dynamisme. Le verbe est donc plus important que le nom. C’est l’opposition entre mécanique vs vitaliste : création artificielle de la vie (Frankenstein) donne toujours des catastrophes, alors que le romantisme est pour une philosophie de la nature, le modèle mécanique n’est pas adopté, il faut donc un modèle dynamique, vitaliste.

Théorie de la connaissance

Idéal d’une adéquation entre l’objet à connaître et la méthode de la connaissance. (Lénine : la connaissance reflète le réel).

Modèle : 2 définitions : (1) ce qui est imité (2) ce qui imite.

F. de Saussure : signifié / signifiant – langue / parole – le point de vue crée l’objet. Nous ne pouvons pas connaître la réalité telle qu’elle est vraiment : grille de connaissance.

Troubetskoï et Jakobson : phonologie à réduction, utilise les différences de sons que lorsqu’elles ont une différence de sens.

Aksakov : inverse le modèle qui sera un siècle plus tard celui de Saussure.

Conclusion

Ø  Esprit russe peut comprendre les verbes russes (déterminisme).

Ø  Lomonossov (« grammaire russe », 1755 : première grammaire russe en langue vernaculaire) est la cible des critiques d’Aksakov, car Lomonossov imite un modèle allemand, en donnant dix temps aux verbes russes, alors que pour Aksakov, il faut justement arrêter d’imiter.

Ø  La métaphore des lunettes : il faut changer de lunettes pour Aksakov, n’ayons pas peur d'être différents. On ne peut connaître que soi-même, il y a une impossibilité du regard croisé.

Ø  Dans le fonctionnement des verbes russes, il y a une particularité : c’est pourquoi Aksakov pense que les étrangers ne peuvent pas les comprendre, car ils les traduisent à l’aide des temps.

Ø  Pour Aksakov il n’y a pas de formes sans contenu et pas de contenu sans forme. Il s’appuie uniquement sur des formes, et si on a la forme, alors on a le contenu.

Ø  Pour Xomjakov, toute ressemblance, même approximative, a forcément un sens, ce ne peut être le fait du hasard. («Это не случайно!»)


		

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