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Section de langues slaves, option linguistique // Кафедра славянских языков, лингвистическое направление


Univ. de Lausanne, Faculté des Lettres

Section de langues slaves, Option linguistique

Année 2012-2013,

Prof. Patrick SERIOT

Séminaire de licence / Bachelor-3 / Master

(printemps 2013, le mardi de 15 h à 17 h, salle 5093)

Le signe dans la culture russe

Séance du 7 mai : Les mots et les choses. Compte-rendu de Damien Tornincasa

Principes généraux de la théorie du signe

De manière générale, il existe deux manières radicalement opposées de voir le problème. Soit le mot est la chose, soit le mot n’est pas la chose. Ces deux positions se trouvent à différentes époques et dans différents contextes.

La linguistique de la Bible

Dans la Bible, on trouve beaucoup de philosophie du langage. On peut citer trois épisodes fondamentaux :

·      La Genèse : Dieu crée le monde par la parole, par les mots

·      L’imposition des noms : Dieu fait défiler les animaux devant Adam. Ce dernier leur donne à chacun un nom. Adam connaît le nom véritable des animaux car il parle la seule vraie langue.

·      La Tour de Babel : La multiplicité des langues induit l’imperfection et donc la souffrance. Idée reprise par Mallarmé : « Les langues, imparfaites en cela que plusieurs, manque la suprême » (Variations sur un sujet). La multiplicité est synonyme d’imperfection. L’unique solution à cela, pour Mallarmé, c’est la poésie.

Une question qui se pose est la suivante : Est-ce quel le nom de la chose est la chose elle-même ?

Là aussi, on trouve des avis contradictoires.

·      L’article « Qu’y a-t-il dans un nom ». La Grèce refuse que la Macédoine entre dans l’Union Européenne en portant ce nom car il vient du grec. Dans ce cas, la chose est le nom.

·      Roméo et Juliette : « What's in a name? That which we call a rose

By any other name would smell as sweet ».

Une rose reste une rose indépendamment de son nom. Dans ce cas, le nom n’est pas la chose.

Problème de la représentation :

Jose-Luis Borges (1899-1986) montre dans De la rigueur da la science, à travers l’allégorie de la carte à l’échelle 1 : 1, que toute représentation du réelle est incomplète. La meilleure représentation de la réalité, c’est la réalité elle-même.

Le correction des mots : vers la remotivation du signe

·      Le politiquement correct : trouver des euphémismes pour adoucir certaines réalités. Ex. : les « personnes à mobilité réduite » pour « les malvoyants ».

·      L’étymologie populaire : l’ignorance de l’étymologie a comme conséquence le renversement de la forme interne du mot.

Ex. : l’évier => le lavier

La pilule opiacée => la pilule à pioncer

·      Remotivation morphématique : Les serbes et les croates tentent d’avoir le plus grand nombre de mots différents pour se distinguer les uns des autres. Les croates pensent que la langue croate est l’émanation même de l’âme croate, c’est ainsi qu’ils motivent la création de nouveaux mots. Pourtant cela ne fonctionne pas toujours. En effet, les « nouveaux mots », sont en réalité souvent des claques de mots allemands.

·      Transformer l’opaque en transparent :

Ex. : La société => la sauce y était

Idée que toute ressemblance est significative.

·      Faire de l’opaque à partir du transparent : Il s’agit d’opérer une défamiliarisation sur les mots qu’on emploie.

Ex. : quoi qu’il en soit => couac île en soie (San-Antonio).

Similitude entre le nom et la chose

·      Le problème du tabou : l’évocation de la chose à travers le mot revient à sa réalisation concrète.

Ex. : « Ne parle pas de malheur », comme si le simple fait d’énoncer le malheur revenait à le matérialiser.

·      Le problème de la rime

Ex. : « Araignée du soir, espoir

           Araignée du matin, chagrin »

« Soir » rime avec « espoir », « matin » avec « chagrin ». Si ce n’était pas le cas, on n’aurait pas ce dicton. Les mots peuvent donc former la croyance, la pensée.

·      Médecine sympathique : l’analogie de forme = similitude de contenu

Ex. : à l’époque, on pensait qu’une noix pouvait soigner le cerveau (mots de tête par exemple) car la noix ressemble à un cerveau.